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conséquence îes sous-diviscr en de nouvelles classes. Quoique différentes portions d’un même métail soient, par exemple, semblables, par les qualités que nous leur connoissons, il ne s’enfuit pas qu’elles le soient par celles qui nous restent à connoître. -Si nous savions en faire la dernière analyse, peut-être trouverions-nous autant de différence entr’elles, que nous en trouvons maintenant entre des métaux de différente espèce.

§. IV. Ce qui rend les idées générales si nécessaires, c’est la limitation de notre esprit. Dieu n’en a nullement besoin ; sa connoissance infinie comprend tous les individus, Scil ne lui est pas plus difficile de penser à tous en même-temps, que de penser à un seul. Pour nous, la capacité de notre esprit est remplie, non-seulement lorsque nous ne pensons qu’à un objet, mais même lorsque nous ne le considérons que par quelque endroit. Ainsi nous sommes obligés, pour mettre de l’ordre dans nos pensées, de distribuer les choses en différentes classes.

§. V. Des notions qui partent d’une telle origine, ne peuvent être que défectueuses ; Scvraisemblablement il y aura du danger à nous en servir, si nous ne le faisons avec précaution. Aussi ies philosophes sont-ils tombés à ce sujet dans une erreur qui a eu dé grandes suites : ils ont réalisé toutes leurs abstractions, ou les ont regardées comme des êtres qui ont une existence réelle, indépendamment de celle des choses (i). Voici, je pense, ce qui a donné lieu à une opinion aussi absurde.

§. VI. Toutes nos premières idées ont été particulières ; c’étoient certaines sensations de lumière, de couleur, 8cc. ou certaines opérations « deTame. Or toutes ces idées présentent une vraie réalité, puisqu’elles ne font proprement que notre être différemment modifié. Car nous ne saurions rien appercevoir en nous, que nous ne le regardions comme à nous, comme appartenant à notre être, ou comme étant notre être de telle ou telle façon ; c’est-à-dire, sentant, voyant, Sec. Telles sont toutes nos idées dans leur origine.

Notre esprit étant trop borné pour réfléchir en même-temps sur toutes les modifications qui peuvent lui appartenir, il est obligé de les distinguer, afin de les prendre les unes après les autres. Ce qui sert de fondement à cette distinction, c’est que ses modifications changent, Sc se succèdent continuellement dans son être, qui


lui paroît un certain fonds qui demeure toujours le même.

Il est certain que ces modifications’, distinguées de la sorte de l’être qui en est-ié sujet, n’ont pks aucune réalité. Cependant-d’esprit ne peut pas réfléchir sur rien ; car ce scroit proprement ne pas réfléchis. Comment donc ces modifications, prises d’une manière abstraite, ou séparément de l’être auque-I elles appartiennent, & qui neleur convient qu’autant qu’elles y sont renfermées, deviendront-elles l’objet de l’efprit ? C’est qu’il continue de les regarder comme des êtres. Accoutumé, toutes les fois qu’il les considère comme étant à lui, à les appercevoir avec la réalité de.son être, dont pour lors elles ne sont pas distinctes, il leur conserve, autant qu’il peut, cette même réalité, dans le temps même qu’il les en distingue. 11sc contredit : d’un côté, il envisage ses modifications sans aucun rapport àjon être, Sc elles ne sont plus rien ; d’un autre côté, parce que le néant ne peut se saisir, il les regarde comme quelque chose, & continue de leur attribuer cette même réalité avec laquelle il les a d’abord apperçues, quoiqu’elle ne puisse plus leur convenir. En un mot ces abstractions, quand elles n’étoient que des idées particulières, sc sont liées avec l’idée de l’être, Sc cette liaison subsiste.

Quelque vicieuse que soit cette contradiction, elle est néanmoins nécessaire. Car si l’efprit est trop limité pour embrasser tout-à-la-fois son être & ses modifications, il faudra bien qu’il les distingue, en formant des idées abstraites : &, quoique par-là les modifications perdent toute la, réalité qu’elles avoient, il faudra bien encore qu’il leur en suppose, -parce qu’autrement il n’en pourroit jamais faire l’objet de fa réflexion.

C’est cette nécessité qui est cause que bien des philosophes n’ont pas soupçonné que la réalité des idées abstraites fût l’ouvrage de l’imagination. Ils ont vu que nous étions absolument engagés à considérer ces idées çomme quelque chose de réel, ils s’en sont tenus là ; &., n’étant pas remontés à la cause qui nous les fait ^percevoir sous cette fausse apparence, ils ont conclu qu’elles étoient en effet des êtres.

On a donc réalisé toutes ces notions ; mais plus ou moins selon que les choses, dont elles sont des idées partielles, paraissent avoir plus ou moins de réalité. Les idées des modifications ont participé à moins de degrés d’être que celles

(1) Au commencement du douzième siècle les péripatéticiens formèrent deux branches, celle des nominaux & ceíle des réalistes. Ceux-ci soutenoient que les notions générales que l’école appelle nature universelle, relations, formalités & autres, sont des reahtes_distinctes des choses. Ceux-là au contraire pensoient qu’elles ne sont.que dés noms par où on expr/me détentes mameres de concevoir, & ils sappuyoient sur ce principe, que la nature ne f.ûi rien en loutenir viin C’étoit’une bonne thcíe, pat une assez mauvaise raison ; car c’étoir convenir que ces réalités étoient possibles, & que, pour les taire exister, il ne falloit que leur trouver quelque utilité. Cependant ce principe étoit appelle le rasoir des no— ZmZà^í^ ? « ï c » deuxJset> «  « "/> vive qu’on en vint aux mains ea Allemagne, & qu’en France Louis XI fut oblige de défendre ia lecture des livres des nomjnaux,’..


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