qualités qui font capables d’exciter
en’nòus.des
idées simples ; qualités qu’on nomme communément
des accidens. Le père Buffier , un des métaphysiciens
qui a le plus simplifié les idées abstraites ,
8c qui me paraît avoir pour Tordinaire
répan-
du h plus de jour fur ces objets obscurs,
est dans
les mémes idées à cet égard que les philosophes
que nous venons de citer : il prend aussi le mot
accident dans ce sens général , peut
-
être même
lui donne - t
-
il plus d’étendue encore, Traité des
premières vérités , part. II, chap. xi , §. 334. Je
cherche ici, dit-il,
quelles idées Tefprit humain
peut sc former naturellement
sous ces teimesfubstances
Se accident. Après y avoir pensé, je n’ai
pu rien concevoir par substance , sinon ce qui répond
à Tidée d’être,
que je dépouille de toutes
modifications
ou ma-nières d’être,
pour le considérer
seulement
en tant que susceptible de ces
modifications
ou manières
d’être.
La substancedonc ,
considérée précisément
en tant que substance ,
n’est qu’une idée abstraite ; car il n’existe
point
naturellement
8c réellement de substance
qui ne soit que substance , sans être revêtue de
ses modifications,
lesquelles,
suivant les idées
que nous en pouvons naturellement
avoir,ne
sont
que la substance considérée par ses divers endroits.
C’est ce qui s’appelle tantôt des qualités,
tantôt
des modes ou des modifications,
tantôt des attributs
ou adjoints , tantôt des circonstances
ou
accidens de la chose.
Dans ce premier sens du mot accident,
opposé
à celui de substance,
il paroît que nous ne connoissons
dans chaque chose que les accidens ; 8e que
Tidée de la substance,
n’est dans le fond que la
simple idée abstraite de Texistence : sous ce point
de vue il faut prendre garde de ne pas confondre
la substance avec Tessence ; car dans Tidée de Tessence
réelle d’une chose , entre nécessairement
celle des attributs,
modifications
, manières d’être
8c celle de tous les accidens essentiels de cette
chose ; au lieu que dans Tidée de substance telle
que nous la considérons
ici, par opposition
aux
accidens, nous ne pouvons rien distinguer
que la
feule idée d’existence,
puisque nous en séparons
celle de toute espèce de modification.
Une autre
attention
qu’il faut avoir en traitant de la substance
Se des accidens, consiste à se souvenir que ce
sont ici des idées abstraites,
qui n’ont point hors
de nous d’objet
réel correspondant,
8c existant
à part,
comme existent à part dans Técriture
ou
le discours les mots accident Sc substance. En effet,
nulle substance n’existe qu’elle n’existe d’une certaine
manière,
avec telle modification
,
qualité,
attribut,
relation. Nulle manière d’être,
nul attribut ,
nul accident ne peut exister sans une substance
dont il est [’accident, la modification
(i). Les accidens
ou les modifications
ne sont donc réellement
I
que la substance elle-même modifiée ; 8c la substance |
n’est réellement que Têtre même modifié de telle
ou telje manière.
La" substance ne peut donc pas
exister fans les accidens,
ni les accidens fans la
substance. Je ne nie pas’ cependant qu’une substance
ne puisse exister dans un lieu , fans que j’en
apperçoive
ks accidens. Si la lumière est un être
répandu par-tout dans Tespace , mais dont Teffet
lumineux
ne sc fait appercevoir qu’autant que cet
être reçoit
un ébranlement
qui parvient jusqu’à
mes yeux,
cette lumière
existera autour de moi
fans que j’en apperçoive
les accidens, aussi longtemps
qu’ils n’agiront pas fur mes yeux ; mais Ta
substance de cette lumière
n’existera
pas fans les
accidens. La forme de ses parties,
leur position
respective,
subsiste avec la substance,
quoique je
ne Tapperçoive
pas ; car si une substance existoit
quelque part sans ses propres accidens , mais avec
ceux d’une autre , elle ne scroit plus telle substance
que Ton annonçoit d’abord , mais elle scroit
la substance dont elle auroit les accidens , puisque
les accidens ne sont que la substance
modifiée,
c’est-à-dire
,
un être qui existe de telle manière.
Un cercle ne peut pas exister cercle Se avoir les
accidens d’un triangle ; car si Tespèce renfermée
dans la circonférence
a les acciaens d’un triangle ,
c’est un triangle Sc non pas un cercle. Si ce qui
existe en tel lieu a les accidens d’une pierre,
ce
n’est pas de Tor, c’est une pierre. Mais,
dira-t -on ,
la toute-puissance
divine ne peut elle pas faire
que Tor existe avec les accidens d’une pierre , en-sorte
que les accidens de Tor Se la substance de la
pierre soient anéantis,
8c qu’il n’existe plus dans
ce lieu que la substance de Tor Se les accidens de
la pierre ? Je me garderai bien de dire , la toute-puissance
peut ou ne peut pas’faire une telle transmutation ;
mais je dirai toujours.
i°.
II n’y a point
d’accidens là où rien n’existe.
z°.
Rien n’existe là
où il n’y a aucune manière
d’être , aucun accident.
j°.
Les accidens qui existent ne sont que la
substance même modifiée.
40. Ce qui constitue
Tessence d’une substance , c’est la manière d’être,
ou la réunion de ses accidens. c °. Ce sont les accidens
seuls d’une substance quipour moi constituent
•
un tel être, et non unautre. Là oùiln’y aque
les accidens d’une pierre, il n’y a pour moi qu’une
pierre , Sc. il est impossible que j’y conçoive
autre
chose qu’une pierre , enserre que si là où existoit
un morceau
d’or,
c’est-à-dire
un être dont les
accidens sont ceux de Tor, on fait exister les accidens
d’une pierre,
cet être n’est plus pour moi de
Tor, c’est une pierre. Je terminerai
ces réflexions
par la pensée du père Buffier :.la modification
de
la^
substance n’étant que la substance même modifiée ,
demander lì la modification
peut sc trouver
sans la substance,
c’est demander si la modification
peut être sans la modification
, si la substance
peut se trouver sans la substance. Chap. 21 de la IL
partie , §.338.
fI) On sent que nous a’eniendons point parkr ici de l’ordre surnature), ni de mystère, qui ceûeroit del’êrre, si-tór qu’il serait
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