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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Nous savons, dit M. Arcère, que les chemises de toile ne furent en usage que bien tard ; mais le passage de Montfaucon qu’il cite, n’est point une preuve. Il n’en donne aucune pour établir que le subucula & l’indusium fussent toujours ou même ordinairement de laine. L’autorité d’Horace seroit bien foible ; mais encore ne dit-il pas que les tables étoient sans napes ; quand il seroit vrai que celle de Nasidienus n’en eût point, ce que ne dit même pas le Mensam pertersit. Au reste, cette assertion de M. Arcère est formellement démentie par Martial (Amictorium cxlix, liv. 14.)
Mammosam metuo : teneræ me trade puellæ,
Ut possint niveo pectore lina frui.
Je laisse à l’Histoire Naturelle à parler du lin incombustible ; l’amiante ou abeste, sur laquelle on a fait des dîssertations très-savantes, des essais peu curieux & très-inutiles.

L’habillement de toile resta particulièrement affecté aux femmes, & ce fut dans la suite un si grand luxe chez elles de se vêtir de ces belles toiles de coton qu’on travailloit dans l’île de Cos, que l’usage pour les hommes en indiquoit la molesse.

Pour les peuples longtems moins policés & moins corrompus que ne le devinrent les Grecs & les Romains, ce fut l’ouvrage des siècles de passer de l’écorce ou de la natte à la toile ; mais une fois ainsi vêtues, les nations des pays méridionaux dédaignèrent toute autre étoffe ; aujourd’hui encore les Africains de la cote occidentale & les habitans des îles du Cap vert, qui reçoivent, en échange de leurs denrées, des toiles & des toileries de nos fabriques, méprisent également toutes les sortes de lainages.

CotonLe coton fut un terme générique de toutes les espèces de bourres végétales que l’industrie humaine assujettit à la filature, comme le lin l’avoit été de tous les filamens tirés des plantes.

Au pays des Seres, comme au Golfe Persique, dans les îles Tilos, on le récoltoit également sur les arbres, mais avec cette différence, qu’aux Tilos il étoit enfermé dans des capsules qui s’ouvroient lorsqu’il étoit mur, & que dans l’autre contrée, on le trouvait en duvet appliqué sur les feuilles même de l’arbre.

Pline compiloit en narrant ainsi : Cette bourre qu’on récoltoit sur les feuilles des arbres, étoit la soie dont à Rome, au temps de Pline, on ignoroit encore l’origine.

Dans la haute Egypte, le cotonnier étoit un arbrisseau, & c’est le même qu’on cultive à Malthe ; dans l’Inde, il étoit en arbre, tel qu’on l’a trouvé dans l’Amérique méridionale. Ces arbres, dit bonnement Hérodote, portoient, au lieu de fruits, de la laine dont le peuple se faisoit des habits, laquelle étoit plus belle & beaucoup meilleure que celle des brebis. Ailleurs, il étoit herbacé, comme il s’en voit beaucoup dans le Levant.