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PRÉLIMINAIRE

Robervallium inter se disceptasse resert : quasi non possint plures, & tempore & loco dissidentes, in idem inventum, suopte ingenio, incidere[1].

On trouve plusieurs autres preuves de la justesse de cette réflexion de Bernoulli, dans un très-beau discours qui sert d’introduction à la partie mathématique de l’Encyclopédie méthodique.

J’observerai, à cette occasion, que M. l’abbé Bossut, à qui nous devons cet exposé rapide & précis des progrès des sciences mathématiques depuis leur origine jusqu’à nos jours, acquerroit de nouveaux droits à l’estime des géomètres & à la reconnoissance publique, s’il vouloit joindre à cette préface si curieuse & si instructive, tous les développemens dont elle est susceptible, sur-tout pour la troisième & la quatrième période. Cette histoire de l’analyse, & en particulier des découvertes importantes qu’on a faites par le secours des nouveaux calculs dans toutes les parties des sciences qui ont la géométrie pour base, traitée avec cette clarté, cette exactitude & cette profondeur qui caractérisent tous les ouvrages de M. l’abbé Bossut, ne donneroit pas seulement une grande idée de l’excellence & des avantages des méthodes savantes employées avec tant d’art & de succès dans la géométrie transcendante ; ce seroit encore la preuve la plus décisive, la plus imposante de la force & de la perfectibilité de cette machine singulière & si peu connue, qu’on appelle l’entendement humain.

Au reste, si M. Dutens a eu le talent d’appercevoir dans les anciens ce qui n’y étoit pas, il n’a pas eu celui d’y voir ce qui s’y trouve, & cela étoit en effet plus difficile. On pourroit lui prouver que s’il eût les lumières & les vrais principes qui devoient le guider dans ses recherches, il auroit retrouvé décrits dans les anciens des arts qui sont en usage parmi les modernes, & dont cependant ceux-ci n’ont pris aux Grecs ni l’idée, ni les détails ; & cette correspondance entre les anciens & les modernes, relativement à ces arts, étoit beaucoup plus curieuse à montrer que celle entre de simples opinions, où, à la faveur de plusieurs expressions vagues, obscures, & par cela même susceptibles de plusieurs sens, on trouve tous les rapports qu’on veut voir, à peu-près comme on apperçoit dans les nuages toutes les formes & les figures qu’on imagine.

D’ailleurs, quand M. Dutens auroit démontré ce qu’il avance si légèrement & avec une confiance que la foiblesse de ses preuves & ses méprises continuelles rendent fort suspecte & même un peu ridicule ; quel fruit le philosophe, l’astronome, le physicien &

  1. Joann. Bernoulli, opp. tom. i. pag. 47.

Philosophie anc. & mod. Tome I.