Page:Encyclopédie méthodique - Philosophie - T1, p1, A-B.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ARA ARI 185

minutes & les autres circonstances propres à attirer de bénignes influences, & se servir des évocations, des enchantemens & des talismans qui étoient agréables à la planète ; que ces simulacres tenoient la place de ces dieux célestes, & qu’ils étoient entr’eux & nous autant de médiateurs.

Leurs pratiques n’étoient pas moins ridicules que leur croyance. Abulfeda rapporte qu’ils avoient coutume de prier la face tournée vers le pole arctique trois fois par jour, avant le lever du soleil, à midi & au soir ; qu’ils avoient trois jeûnes, l’un de trente jours, l’autre de neuf, & l’autre de sept ; qu’ils s’abstenoient de manger des fèves & de l’ail ; qu’ils faisoient brûler entièrement les victimes & qu’ils ne s’en réservoient rien pour manger.

Voilà tout ce que les Arabes nous ont appris du systême de religion des Zabiens. Plusieurs traces de l’astrologie Chaldaïque, telle que nous la donnerons à l’article Chaldéens, s’y laissent appercevoir. C’est elle sans doute qui aura été la première pierre de l’édifice de religion que les Zabiens ont bâti. On y voit encore quelques autres-traits de ressemblance, comme cette ame du monde qui se distribue dans toutes les différentes parties, & qui anime les corps célestes, sur-tout les planètes dont l’influence sur les choses d ici-bas est si marquée & si incontestable dans tous les vieux systêmes des religions orientales.

Mais ce qui y domine sur-tout, c’est la doctrine d’un médiateur, doctrine qu’ils auront dérobée, soit aux juifs, soit aux chrétiens ; la doctrine des génies médiateurs, laquelle a eu un si grand cours dans tout l’orient, d’où elle a passé chez les cabalistes & les philosophes d’Alexandrie, pour revivre chez quelques chrétiens hérétiques, qui en prirent occasion d’imaginer divers ordres d’éons.

Il est aisé de voir par-là que le Zabianisme n’est qu’un composé monstrueux, & un mélange embarrassant de tout ce que l’idolâtrie, la superstition & l’hérésie ont pu imaginer dans tous les temps de plus ridicule & de plus extravagant. Voilà pourquoi, comme le remarque fort bien Spencer, il n’y a rien de suivi ni de lié dans les différentes parties qui composent le Zabianisme. On y retrouve quelque chose de toutes les religions, malgré la diversité qui les sépare les unes des autres.

Cette seule remarque suffit pour faire voir que le Zabianisme n’est pas aussi ancien qu’on le croit ordinairement, & combien s’abusent ceux qui en donnent le nom à cette idolâtrie universellement répandue des premiers siècles, laquelle adoroit le soleil & les astres. Le culte religieux que les Zabiens rendoient aux astres, les jetta, par cet enchaînement fatal que les erreurs ont entre’elles, dans l’astrologie, science vaine & ridicule, mais qui flatte les deux passions favorites de l’homme ; sa crédulité en lui promettant qu’il percera dans l’avenir ; & son orgueil, en lui insinuant que sa destinée est écrite dans le ciel. Ceux qui d’entr’eux s’y sont le plus distingués sont Thebet-Jben Kerra, Albategnius, &c.

ARI


ARISTOTÉLISME. (Hist. de la philosophie ancienne).

Aristote, fils de Nicomachus & de Phestiade, naquit à Stagire, petite ville de l’Olynthie en Macédoine, la première année de la quatre-vingt-dix-neuvième olympiade, ce qui répond à l’an 354 Avant Jésus-Christ. Stagire n’est guère connue que par ces deux événemens qu’elle donna la naissance à Aristote, & qu’ayant été prise dans une guerre, le prince qui l’avoit détruite pour s’en dire le vainqueur & le maître, voulut bien la faire rebâtir, à la considération du philosophe qui y avoit reçu le jour[1].

La mort prématurée de Nicomachus, médecin & ami d’Aminthas, pere de Philippe, fit tomber Aristote entre les mains d’un certain Proxenus, qui se chargea de son éducation, & qui lui donna les principes de tous les arts & de toutes les sciences. Aristote en fut si reconnoissant, qu’il lui éleva des statues après sa mort, & qu’il en usa envers son fils Nicanor, qu’il instruisoit dans tous les arts libéraux, ainsi que son tuteur en avoit usé envers lui.

On ne sait pas trop de quelle manière il passa les premières années de sa jeunesse. Si l’on en croit Epicure, Athénée & Elien, il avoit reçu de son tuteur une très-mauvaise éducation ; & pour le confirmer, ils disent qu’abandonné à lui-même, il dissipa tout son patrimoine, & embrassa par libertinage le parti des armes ; ce qui ne lui ayant pas réussi, il fut obligé dans la suite, pour pouvoir vivre, de faire un petit trafic de poudre de senteur, & de vendre des remèdes, mais il y en a qui récusent le témoignage de ces auteurs, connus d’ailleurs par leur animosité, & par les traits satyriques qu’ils lançoient contre tous ceux dont le mérite les blessoit ; & ils en appellent à Ammonius, lequel rapporte cet oracle d’Apollon, qui lui fut adressé : allez à Athènes, & étudiez avec persévérance la philosophie, vous aurez plus besoin d’être retenu, que d’être poussé. Il falloit que les oracles fussent

Philosophie anc. & mod. Tome I.                     A 2
  1. Aristotelis philosophi patriam condidit (Alexander) tantæque rerum claritati tam benignum testimonium miscuit. Plin. nat. hist. lib. 7, cap. 29.