Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/230

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une seule qui ne soit obligée de tirer de l’étranger de quoi completter les cargaisons qu’elle destine pour ses établissemens du Nouveau-Monde. Cette nécessité met tous les peuples dans une communication-du moins indirecte avec ces possessions éloignées. Ne seroit-il pas raisonnable d’éviter la route tortueuse des échanges , 8c de faire arriver chaque chose à fa destination par la. ligue Ta plus droite ? Moins de frais à faire ; des consommations plus Considérables ; une plus grande culture^, une augmentation de revenu pour le fisc, mille avantages dédommageraient les métropoles dudroit exclusif quelles s’arrogent toutes à leur préjudice réciproque. Ces maximes sont vraies , solides j, utiles, mais elles ne seront pas adoptées : en voici la raison. Une grande révolution se préparé dans le commerce de l’Europe ; 8c elle est déjà trop avancée ; pour ne pas s’accomplir. Tous lèst gouvernemens, travaillent à sc passer de Tindustrie étrangère : la plupart y ont réussi 5 les autres ne tarderont pas - à s’affranchir de cette dépendance. Déjà les anglois Sc les françois, qui sont les grands manufacturiers de l’Europe, voient refuser de toutes parts leurs,chef-d’oeuvres. Ces deUx peuples, qui font en même temps les plus grands cultivateurs’des ifles, iront-ils en ouvrir les ports à ceux qui les forcent, pour ainsi dire, à fermer’ leurs boutiques ? Plus -ils perdront dans les marchés étrangers, moins ils voudront consentir à la concurrence dans le seul débouché qui leur restera. Ils travailleront bien plutôt à Tétendre , pour y.multiplier leurs ventes, pour en. retirer une plus grande quantité de productions. C’est avec ces retours qu’ils conserveront leur avantage dans la balance du commerce, fans craindre - ,,que í’abondanee de ces denrées les fasse tomber ’ dans T’avilissement. , SEGTIONCIN QU|| ;E ME. Des rapports des colonies des Antilles avec leurs métropoles, & des moyens de conserver ces colonies. Les ifles sont dans une dépendance entière de Tancien monde, pour tous leurs besoins. Ceux qui né regardent que le vêtement, que les moyens de culture, peuvent supporter des délais ; mais le moindre retard dans Tapprovisionnement des vivres, excite une désolation universelle , une sorte d’alarme s qui sait plutôt désirer que craindre l’appfoche de Tennemi. Aussi passe-t^il en proverbe aux- colonies , qu’elles ne manqueront ja mais de capituler devant une escadre, qui, au lieu de barils de poudre à canon, armera ses vergues de barils de farine. Prévenir ; ces inconvéniens, en obligeant les habitans de cultiver póur leur subsistance , ce seroit sapper par les íbndemens Tobjet de Tétablissement,, fans utilité réelle. La’métropole sc priverait d’une grande/ partie, des riches productions qu’elle reçoit de ses colonies , 8c ne les préserverait pas de Tinvasion. En vain efpéreroit-on repousser une descente avec des nègres, qui, nés dans un climat où la mollesse étouffe tous les germes du courage, sont encore avilis par la servitude, 8c he- peuvent mettre aucun intérêt dans le’ choix de leurs mairies. A Tégard des blancs, dispersés dans de vastes habitations , que peuvent-ils faire en si petit nombre ? Quand ils pourraient empêcher une invasion, le voudroient-ils ? Tous les colons ont pour maxime, qu’il faut regarder leurs.ifles comme ces grandes villes de l’Europe, qui, ouvertes au premier occupant, changent de domination fans attaque, fans siège, Sc. presque fans s’appercevoir de la guerre. Le plus fort est leur maître : Vive le vainqueur, disent leurs habitans , à Texemple des italiens, passant Sc repassant d’un joug à l’autre dans une feule .campagne. Qu’à la paix la cité- rentre sous ses premières loix, ou reste sous la main qui Ta conquise, elle n’a rien perdu de fa splendeur,,-, tandis que les places, revêtues de ramparts Sc difficiles à prendre, sont toujours dépeuplées Sc réduites en un monceau de ruines : aussi’,n’y a-t -il peut-être pas un habitant dans TArchipel améri- cain., qui ne, regarde comme un préjugé destructeur , Taudacè d^exposer fa fortune pour fa patrie. Qu’importe à ce cultivateur avide de-quel peuple il reçoive la loi, pourvu que ses récoltes restent fur pied : c’est pour s’enrichir qu’il a passé . . Jes mers ; s’il conserve ses trésors, il a rempli son but. La métropole qui Tabandonne sotvent après Tav’oir opprimé, qui le cédera, le vendra peut-être à la paix, mérite-t-elle toujours le sacrifice de fa vie ? Sans doute, il est beau de mourir pour la patrie. Mais un état où la prospérité de Ja nation est sacrifiée à la forme du gouvernement 5 où Ton veut des esclaves Sc non des citoyens ; où Ton fait la guerre Sc la paix fans consulter ni Tppinion ni le voeu du public ; où les mauvais projets sont toujours concertés par Tintrigue ou.le monopole ; où les bons projets ne sont reçus qu’avec des moyens Sc des entraves qui les font avorter, ne doit pas attendre cet excès de zèle de ses sujets. Les fortifications élevées pour la défense des colonies , né lés mettront pas plus à couvert que le bras des colons, Fussent-elles meilleures, mieux gardées, mieux pourvues qu’elles ne Tont jamais été , il faudra toujours finir par sc rendre , à moins qu’on ne soit secouru. Quand.la résistance des assiégés durerait,au-delà de six mois, elle ne rebuterait pas ^assaillant, qui, Tibre de sc procurer des rafraîchissemeas par mer Sc par terre 3 soutiendra mieux Tintempérie du,climat qu’une garnison ne saurait résister à la longueur d’un siège II n’est pas d’âutre moyen de conserveries iûes^