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rieurs, à ce que nous connoisson des substances ï & a ce qui nous en restera toujours inconnu, aux modes ou aux manières d'être & à ce qui en a fait le principe ; mais outre que celanous mèneroit trop loin, on trouvera ces sujets traités dans les articles relatifs. Contentons-nous d'avoir indiqué cette distinction sur la manière de connoître les qualités premières & les qualités sensibles d'un objet, & passons aux êtres qui n'ont qu'une existence idéale. Pour les faire connoître, nous choisissons, comme ayant un rapport distinct à nos perceptions, ceux que notre esprit considère d'une manière générale, & dont il se forme ce que l’on appelle idées universelles.

Si je me représente un être réel, Ôc que je pense en même temps à toutes les qualités qui lui font particulières, alors Vidée que je me fais de cet individu est une idée singulière ; mais si, écartant toutes ces i.iées particulières, je m'arrête seulement à quelques qualités de cet être qui soient communes à tous ceux de la |même espèce, je forme par-là une idée universelle, générale.

Nos premières idées font visiblement singulières. Je me fais d'abord une idée particulière de mon père, de ma nourice ; j'observe ensuite d'autres êtres qui ressemblent à ce père, à cette femme, j par la forme, par le langage, pat d'autres qualités. Je remarque cette ressemblance ; j'y donne mon attention, je la détourne des qualités par lesquelles mon père, ma nourrice, font distingués de ces êtres ; ainsi je me forme une idée à laquelle tous ces êtres participent également ; je juge ensuite par ce que j'entends dire, que cette idée se trouve chez ceux qui m'environnent, & qu'elle est désignée par le mot d'hommes. Je me fais donc une idée générale ; c'est-à-dire, j'écarte de plusieurs idées singulières ce qu'il y a de particulier à chacun, & je ne retiens que ce qu'il y a de commun à toutes : c'est donc à l’abstraction que ces sortes d'idées doivent leur naissance.

Nous avons raison de les ranger dans la classe des êtres de raison, puisqu'elles ne sont que des manières de penser, & que leurs objets, qui sont des êtres universels, n'ont qu'une existence idéale, qui néanmoins a son fondement dans la nature des choies ou dans la ressemblance des individus ; d'où il fuit qu'en observant cette ressemblance des idées singulières, on se forme des idées générales ; qu'en retenant la ressemblance des idées générales, on vient à s'en former de plus générales encore ; ainsi l’on construit une forte d'échelle ou de pyramide qui monte par degrés, depuis les individus jusqu'à Vidée de toutes, la plus généraìe, qui est celle de l’être.

Chaque degré de cette pyramide, à I'exception du plus haut 3c du plus bas, sont en même tems espèce & gerre ; espèce, relativement au degré supérieur ; genre, par rapport à l'inférieur. La


ressemblance entre plusieurs personnages de diffeV rentes nations leur fait donner le nom d'hommes. I Certains rapports entre les hommesôc ses betes les font ranger sous une même ciasse désignée ious le nom d'animaux.Les animaux ont plusieurs qualités communes avec les plantes, on les renferme sous le nom d'êtres vivans ; l’on peut aisément ajoutes des degrés à cette échelle. Si on ne la borne là, elle présente l’être vivant, pour le genre, ayant sous lui deux espèces, les animaux & les plantes, qui, relativement à des dégrés inférieurs, deviennent à leur tour des genres. Sur cette exposition des idées universelles, qui ne sont telles que parce qu'elles ont moins de parties, moins d'idées particulières, il semble : qu'elles d'evroient être d'autant plus à la porte'e de notre esprit. Cependant l’expérience fait voir que plus les idées sont abstraites, & plus on a de peine à les saisir & â les retenir, à moins qu'on ne les fixe dans son esprit par un nom particulier, & dans fa mémoire par un emploi' fréquent de ce nom ; c'est que ces idées abstraites" ne tombent ni sous les sens ni sous l'imagination, qui sont les deux~facultés de notre ame, dont nous aimons le plus à faire usage. Que pour produire ces idées universelles ou abstraites, il faut entrer dans le détail de toutes les qualités des êtres, observer & retenir celles qui sont communes, écarter celles qui sont propres à chaque individu ; ce qui ne se fait pas sans un travail d'esprit, pénible pour le commun des hommes, & qui devient difficile, si l’on n'appelle les sens & l'imagination au secours de l'esprit, en fixant ces idées par des noms : mais, ainsi déterminées, elles deviennent les plus familières & les plus communes. L'étude & l’usage des langues nous apprennent que presque tous les mots, qui sont des signes de nos idées, sont des termes généraux, d'où l’on peut conclure que presque toutes les idées des hommes font des idées générales, & qu'il est beaucoup plus aise & plus commode de penser ainsi d'une manière universelle. Qui pourroit en effet imaginer ÔCretenir des noms propres pour, tous les êtres que nous connoissons ? A quoi aboutiroit cette multitude de noms singuliers ? Nos connoissances, il est vrai, sont fondées sur les existences particulières ; mais elles ne deviennent utiles que par des conceptions générales des choses rangées pour cela sous certaines espèces, & appellées d'un même nom.

Ce que nous venons de dire sur les idées universelles peut s'étendre à tous les objets de nos perceptions, dont l'existence n'est qu'idéale : passons à la manière dont elles nous peignent ces objets.

3°, A cet égard on distingue les idées en idées claires ou obscures, appliquant par analogie à la vue de l'esprit les mêmes termes dont on se sert pour le sens de la vue. C'est ainsi que nous disons qu'une idée est claire, quand elle est telle


qu'elle