Page:Encyclopédie méthodique - Logique, T1.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

84

AME

AME

près semblable , que la vérité qui persuadé, même sans avoir besoin de paraître avec toutes ses preuves ; elle entre si naturellement dans Tefprit , que , quand on Tapprend pour la première

fois, il semble qu’on ne fasse que s.’en souvenir. Pour moi, s’il m’est permis de dire mon sentiment , je trouve, ce petit ouvrage charmant- Serrés-agréablement tourné. Je n’y vois, que deux défauts ; l’un d’être Touyrage d’un religieux, ; Se l’autre k bisarre assortiment des plaisanteries qui y sont semées avec des objets qui touchent à la religion, Se qu’on ne peut jamais trop respecter. Ane. Encyclop. (X.)

Observations fur diverses questions agitées dans les précédens articles de /’ame.

  • C’est une question parmi les philosophes de

savoir si le sens de la vue scul peut nous faire connoître,

indépendamment du toucher, Texistence des objets extérieurs. Voici quelques réflexions fur ce sujet.

II est certain que la vue seule, indépendamment du toucher, nous donne Tidée de l’étendue, puisque l’étendue est Tobjet nécessaire de la vision , Se qu’on ne verrait rien , si on ne le voyoit étendu. Je crois même que la vision doit nous donner Tidée de l’étendue plus promptement que k toucher, parce que la vue nous fait remarquer plus promptement 8c plus parfaitement que k toucher,

cette contiguité Sc en même-tems cette distinction départies,

en quoi l’étendue consiste.

De plus la vision feule nous donne Tidée de la couleur des objets. Supposons maintenant des parties de Tesoace , différemment colorées Sc exposées à nos yeux ; ta différence des couleurs nous fera remarquer nécessairement les bornes ou limites qui séparent deux couleurs voisines , Se par conséquent nous donnera une idée de- figure ; car on conçoit une figure, dès qu’on conçoit des bornes en toutscns. Jusques-là nous ne voyons point encore, il est vrai, que ces portions d’étendue figurées 8e colorées soient distinguées de nous-mêmes. Mais , soit par le mouvement de notre ’

corps, soit par le mouvement des corps qui nous environnent,

nous appercevons bientôt qu’il y a quelques-unes de ces portions d’étendue figurées & colorées que nous voyons toujours, Sc qui

nous affecte constamment de la même- manière , tandis que les autres varient continuellement, Se nous offrent fans cesseun nouveau spectacle. N’estce pas une raison suffisante pour conclure la différence de Tétendue qui est nôtre, d’avec celle qui est hors de nous ? U me paroît au moins certain qu’étant bornés à la vision , nous remarquerions deux sortes d’étendue , dont l’une ne nous abandonnerait jamais, 8c l’autre paroîtroit 8c disparoîtroit successivement ; que , dans cette étendue mobile Se variable, nous distinguerions des parties placées ks unes hors des autres, Sc par con- í séquent aussi plus ou moins distantes de la portion d’étendue qui nous est toujours présente. Supposons maintenant que nous puissions, parle scul acte de notre volonté,

rapprocher ou éloi-

gner cette dernière portion d’étendue de celles qui Tenvironnent, tandis que nous ne pouvons ni la rapprocher ni Téloigner elle-même , ni, en un mot, empêcher qu’elle ne nous soit toujours présente , pendant que les autres k sont ou cessent de Têtre à notre volonté ; n’en concluons - nous pas que ces portions d’étendue environnantes font réellement distinguées de nous ? « Cette conclusion,

dira-t-on peut être, n’est

»

pas exacte ; tout ce que nous pouvons conclure « de la manière différente dont les parties de Té-’ ?

tendue nous affectent, 

c’est qu’il y a des par.-

"

ties de nous-mêmes qui sont permanentes, Sc

» d’autres qui sont variables ". Mais, quand nous

appercevons par le toucher des portions de matière qui nous rendent sensation pour sensation , 8e d’autres qui ne nous la rendent pas , pourquoi ne conclurions-nous pas aussi qu’il y a une portion de nous mêmes qui nous rend sensation pour sen* sation , Se une autre portion qui la donne sans la recevoir ? Cependant nous ne tirons pas cette conclusion , Se nous concluons au contraire que ces portions d’étendue qui nous procurent des sensations simples Sc fans réplique , ne nous appartiennent point. Ne sommes-nous donc pasautonsës à conclure aussi que ces portions d’étendue , qui sont tantôt présentes, tantôt absentes pour nous, sont distinguées de nous-mêmes ? Je conviendrai fans peine que cette conclusion n’est pas démonstrative , pourvu qu’on m’accorde en même temps qu’elle nous entraîne avec autant de force que Tévidence même.

Si j’ose dire la vérité , il me semble que comme nos sensations ne nous démontrent p»int enrigueur qu’il y a des êtres différens de nous , ces mêmes sensations ne nous démontrent pas non plus en rigueur où sc termine notre corps ; que nous acquérons cette coniioissance par des raisonnemens qui ne sont d’abord que des soupçons , des conjectures , mais des conjectures que Texpérience répétée Se Taccord des autres- sens confirment. Je dis [accord des autres sens. Car il est d’abord évident, par tout ce que nous venons de dire du sens de la vue, que ce sens Sc celui du teuchers’accorderont parfaitement ensemble pour nous faire juger de ce qui est notre corps Se de ce qui ne Test point. A Tégard de Todorat, de Touie Se du goût, quoique ces trois sens ne puissent nous donner par eux-mêmes aucune notion de Texistence des objets, extérieurs, je crois qu’ils servent a nous eh assurer-,

quand nous la con-

noissons ou la soupçonnons déja par d’autres scns^ Un’homme qui n’auroit que le sens du toucher, joint à celui de Todorat ou de Touïc , s’appercevroit bientôt que , dans Todeur qu’il sent ou le son qu’il entend , il y a deux_choscs à distinguer >