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PRÉLIMINAIRE

Si, entraîné par la réputation & l’autorité de ces savans, dont les recueils peuvent être consultés avec fruit, mais ne doivent pas servir de guides, j’avois cru pouvoir me dispenser de puiser dans les sources, & de suivre un autre plan, j’aurais fait les mêmes fautes qu’eux & mon ouvrage aussi sec, aussi diffus, aussi pesant que le leur, auroit excité les mêmes plaintes de la part des lecteurs Philosophes, les seuls dont on doive desirer le suffrage, parce que s’il n’est pas toujours ratifié par le public au moment où ils l’accordent, il est nécessairement le seul qui reste & qui fasse loi dans l’avenir.

C’est un principe connu & avoué des meilleurs esprits, qu’il faut redoubler de preuves à proportion que ce que l’on combat est plus établi : j’ajouterai donc ici que ceux à qui le jugement que je porte de Brucker & de Stanley paroîtra trop sévère, m’excuserons peut-être, s’ils prennent la peine de comparer ce que ces auteurs disent de la Philosophie des Académiciens avec ce même article, tel qu’il est imprimé dans ce volume[1]. Sans parler de beaucoup de choses qu’ils auroient dû dire, & qu’ils n’ont pas seulement indiquées, ni même entrevues, les nuances délicates & fugitives qui séparent les trois époques célèbres de l’académie, ne sont pas assez distinctes, & semblent se confondre ; défaut de critique, ou, si l’on veut, négligence d’autant plus blâmable, que cet article Académiciens est un des plus curieux & des plus importans de la Philosophie ancienne, & méritoit, sous ce point de vue, une attention particulière. En effet il n’est aucune secte (si ce n’est peut-être celle des stoïciens) dont la doctrine, en général, peu connue des modernes, soit plus subtile, plus obscure, plus difficile à éclaircir & à exposer fidèlement dans toutes ses parties. On trouve peu d’observations exactes sur cette matière dans les auteurs qui ont écrit de la Philosophie des anciens. Le petit ouvrage latin de Pierre Valentia, publié il y a deux cens ans, en apprend lui seul, plus que le fatras métaphysique & théologico-scolastique de M. Castillon, qui, même avec le secours de Brucker & de Stanley beaucoup plus savans que lui, & avec moins de faste, n’a donné qu’une idée vague, incomplette & souvent fausse des opinions des académiciens. En rassemblant tout ce qu’il en dit dans ses notes sur le Lucullus de Cicéron, on n’en connoît pas mieux cette secte fameuse qui a eu pour défenseurs & pour appuis les plus grands génies de la Grèce & de Rome ; qui a changé presqu’entièrement la méthode de philosopher des anciens, accoutumé peu-à-peu les dogmatiques à tempérer la hardiesse & la témérité de leurs assertions, & éclairé les modernes sur la meilleure manière de procéder dans la recherche de la vérité. On peut, sans doute lui reprocher l’ufage trop fréquent d’une

  1. Voyez depuis la page 19, jusqu’à la page 132.

    Quelque soin que j’aie apporté à la correction des épreuves, j’ai remarqué depuis l’impression de cet article plusieurs fautes qui me sont échappées. Quelques unes sont assez legeres, & n’exigent point d’errata ; mais il s’en trouve une très grave & qui corrompt le sens. Voyez page. 23. colon. premiere, ligne 5, en remontant, & lisez une différence essentielle entre, &c.