ment certain, nous reconnoîtrons que de même, que la configuration ou la forme extérieure, l’organisation des insectes ne diffère pas essentiellement de celle des autres animaux, qu’elle est le produit d’un même plan. Pour procéder avec ordre & clarté, s’il m’est possible, dans le travail assez pénible qu’exige l’article que j’entreprends, je diviserai l’existence des animaux en trois tems ; l’existence actuelle ou du moment ; l’existence prolongée ou conservée de momens en momens jusqu’à un terme qui est la mort. Ces deux premiers genres d’existence ne sont relatifs qu’aux individus. J’appelle le troisième genre d’existence, l’existence perpétuée, ou étendue dans l’avenir ; il est relatif à l’individu & à l’espèce. Je distinguerai quelles sont les fonctions dont chacun de ces trois genres d’existence est le résultat, & je comparerai dans les différens animaux les organes qui servent à ces fonctions.
Si l’on réfléchit sur l’existence ou la durée de la vie, on trouve qu’elle ne comprend que trois époques, être formé & naître, exister & se reproduire : la formation, la naissance & la reproduction ont des rapports si grands & si intimes, que ces trois objets peuvent être compris, dans le même article ; l’existence individuelle se rapporte ou au moment actuel, ou aux instans subséquens. & prochains ; l’existence dans l’avenir ou la reproduction n’établit pas la perpétuité de l’individu, mais de l’espèce, & elle dépend cependant de lui ; elle fait partie de son existence ; elle en est une des époques ; elle est relative à l’individu & à sa postérité. La durée de la vie ou l’existence n’embrasse donc que trois époques, naître, exister, se reproduire Je commencerai par traiter de l’existence actuelle, parce qu’il me semble qu’on doit traiter dans le même article de la formation, de la naissance & de la reproduction, & qu’il faut exister avant de se reproduire ; & encore parce que l’existence actuelle suppose une organisation complète, achevée, parfaite, dont les autres époques de la vie sont le produit.
Les fonctions dont l’existence actuelle est le résultat, sont l’irritabilité, l’action du cerveau, la circulation & la respiration. Les organes immédiats de ces quatre fonctions sont les fibres ou la fibre en général, le cerveau, le cœur & les poumons ; chacuns de ces organes ont des dépendances qui concourent secondairement à leur action, & dont il sera parlé en traitant de celle de chaque organe en particulier. Si je n’avois à écrire que pour des lecteurs qui se sont appliqués à l’étude de l’économie animale, je n’aurois qu’à observer les différences remarquables dans les insectes ; mais devant avoir égard à ceux à qui l’économie animale est inconnue, je suis forcé, pour qu’ils me comprennent de tracer d’abord un précis de l’organisation des animaux en général, de comparer ensuite celle des insectes à ce précis, pour indiquer les différences ; cette nécessité à laquelle me contraint la nature de l’ouvrage, me servira d’excuse auprès de ceux pour qui j’aurai dit des choses inutiles, & que j’eusse supposées, sans en parler, si je n’avois travaillé que pour eux.
Quelles que soient les parties des animaux, quelle qu’en soit la structure, la densité ou la mollesse, on les réduit toutes en les divisant, ou par le moyen d’un instrument, ou par la macération, soit dans l’eau, soit dans un fluide convenable à une partie élémentaire qu’on nomme fibre. C’est un fil long & délié dans lequel on considère son étendue en longueur beaucoup plus que son étendue en largeur ; plusieurs fibres réunies & jointes suivant leur longueur les unes aux autres, ou par un lassis d’une texture lui-même fibreux, & qu’on nomme tissu cellulaire, ou par une substance glutineuse, à laquelle on donne, dans quelques cas, comme en parlant des os, le nom de suc, forment les membranes ; la réunion de celles-ci les vaisseaux, & les vaisseaux composent les différentes parties. Elles sont molles & souples si la réunion des fibres, des membranes & celle des vaisseaux, est lâche & peu serrée ; les parties sont dures & roides dans le cas opposé, & à pro-