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janvier 1767, la dette nationale étoit de quatre millions sept cent mille deux cents dix-sept liv. tant en intérêts qu’en longues annuités. Il étoit dû encore une somme de quatre-vingt-cinq mille quatre cents une liv. pour différens intérêts de caitaux dû ou à des fournisseurs, ou à des prêteurs de fonds, ou à la banque, pour l’avance qu’elle fait de la taxe sur les terre & sur la drêche.

Ainsi il paroît, d’après M. Greenvill, que les finances de l’Angleterre étoient chargées au commencement de 1767, y compris la liste civile, de cinq millions neuf cents quatre-vingt douze mille six cents dix-sept liv. ster. ou cent trente-six millions sept cents deux mille huit cents soixante-sept liv. de France ; sans parler de sa dépense courante, tant ordinaire qu’extraordinaire, qui, dans la même année, est évaluée à huit millions neuf cents huit mille sept cents vingt-huit liv. ster. ou deux cents trois millions deux cents vingt-quatre mille huit cents quarante-quatre liv. de France, ensorte que sa dépense totale pouvoit aller à trois cents trente-neuf millions neuf cents vingt-sept mille sept cents onze liv. & qu’elle étoit obligée de consommer cent millions par anticipation.

Cependant à l’époque de la guerre de 1741, la nation ne devoit, suivant les calculs de l’auteur de la Richesse d’Angleterre, (ouvrage in-4o. imprimé à Vienne en 1771, page 78), que quarante millions de livres sterling ; à celle de la guerre de 1755, soixante-onze millions huit cents soixante-dix mille liv. ster. ; en 1763, cent quarante-sept millions neuf cents soixante-quatorze mille liv ; en 1769, sa dette n’étoit plus que de cent quarante-un millions, parce qu’elle avoit remboursé six millions dans les six premieres années qui ont suivi le traité de paix de 1763.

Cette dette s’est accrue d’une maniere effrayante pour l’Angleterre depuis 1773, époque de la guerre avec ses colonies, & dont le feu s’est ensuite communiqué à la France, à l’Espagne & à la Hollande.

Un écrivain anglais a publié à la fin de 1782 les réflexions suivantes, sur l’état de sa patrie & sur la situation de ses finances. On sera à portée de juger en comparant la nature, le nombre & la quotité des impôts qui se levent en Angleterre, avec ceux qui se levent en France, quelle est la nation qui a le plus de raisons de se plaindre.

« On a observé que tout état se ruinoit infailliblement lorsqu’il employoit à la guerre plus de la centieme partie de ses habitans. Nos opérations militaires occupent pour le service actuel, la cinquantieme partie au moins de la population de la Grande-Bretagne. On peut juger combien ce nombre d’hommes enlevés à notre agriculture, à nos manufactures, appauvrit le royaume & accélere sa ruine.

» Rien n’est plus propre à la faire craindre que le tableau des taxes payables à perpétuité, & imposées depuis la guerre. »

TABLEAU A FAIRE