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Page:Encyclopédie méthodique - Logique, T1.djvu/37

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êtres, ne pourra pas être désignée par un —nom :  ! commun, elle exigera Un nom particulier danschaque fub stancedònt elle-sera un mode., Jè n’àia-— rai nulle mesure", huile 1notion^ 1 nUiîteidée-íCom-’mune à laquelle jépuisse rapporterplusd’un sujet :. chacun me paroitra isolé-& : sans rapport ; &moneíprit accablé par la multitude de ces idées individuelles, qu’aucune classification ne rassemble sous une idée commune, sous une dénomination générale, n’y verra aucun ordre, & se perdra dans ce cahos immense : mais dès que je viens à comparer entr’eux les êtres, non-seulement sous leur idée totale & individuelle, mais aussiparles idées partielles que j’ai abstraires de l’idée totale ; quand, par exemple, je compare l’idée de la substance, ou des modes, de la couleur, ou de la figure, ou du mouvement, ou des relations d’un individu, avec l’idée de la substance, ou de la couleur, ou de la figure, ou du mouvement d’un autre individu, je reconnois bientôt dans l’idée de l’un des idées que j’avois déjà découvertes dans celle de l’autre ; j’y vois des traits de ressemblance plus ou moins nombreux ; un troisième me les représente encore, puis un quatrième, un dixième, un centième, un millième m’offrent successivement le même objet d’idée, quoique diversement accompagné chez chacun d’eux ; séparant cette idée de toutes celles qui s’offrent à moi dans ces objets, mais qui ne se ressemblent pas, je la considère seule, je l’isole de tout ce qui l’accompagnoit, & je m’en fais une idée à part, à laquelle je donne un nom qui la désigne également par-tout où son objet existe : ce n’est plus une idée individuelle, c’est une idée commune & générale qui convient à tous les êtres en qui son objet se trouve, quelque différens qu’ils soient à tout autre égard. La blancheur n’est plus un mode particulier du papier sur lequel j’écris maintenant, c’est le nom d’une idée commune à tous les objets blancs, au lait, à la neige, au plâtre, au linge, au lis, à tous les papiers blancs de l’univers. Je vais plus loin encore, & séparant l’idée de blancheur de l’idée de tous les êtres qui l’ont excitée chez moi, par leur impression sur mes sens, je me la représente ellemême comme être à part, réel, isolé dans mon esprit ; par ce moyen, j’ai l’idée abstraite métaphysique de la blancheur, j’en ai une idée que je nomme universelle ou générale, parce qu’elle me représente la blancheur par-tout où existe l’objet qui m’en peut procurer la sensation. L’opération de l’efprit par laquelle je me forme ainsi des idées générales, universelles, séparées de celles de tout individu, est ce que nous nommons abstraction métaphyfique.

L’abstraction métaphysique est donc l’acte de l’efprit qui, séparant de l’idée d’un individu ce qu’il a de commun avec d’autres, en forme une idée commune à tous, qui ne représente plus aucun individu, mais uniquement les trairs par lesquels ces divers êtres se ressemblent. Tant que je me suis


borné à décomposer-Tidée deirnoi, & ! à séparer 1 \ par ïabstraction physique chacune des idées que jme.s sens.<8z-lesentiment-intime de ce qui sc’passe | en-moii, pô’u-vtíient— me découvrir, jéirne íuisifor— ; mé une idée distincte, mais individuelle, qui ne i représente-que moi-î’je me fuis-donné, ou au moins j’ai pu me donner un nom, celui d’homme v’•de même j’ai pu— donner un nom particulier à chacune des idées partielles que j’ai.distinguées : -8c abstraites de mon idée totale, corps organisé, ame raisonnable, sensibilité physique, sentiment moral, action corporelle,’mouvement spontané, pensée, volonté, plaisir, peine, crainte, désir,. &cc. je n’ai eu besoin que de m’étudier moi seul_, pour parvenir à me former par [’abstraction physique toutes ces idées ; j’ai vu d’autres individus, mais ne les comparant poirit avec moi, je nèles : ai considérés que comme d’autres individus qUi n’étoient point moi : dans l’idée de chacun d’eux étoient renfermées les idées de tout ce qui les fait être tels individus & non d’autres : je leur ai donné aussi à chacun des noms, Pierre, Alexandre, Frédéric, Louis, & ces noms se terminent à ces individus, & n’en désignent point d’autres. Mais enfin à force de voir ces individus &r un nombre infini d’autres, & venant à les comparer, en dé— : composant l’idée totale de chacun d’eux, & en m’en formant par [’abstraction physique des idées distinctes, j’ai apperçu que ces individus se-ressembloient par nombre d’endroits ; j’ai reconnu dans eux les mêmes objets d’idées partielles que j’avois découverts en moi : malgré quelques différences de taille, de couleur, d’habillement, d’attitude, de lieu, de temps, &c. qui m’empêchent de lés confondre, je retrouve chez tous un corps organisé, une ame raisonnable, une sensibilité physique, un sentiment moral : je rassemble tous ces traits communs, j’en forme une idée qui ne renferme que ces traits-là, & à laquelle je trouve que tous ces êtres particuliers participent égarement. Je leur donne à tous, comme à moi, le nom commun d’homme ; & ce nom ne désigne plus’un tel être particulier, mais tous ceux qui participent à l’idée générale que je me fuis formée ; cette idée même à laquelle je compare désormais tous les individus que je vois, se présente à mon esprit comme quelque chose de déterminé, de réel, d’existant à part, comme une mesure commune pour juger de tous les êtres avec lesquels je me compare : cette idée reçoit de moi un nom qui semble augmenter encore la réalité imaginaire de l’existence de son objet, je la désigne par le mot humanité, par lequel je veux marquer l’idée composée de tous les traits par lesquels tous les hommes se ressemblent, & jamais ceux qui les distinguent les uns des autres. Voyei ci-après ABSTRAIT^ & ABSTRAITE.

Ce qui n’étoit donc d’abord qu’une idée individuelle, devient par [’abstraction métaphysique telle que nous l’avons définie, une idée plus ou moins