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PRÉLIMINAIRE.

On s’étoit si bien hanitué à regarder l’augmentation numéraire des monnoies comme bénéfice, que, malgré les promesses de n’y pas toucher, on en ordonna une refonte, par édit du mois de décembre 1715. Il s’ensuivit un désavantage si marqué pour notre commerce, que, suivant M. Dutot, dans ses Réflexions politiques sur les finances, page 114, le change qui étoit en notre faveur de 2 1/5 à 4 3/10 pour cent, tomba à 4 4/5 ou 8 4/5 à notre préjudice, ce qui faisoit une différence de 10 pour 0/0.

Nous n’entrerons pas dans le détail de toutes les opérations qui furent faites pour ranimer le crédit de l’Etat, pour relever le commerce & fortifier la confiance. Mais nous ne devons pas passer sous silence une de celles qui fut la plus salutaire alors, opération dont tous les grands ministres ont donné l’exemple, & que l’on a vue décriée en 1780, parce que l’intérêt personnel est parvenu, par ses clameurs, à subjuguer les esprits les mieux intentionnés, & à étouffer la voix de tous les gens éclairés qui applaudissoient à ce changement. Nous vouons parler de la suppression des receveurs-généraux des finances, & de la conversion de leurs charges en une administration.

Voici le compte que l’on trouve de cet arrangement dans les Recherches & considérations sur les finances, tome 5, in-12.

« Les receveurs-généraux des finances se trouvoient, à la mort de Louis XIV, avoir fait des avances qui paroissoient considérables, & on leur en avoit alloué une grande partie pour les intérêts. Ils s’étoient fait donner des quittances comptables, non-seulement des exercices passés, mais même de leurs exercices à venir ; en sorte qu’ils comptoient que la partie du trésor royal leur appartenoient presque en entier jusqu’en 1718.

» Dans les premiers jours de la régence, ils signerent un résultat par lequel ils s’obligeoient de fournir deux millions de livres pendant chacun des quatre derniers mois de 1715, & trente millions dans l’année 1716, à raison de deux millions cinq cents mille livres pour chaque mois. Ce résultat ne fut point exactement rempli. L’inexactitude des receveurs-généraux venoit en grande partie de leur impuissance : tel étoit le chaos de leur administration, qu’eux-mêmes ignoroient leur véritable situation, soit avec l’Etat, soit avec les receveurs particuliers & avec leurs créanciers. Quelle qu’en fut la cause, on sentit la nécessité absolue de faire rentrer le roi dans ses revenus, sans égard aux avances des receveurs-généraux, comme Sully & Colbert l’avoient pratiqué autrefois dans des occasions semblables.

» Le ministre fit part de la situation violente des affaires, aux sieurs Paris, dont il connoissoit le génie, l’activité & les connoissances. Bientôt le projet de l’administration des recettes fut rédigé & adopté. Le sieu Paris l’aîné fut chargé de travailler, sans perte de tems, aux détails nécessaires de l’exécution.

» Pour la préparer, une déclaration du 24 mars 1716, ordonna que les billets délivrés par les receveurs-généraux, pour le montant des assignations tirées sur eux par anticipation, & les billets de Legendre, endossés par eux, seroient visés ; ce qui exigea huit jours. On prit ensuite des précautions pour avoir une connoissance très-exacte des journaux, tant des receveurs particuliers que des receveurs-généraux. Elle fut prise par-tout le même jour ; on dressa des procès-verbaux de la situation de toutes les caisses, des registres & papiers ; en sorte que les bordereaux arrêtés chez les receveurs-généraux, devenoient le contrôle de ceux qui étoient arrêtés chez les receveurs particuliers, & réciproquement les bordereaux de ceux-ci, le contrôle des autres.

» La déclaration du 10 juin 1716, établit une caisse commune & générale d’administration, pour recevoir tous les deniers des vingt généralités des pays d’élection ; dix receveurs-généraux furent nommés administrateurs, & le caissier rendoit compte, chaque jour, au mi-