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DISCOURS

positions géométriques qui ne reçoivent point de comparaisons à autres, quelles qu’elles soient, pour ce que le sujet qu’elles traitent combat avec la démonstration : leur donnant le sujet, la beauté & la grandeur ; & la démonstration, la preuve si exquise qu’il n’y a que redire, avec une force & facilité merveilleuse : car on ne sauroit trouver en toute la Géométrie de plus difficiles ni plus profondes matières, écrites en plus simples & plus clairs termes, & par plus faciles principes, que sont celles qu’il a inventées. »

Le jugement d’Archimède, sur l’excellence de la Géométrie ; doit s’étendre également à la Méchanique rationnelle & théorique ; car les vérités qu’elle démontre sont aussi certaines, aussi intellectuelles, & quelquefois aussi profondes que celles de la Géométrie pure. Mais il n’est pas permis de placer sur la même ligne la Méchanique pratique, puisqu’un homme, qui étoit tout-à-la-fois un grand Géomètre & un grand Machiniste, nous le défend d’une manière si positive : cependant elle demande souvent beaucoup d’esprit & d’invention, & assurément un Machiniste du premier ordre l’emporte sur un Géomètre ordinaire.

Les anciens n’ont rien ajouté à la théorie qu’Archimède avoit donnée de la statique ; mais ils en ont fait l’application à un grand nombre de machines très-ingénieuses, pour les différens besoins de la société. On admire sur-tout leurs machines militaires.

À l’égard de la Science du mouvement, elle est entièrement dûe aux modernes.


hydrodynamique. La Méchanique des fluides ne seroit qu’une branche de celle des solides, si l’on pouvoit déterminer la figure, le nombre & les masses des atomes élémentaires qui composent un fluide, & soumettre ensuite aux loix générales de la Méchanique les efforts que ces atomes exercent les uns sur les autres, en vertu de la pesanteur, ou de la pression de quelqu’agent extérieur. Mais cette manière de traiter la question nous est interdite, parce que nous n’avons pas les données nécessaires, & que d’ailleurs la complication de ces données conditionnelles meneroit à des calculs insurmontables aux forces de l’analyse. Ainsi, pour établir les principes de l’Hydrodynamique, on est forcé d’appeller au secours de la Méchanique, la connoissance expérimentale de quelque propriété primitive des fluides, d’où l’on puisse déduire ensuite toutes les autres. Cette nouvelle difficulté est cause que les anciens ont seulement fait des progrès dans l’Hydrostatique, ou dans cette partie de l’Hydrodynamique, qui considère l’équilibre des fluides ; & c’est encore à Archimède qu’on en est redevable.