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Page:Encyclopédie méthodique - Logique, T1.djvu/353

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DIEU.

Existence de Dieu. Quoique Dieu ne nous ait donné aucune idée de lui-même qui

soit née avec nous, quoiqu’il n’ait gravé dans nos âmes aucuns caractères originaux qui nous y puissent faire lire son existence , cependant on peut dire, qu’en donnant à notre esprit les facultés dont il est orné , il ne s’est pas laissé fans témoignage , puisque nous avons des sens, de Tintelligence 8e de la raison, Se que nous ne pouvons manquer de preuves manifestes de son existence , tandis que nous réfléchissons fur nous-mêmes. Nous ne fau-, lions, dis- je , nous plaindre avec justice de notre ignorance fur cet important article, puisque Dieu lui-même nous a fourni si abondamment lesmoyens de le connoître , autant qu’il est nécessaire, à la fin pour laquelle nous existons , 8e pour notre félicité , qui est le plus grand de tous nos intérêts. Mais encore que Texistence de Dieu soit la vérité la plus aisée à découvrir par la raison, 8c que son évidence égale , si je ne me trompe, celles

des démonstrations mathématiques , elle demande

pourtant de Tattennon ; 8e il faut que Tesprit s’applique à la tirer de quelque partie incontestable de nos connoissances par une déduction régulière. -

Sans quoi nous serons dans une aussi grande incertitude Sedans une aussi grande ignorance à Tégard de cette vérité , qu’à Tégard des autres propositions qui peuvent être démontrées évidemment. Du reste, pour faire voir que nous sommes capables de connoître , Se de connoître avec certitude qu’il y a un Dieu, tk pour montrer comment nous parvenons à cette connoissance , je crois que nous n’avons besoin que de faire.réflexion sur nous -

mêmes, Se fur la connoissance

indubitable que nous avons de notre propre ; existence.

C’est, je pense, une chose incontestable, que Thomme connoît clairement Se certainement, qu’il existe, 8c qu’il est quelque chose. S’il y a quelqu’un qui en puisse douter, je déclare que ce n’est pas à lui que je parle , non plus que je ne voudrois pas disputer contre le pur néant, Se entreprendre de convaincre un non - être qu’il est quelque chose. Que si quelqu’un veut pousser le pyrrhonisme jusqu’à ce point que de nier sa propre existence, (car d’en douter effectivement, il est clainqu’on ne sauroit le faire), je nem’oppose point au plaisir qu’il a d’être un véritable néant ; qu’il jouisse de ce prétendu bonheur, jusqu’à ce que la faim ou quelqu’autre incommodité lui persuade le contraire. Je crois donc pouvoirposcr cela tomme une vérité, dont tous les hommes sont convaincus certainement en eux-mêmes, fans

avoir la liberté d’en douter en aucune manière que chacun connoît qu’il est quelque chose qui existe actuellement.

L’homme fait encore par une connoissance de simple vue, que le pur néant ne peut non plus produire un être réel, que le même néant nepeut être égal à deux angles droits. S’il y a quelqu’un qui ne sache pas que le non- être, ou Tabsence de tout être, ne peut pas être égal à deux angles droits, il est impossible qu’il conçoive, aucune des démonstrations d’Euclide. Et par conséquent, .si

nous’savons que quelqu’êtrè réel existe , Se que k non-être

ne sauroit produire aucun être, il est d’une évidence mathématique que quelque chose a existé de toute éternité , puisque ce qui n’est pas de toute éternité a un commencement, 8e que tout ce qui a un commencement, doit avoir été produit par quelqu’autre chose. ’•',...’ -..

II est de„,Ia même évidence, que- tout être, qui

tire ; son existence 8e son commencement d’un autre ,

tire aussi d’un autre tout ce qu’il a Setout Ce qui lui appartient. On doit reconnoître que toutes ses facultés lui viennent de la même source. II faut ’

donc que la source éternelle de tous les êtres-, soit aussi la source Se le principe de toutes leurs puissances ou facultés, de sorte que cet être éternel doit être aussi tout puissant. ..

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Outre cela , Thomme .trouve aussi en lui-même de Ja perception Se de la connoissance. Nous pouvons donc encore avancer d’un degré, ’&

nous assurer non - seulement que quelqu’êtrè existe , mais encore qu’il y a au monde quelqu’êtrè intelligent»

II faut donc dire Tune de ces deux choscs,. ou qu’il y a eu un temps auquel aucun être n’a eu aucune connoissance , 8e auquel Têtre éternel étoit privé de toute intelligence. Je réplique ;,

qu’il étoit donc aussi impossible qu’une chose absolument destituée de connoissance, Se qui agit aveuglément , 8e fans.aucune perception, produise un

être intelligent, qu’il est impossible qu’un ’tnân-’.' gle se fasse à soi- même trois angles qui soient plus grands que deux droks. Et il est aussi contraire à Tidée de la,matière privée de sentiment,. qu’elle se produise à elle - même du sentiment ;,, de la perception Se de la connoissance , qu’il est contraire à Tidée d’un triangle qu’il sc sassë a lui - même des angles qui soient plus grands que deux droits.

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Ainsi, par la considération de nous-mêmes 8c de ce que nous trouvons infailliblement dans notre propre nature, ia raison nous conduit à la connoissance de cette vérité certaine 8c évidente,, 1**1