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DICTIONNAIRE D’ÉDUCATION.


A.


ADOLESCENT,

(O. je reviens donc

à ma méthode, 8e je chs : quand Tâge critique approche , offrez aux jeunes gens des spectacles qui les retiennent,-

8e non des spectacles qui les

excitent : d’mnez le change à leur imagination* naissante par des objets , qui, loin d’enflammer leurs sens, en répriment Tactivité. Éloignez-les des grandes villes, où la parure & Timmodestie des femmes kuìte 8e prévient les leçons de la nature, OÙ tout présente à leurs yeux des plaisirs qu’ils ne doivent connoître que quand ils sauront les cheisir. Ramenez-les dans leurs premières habitations, où la simplicité champêtre laisse les passions de leur âge sc développer moins rapidement ; ou si leur goût pour les arts les attache encore à la ville , prévenez en eux, par ce goût même, une dangereuse oisiveté. Choisissez avec soin leius sociétés, leurs occupations, leurs plaisirs ; ne leur montrez que des tableaux touchans , mais modestes, qui les remuent fans les séduire, Se qui nourrissent leur sensibilité sans émouvois leurs sens. Songez aussi qu’il y a par-tout quelques excès à craindre , Se que les passions immodérées font toujours plus de mal qu’on n’en veut éviter. II ne s’agit pas de faire de votre élève un gardemalade , un frère de la charité, d’affliger ses regards par des objets continuels de douleurs Se de souffrances, de le promener d’infirme en infirme, ’d'hôpital en.hôpital, 8e de la grève aux prisons. II faut le toucher & non Tendurcir à Tasoect des misères humaines. Long-Éfcis frappé des mêmes spectacles, on n’en sent pras les impressions, Thabitude accoutume à tout ; ce qu’on voit trop’ on ne Timagine plus, 8e ce n’est que Timagihàtion qui nous fait sentir les maux d’autrui ; c’est ainsi qu’à force de voir souffrir 8e mourir, les prêtres 8e les médecins deviennent impitoyables. Que

votre élève coanoisse donc le sort de Thomme 8c les misères de ses semblables ; mais qu’il n’en soit pas trop souvent le témoin. TJn seul objet bien choisi, 8e montré dans un jour convenable , lui donnera pour un mois d’attendrissement 8e de réflexion.

Ce n’est pas tant ce qu’il voit, que son retour sur ce qu’il a vu , qui détermine le

! jugement qu’il en porte ; 8e Timpressi^fi durable 
qu’il reçoit d’un objet, lui vient moins de Tobjet
! même, que du point de vue sous lequel on le 

porte à se le rappeller. C’est ainsi qu’en ménageant les exemples, les leçons, les images, vous émouííeiez long-tems

Taiguillòn des sens , 8c

donnerez le change à la nature, en suivant ses propres directions.

A mesure qu’il acquiert des lumières , choisissez des idées qui s’y ruppottent ; à mesure que ses désirs s’allument, choisissez des tableaux propres à les réprimer. Un vieux militaire qui s’est distingué par ses moeurs, autant que par son courage, m’a raconté que, dans fa première jeunesse, son père, homme de sens, mais très-dévot, voyant

son tempérament naissant se livrer aux femmes , n’ép3rgna rien pour le contenir ; mais enfin, malgré tous ses soins, le sentant prêt à lui échapper, il s’avisa de le mener dans un hôpital de véroles, 8e fans le prévenir de rien, le fit entrer dans ur.e salie, où une troupe de ces malheureux expioient par un traitement effroyable le désordre qui les y avoit exposés. A ce hideux aspect , qui révoltoit à la fois tous les sens , le jeune’ homme faillit à se trouver mal. Va, misérable débauché, lui dit alors le père d’un ton véhément, suis le vil penchant qui t’entraine ; bientôt tu feras trop heureux d’être admis dans cette salle, où, viBime det plus infâmes doulews, tu forceras ton per’e à remercier Dieu de ta mort.

Ce peu de mots, joints à l’énergique tableau qui frâppoit le jeune homme, lui firent une impression qui ne s’effaça jamais. Condamné, par son état, à passer fa jeunesse ddns de3 garnisons, il aima mieux essuyer toutes les railleries de ses camarades, que d’imiter leur libertinage. J’ai été homme, me dt-l, j’ai eu des foiblesses ; mais parvenu jusqu’à mon âge , je n’ai jamais pu voir une fille publique fans horreur. Maitre ! peu de discours ; mais apprenez à choisir les lieux, les temps, les personnes ; puis donnez toutes vos leçons en exemples, & soyez sûr de leur effet. L’emploi de Tenfance est peu de chose. Le mal qui s’y plisse n’est point fans .remède, 8e le bien qui s’y fait peut venir plus tard ; mais il n’en est pas ainsi du premier âge où’ Thomme commence véritablement à vivre. Cet âge ne dure jamais Hhha

( r ) Le commencement de ce livre se trouve dans les articles AMOUK DE SOI,.PASSIONS, PUDEUR^ du dictionnaire de morale.