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Page:Encyclopédie méthodique - Forêts et bois, T1.djvu/13

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PRÉFACE.

La Science des causes & des effets est vraiment la Science de l’Homme & du Philosophe; Quand on aime à réfléchir, on ne peut voir toujours des événemens remarquables se passer sous les yeux, sans être curieux de connoítre leur histoire & sans chercher les moyens de la lire. Mais si ces évènemens intéressent par eux-mêmes, s'ils sont produits par des êtres existans avec nous, qui nous environnent, qui nous sont constamment utiles, qui nous procurent habituellement du plaisir, la curiosité redouble ; elle devient une passion, on veut absolument pénétrer le secret de ces êtres qui nous sont unis par tant de rapports ; & l’on sfefoit bien-tòt'fatigué par leur vue, si elle ne nous éclaircie siír leur constitution, tout comme on seroit bientôt tracassé par la vue habituelle d'un voisin agréable & officieux, s'il s'obstinoit à cacher sa patrie & ses aventures.

C'est pourtant ainsi que les plantes se présentent à nous : elles charment la vue par la beauté de leurs formes, la richesse de leurs nuances & l’agrément qu'elles répandent sur les lieux que nous habitons : elles procurent le plaisir sans occasionner aucune peine : des yeux fatigués trouvent dans une douce verdure le repos & la distraction ; ou bien l’admîration les arrête sur le spectacle imposant de ces arbres élancés, dont les branches se jouent avec facilité dans les airs, dont les sinuosités, toujours bien destinées, inspirent l’idée de la force, & dont les rameaux noueux font lire avec étonnement l'empreinte des siècles sans offrir celle de la décrépitude.

Mais une perspective plus riante nous attend dans nos jardins : une foule de plantes de tous les climats, de tous les lieux, semblent se rapprocher & se serrer pour nous servir, quand nous le voulons, de mille manières. La Rose étale avec complaisance ses riantes nuances : la Tubéreuse répand les plus douces odeurs : les Arbres fruitiers paroissent nous offrir leurs fruits & les mettre dans notre main : les Légumes bienfaisans attendent qu'on les cueille pour nous fournir un aliment sain & agréable. Souvent on y rencontre ces Plantes salutaires qui calment les maux & chassent les douleurs. Dans les campagnes, je foule aux pieds des prairies émaillées de fleurs propres à nourrir les animaux qui partagent avec moi les travaux de l’Agriculture : plus loin, je vois mon sang se former dans l’épi. Mais je découvre partout, que j'ai mille rapports nouveaux avec les plantes : elles me fournissent le linge que je porte, le papier où j’écris, les teintures qui fixent sur nos étoffes l’éclat des fleurs, le bois qui forme mon habitation & rend, pendant l'hiver, la chaleur, lefeu & la lumíère qu'il a dérobés au soleil.

En est-ce assez ? . . . . Ces êtres si utiles, si importants pour notre bonheur, ont toujours été néanmoins les êtres les moins connus du globe. Une curiosité inquiéte a bien fait rassembler dans tous les pays du monde, les plantes qui y croisent ; on les a arrachées au sommet des montagnes ; on a pénétré dans


Physiologie végétale, Tome Ier, Iere Partie. a