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l’eau bouillante ou par l’effet de l’eau en vapeur : cette di !folution n’étoit due à aucun autre agent, puilque le digelleur ne contenoit que de l’eau. Cette premiere expérience peuvoit paroître décifive ; mais honores de la confiance de’l'académie, qui avoit anciennement couronné un procédé différent, nous refusâmes à M . l’abbé Collomb de faire notre rapport à la compagnie. Nous demandames des expériences en grand ; nous exigeâmes que les foies ainfi décreufées fulfent mifes en teinture. Nos demandes , quoique fondées, ont occafionné de longs délais , parce qu’un digelleur en grand ell un obj~t difpendieu~ ; d’ailleurs h~~arder u~ quintal ~e fote pour v~nfier ~ne .e~pertence faite en pettt , ell un facnfice qu1 , )Otnt avec les frais du digelleur , fait une fomme a !fez forte pour refroidir le zele de ceux qui auroient voulu fecoAder les travaux de M. l’abbé Collomb. Il falloit un teinturier atlif, éclairé , riche, fur lequel )es petits intérêts particulier& filfent peu d’impreffton , & : qui fùr fufceptible de ce noble enthoufiafme fans lequel on ne fait rien de grand ni dan5 les fciences ni dans les arts. Tel eR celui qui a mis le fceau de l’évidence à la découverte de M. l’abbé Collomb.
M. Capelin a facrifié non feulement 1000 écus pour f.tire conllruire un grand digelleur qui peut contenir cinq ânées d’eau , mais il a fourni toutes les foies qui ont été néce !faires pour les quatre grandes expériences qui ont été faites. Dans la premiere , on a e !’llployé cinq livres dix onces de !oie organcin, cinq livres I’l. onces de foie trame, & : vingt-deux livres de foie ovalle pour les bas ; en tout trente-trois livres fept onces, Dans le fecond elfai , il y a eu foixante livres de rondelette ou foié torfe pour la couture. Dans .la troifieme , cent quatorze livres & : demie grenadine en foie de Reggio , dire Jamhatelly, pour la dentelle.
Dans la quatrieme expérience faite en notre préfence , il y avoit foixante-dix livres & : demie rondcleuine blanche , foie du Levant, dite de Chypre, pour la couture ; plus quatorze livres& : demie foie blanche , dite tripoline, montée pour la dorure ; en tout quatre-vingt-cinq livres : ainli , dans les quatre expériences on a e !fayé deux cents quatrevingt-douze livres quatorze once& & : demie de {oie. La derniere a été faire le 17 de ce mois. Il y avoit environ deux ânées & demie d’eau dans le digelleur. Le feu fut allumé entre 9 & : 10 heures du matin , & à trois heures la foie étoir parfaitement décreufée. Toutes les circonfiances cmt été les mêmes que dans l’expérience du 1er. décembre 1784 ; même odeur de foie à la forrie de la vapeur, & même couleur dans l’eau. Le principe gommeux qui ell dans la foie qui n’a pas fubi l’opération du décreufement, fe trouve par conféquent dans l’eau qui a fervi à l’e ;xpérience. En la foumettant à l’évaporation, on fera certain d’avoir eette gomme fmguliere dant un état Tome II. Ptmie II.
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de pureté qui ne lailfera aucun doute fur ra nature, quand on aura fait toutes les expériences nécellàires pour la déterminer. M . Tillier a bien voulu fe charger de ce travail long & intére !fant , & nous en rendrons compte un jour à l’acadérvie ; cet objet étant étranger à la découverte de M. l’abbé CoIIomb , nous n’avons pas voulu le priver du certificat qu’il a droit d’efpérer de l’académie, en ." conféquence du rapport que nous faifons aujourd’hui. Mais , pour déterminer le jugement de la compagnie , nous ferons quelques réBexiç>ns importantes.
La nouvelle maniere de décre)lfer les foies , imaginée par M. l’abbé Collomb , ne peut avoir lieu p~ur routes les couleurs qui exigent un fond blanc : telles que les rofes , les bleus clairs & quelques autres , parce que la foie ainfi décreufée conferve fa couleur naturelle , mais avec une nuance un peu plus claire. Les teintures qui demandent des foies blanches , foat environ la huitieme partie des travaux des teinturiers. M. Capelin nous a dit qu’il y avoit dans cette ville cent quarante maîtres teinturiers dont la confomm :1tion en favon pouvoit erre évaluée à quarante quintauxpar maître ; en ôtant cinq quintaux pour les travaux où il faut que les foies foienr blanches, il relle trente-cinq quintaux de favon · employés dans chaque attelier pour les noirs & : pour les couleurs brunes & foncées ; ce qui fait une dépenCe de 1750 liv. pour chaque maître, à raifon de 50 liv. le quintal de favon ; & : par conféquent les cent ’ quarante maitres confommenr pour ~3~ ,ooo li v. de fa von annuellement. A cette premiere économie , il faut joindre celle d’un tier1 de moins de dépenfe dans le combufiible ; ces deux objets font très-importants dans une ville dé. manufatlures , & : le reflet fe fera fentir dans tous les états , puifque le fa von ell une confommatiou nécelfaire & univerfelle.
Le troilieme avantage qui ell infiniment précieux , ,confille dans la force de la foie, qui, n’étant point affaiblie par le principe alkalin <lu favon , foutient mieux la teinture en noir & toutes les a~tres teintures , que les foies décreufées par l’ancienne méthode : quel que foit le principe cenllituant des ·al kalis , il ell caufiique , & , par fa caullicité , il affoièlit le nerf de la foie. Sur une livre de favon , il fe trouve quarre onces trois gros & : quarante grains d’un fel alkali , formé par l’union de parties égales de Coude d’Alicante & de chaux vive éteinte. Pour décreufer un quintal de foie, on emploie dix-huit livres de fa von, c’ell-àdire , qu’il fe trouve environ ciaq livres poids de marc d’olkali dans une chaudiere où l’on décreufe cent livres de foie. O .r cet alkali , dont la caufricité n’eft pas farurée par l’huile , porte fon aélion fur la foie , fur-tout lorfque le principe de la chaleur , qui ell en même temps Je principe de la caullicité , s’llnit à celle de cette mallè alkaline.
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