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1°. Pour répandre plus de jour sutcétte matière, il faut considérer que le terme accident seprend souvent dans un sens plus restreint, pour désigner les attributs non essentiels, d’une chose ; c’est-à-dire ces qualités , attributs,

modifications,

ma-

nière -d’être ; fans lesquelles une chose reste la même pour le fond. Le mouvement dans une -

boule d’or, peut continuer,

cesser, sc ralentir,

s’accélérer,

changer de direction,

fans que pour

cela cette boule cesse d’être une telle boule d’or. Du papier peut être bleu, blanc, rouge ou noir, Jans cesser d’être du papier. On peut nommer ces manières d’être modifications accidentelles. Une chose peut exister fans telle ou telle modification de cette espèce, la recevoir ou la perdre sans ceffer d’être la même substance. Si au contraire la modification à laquelle^e pense fait partie de ce qui est essentiel à la choie , celleci ne peut pas exister fans cet accident, parce qu’alors il est un accident essentiel. On auroit moins disputé sur les accidens , si Ton avoit bien distingué dans tous les cas ces deux genres de modifications. Je doute au moins que l’on eût jamais agité de part Se d’autre avec vivacité cette question ; la substance peut-elle exister sans ses modifications , ou les modifications fans la substance ? La réponse eût été aisée. S’agit-il des modifications essentielles, des accidens, en général ? nulle substance n’est possible sans eux, à moins que vous n’admettiez ia possibilité de. Texistence, là où vous ne"*

supposez aucune manière

d’être. Sagit - il des modifications accidentelles ou non essentielles ? une substance peut en être dépouillée sans cesser d’être la meme. Remarquez cependant que cette assertion n’est pas vraie absolument. On peut ôter à une substance un attribut non essentiel, une modification accidentelle sans la détruire ; mais vous ne pouvez détruire un de ces accidens fans le remplacer par un autre. On peut bien concevoir une substance dont on ne considère que Tessence, ou les attributs essentiels , mais ce n’est que par Tabstraction de toutes les modifications accidentelles qui n’en existent pas moins, Sc fans lesquelles il n’est pas possible que la substance existé. On peut les changer ; mais la destruction de Tune est toujours la production d’une autre. La boule d’or reste la même, quoiqu’elle cesse d’être en mouvemenr, mais la cessation du mouvement est le commencement du repos. La couleur, la figure, la solidité,de Tor, ne peuvent cesser d’être , que parce qu’une autre couleur, une autre figure, un áutre degré de solidité , succèdent à ces premières. Si la substance ne peut exister sans les accidens , les accidens , de quelque nature qu’ils soient, ne peuvent pas non plus exister fans la substance, fans un être dont ils soient les modifications essentielles ou accidentelles ; là où rien n’existe , il ne sauroit y avoir de manière d’exister. Ici on apperçoit dans les raisonnemens de certaines personnes Tabus des abstractions. S etant accoutumés à penser abstractivement à la substance Se aux accidens de la substance , quelques -

uns

ont regardé ces derniers comme des êtres à part qui pouvoient exister fans la substance, Sc pour preuve, ils ont dit que la blancheur d’un tel iis existoit fans lui, puisqu’elle existoit dans un autre lis , ou dans quelqu’autre objet qui a , dit-oh , la blancheur du lis. Mais je dirai ici av*c le père Buffier, que la blancheur du premier lis n’est pas la blancheur du second, puisque celie-là n’est que le premier lis qui est blanc, celle-ci n’est que le second lis qui est blanc aussi, fans qu’il y ait rien de commun entre l’un Sc l’autre, mais seulement une entière ressemblance de couleur. La blancheur de l’un n’est que la substance même modifiée d’une telle manière : la blancheur du seconâ n’est que la substance même du second modifiée d’une même manière. Pour que [’accident de Tua fût [’accident de l’autre, il faudrait que .la substance de celui-ci fût la substance de celui-là, puisque la modification

de la substance n’est que la

substance même modifiée. Mais les substances ne sc communiquent pas ; la substance d’un être n’est pas la substance d’un autre être. Les accidens de l’un ne peuvent donc pas être les accidens de l’autre , ils peuvent seulement être semblables. 3°.

Je ne fais pas trop ce que quelques théologiens ont voulu dire quand ils ont parlé d’accidens absolus, c’est-à-dire , d’accidens ou de modifications qui ont une existence propre, qui leur permet de subsister lors même que la substance qu’ils modisioient n’existe plus , à moins qu’ils n’entendent par-là les accidens qui consistent dans Tapplication d’une substance modifiée, sur une autre substance aussi modifiée, dont la première devient une nouvelle modification j

comme quand sur mon corps je mets des habitsdont il sc trouve alors revêtu ; en conséquence de quoi je dis de mon corps , qu’il est habillé j. dans ce cas, Thabillement est un accident du corps habillé, un accident qui peut subsister , séparé de la substance qu’il modifioit lorsqu’il lui était joint ; il en est de même de tout mélange d’une substance avec une autre qu’on lui unit ,, ou qu’on incorpore en elle pour lui donner une nouvelle modification,

comme quand je mélange

des couleurs différentes ; mais alors cette nouvelle modification n’est que Tunion de deux. oui plusieurs substances, dont chacune a ses propres. accidens aussi-bien que fa propre substance. Dépouillé de mes habits , je reste nud, 8c j’existe encore ; mes habits séparés de moi ne me revêtent plus, cependant

ils subsistent encore ; mais,

s’ils subsistent, c’est qu’ils sont eux-mêmes une substance qui a scs accidens : détruisez-en la substance , vous en anéantissez les accidens , vous ne pouvez plus m’en revêtir i ils ne sauraient subsister sans elle , ni elle fans eux. La difficulté se retrouve donc par rapport aux substances modi-