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H.

HABITUDE, subst. fém. L’habitude & la nature, épître morale. N’excite pas, ô mon ami, la passion qui me conduit vers les hauteurs du Pinde ! Souvent pour la réprimer, j’ai tenté d’inutiles efforts ) fouvent dans mon fancarque dépit, lorsque je cherchois péniblement la rime, je jettois luin de moi la plume & le papier. Souvent > perdant la patience & le fummeil, j’ai abjuré dans mes^ vêts même l’art de faire des vers. Mais t’étoit en vain. Tantôt l’allégresse, tantôt la mélancolie, tantôt l’indignation m’en ont fourni la matière. Assis d’un air de réflexion j’écris pour me defennuyer, & infenfiblement la rime Te place à la fin de la ligne. C’est ainli que parmi les amans, un feul doux regard ramené sous l’ancien joug un cœur qui Te croyoit déj^i libre. « Elle’ me rengageroit sous ses loix ? Elle, qui m’a.... Non ! non ! j’aimerois mieux mourir. Ainfj s’exprime la colère du jeune homme. Abl dit-il encore en la (quittant ^ ta fausse, la perfide l Oui, oui je lui ferai voir que je fuis un homme » ! Cependant la belle rufée triomphe par unç petite larme qu’elle à de la peine à tirer en se frotant les yeux. La colère du jeune homme c’éceinc : la première passion subsiste.

Qu’il est difficile de dompter ces penchans, que, dès notre enfance, la vive imagination. a ^av^s au fond de notre cœur avec des traits ineffaçables ! Tel un berger amoureux grave le nom de si berRèrc sur la tendre écorce d’un jeune ormeau. Le nom chéri croît avec l’arbre, & le temps l’efface à peine quand déjà l’arbre dt abattu. Ainfi dins des ames mexpérimentées habitent les images dt tous les plaisirs ; dont par la fuite elles font choix. Le fils fuperbe d’Alcmene reposoit encore dans le berceau, & déjà ses mains délicates étouffoient des serpens.

Cet enfant, qui regardoit avec rant de complaifance l’éclat de l’or, qin d’une main avide amassoit ses bonbons, qui voyoit avec un œil d’envie tout ce qu’on donnoit aux aunes, qui ne se faisoit qu’un badinage du vol, & un jeu et l’impojlure ; qui par méfiance n’ofoit jamais s’éloigner de fa cassette t cet enftmt qui de tous Jes arts n’a pu appiendrc que l’art de compter, ce hls chéri de l’Averne, prête aujourd’hui à douze pour cent, & se nomme Harpagon. Vieillard décrépit, la même manie le domine toujours, & bientôt, à la consolation de ses héritiers, il mourra en scélérat.

A voir le fénûlliDt Jafmni ; iquelqu’incpDf^uent qu’il fait, vous remarquez encore ce qu’il fai* foit dans Ton tnfance. Le beau petit monsieuC Touloit fièrement dans un carrosse doré, se faisoit poirter par sa bonne dev^int une gbce polie, où il se fouriuit avec comptaisance, & de sa main se carrelTait son menton uni ; il buvoit, mangeoit, jouoit, dormoit* jafoit mais ne penfoit pomt.

Crispin, ce garçon robuOc, qui aimoit tant à jetter des pierres aux passans, qui menaçoit sans cesse les autres enfant, qui vomissoit dos injures contre tout le monde, qui étoic fournois, orgueilleux, chagriti^ Crispin, ce garçon robuste, s’est fait critique.

Elevés paifiblement à la campagne, Philis & Néran y ont contraâé les inclinations qui les dominent encore à préfent. Philis jouoit avec elle-même, & habilloit sa poupée : Néran ne s’amufoTt qu’avec des chiens. Philis, à la vue de sa riche sarde-robe eil encore dans la joie de son cœur : Néran n’est toujours occupé que de sa meute.

Vous auriez beau chasser ignominieusement dé chez vous le parasite Traxus : à l’heure du diner il ne laisseta pas que de se glisser encore dans vorre maifon. Vous avez beau chasser la nature par les raifonnemens de la fagesse : vous la retrouvez toujouts au fond de votre cœur.

Le joueur Gargile dans une nuit ayant perda au jeu la moitié de son bien, déchira les cact<f . s’emporta contre le jeu & dit en jurant : « Nan j’en fais ferment, de m» yjc je ne me livrerw plus au jeu perfide : quelle vie que celle d’un joueur ? il facrifie toijt, ûnte, repos & bonheur ". Le second jour il ne joue pas, mais il regarde jouer ; le troisième jour il joue lui-même, mais ce n’est pas pour son compte ; le quatrième jour il joua pour son compte, mais ce n’est qu’après un long combat, & ne jpue qu’une bagatelle ; le cinquième jour, ô l’infenfé ! Il joue gros jeu, & perd l’autre moitié de fon bien ! Il joue encore, mais comment ? devenit plus prudent à ses dépens : de trompé qu’il, étoit, il est aujourd’hui trompeur. Tel est aussi quelquefois le procédé des poètes : ils commencent par des prières, il« finissent paj des injures. Tels font çeux que la fortune à élevés mr la théâtre du monde, ils extravaguent d’abord par complaisance, puis ils le font par habitude

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