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tamen ideò probamus promiscuè quæ ab autoribus Philosophiæ corpuscularis traduntur : nihil enim frequentius est, quàm ut figuras & molem corpusculorum ad libitum fingant  : exempli gratiâ, nemo hucusque explicuit qualia sint aëris corpuscula, etsi certum sit per eorum qualitates elasticitatem aëris explicari. Deficiunt hactenus principia, quorum ope certè quid de iis colligi datur. Quamobrem in phænomeno acquiescendum erat quod scilicet aër possit comprimi, & continuò sese per majus spatium expandere nitatur. Enim verò non desunt philosophi qui cùm corpuscula principia essendi proxima corporum observabilium esse agnoscant, elaterem quoque aëris per corpuscula ejus explicaturi, figuras aliasque qualitates, pro arbitrio fingunt, etsi nullo modo demonstrar epossint corpusculis aëris convenire istiusmodi figuras & qualitates, quales ipsis tribuunt. Minimè igitur probamus, si quis philosophus corpuscularis sapere velit ultra quod intelligit. Absit autem ut Philosophiæ corpusculari tribuamus quod philosophi est vitium. Deinde philosophi corpusculares in universum omnes hactenus in eo peccant, quod prima rerum mate rialium principia corpuscula esse existiment ; M. Wolf parle ici en Leibnitien. Il ajoute : & plerique etiam à veritate aberrant dum non alias in corpusculis qualitates quàm mechanicas agnoscunt. Il n’y a qu’à lire tous les écrits que la fameuse baguette divinatoire a occasionnés, pour achever de se convaincre des abus dont la physique corpusculaire est susceptible. Wolf, Cosmol. §. 236, in schol.


AUT

AUTOMATISME (histoire de la philosophie moderne). C’est ainsi qu’on désigne l’opinion particulière de certains métaphysiciens plus systématiques qu’observateurs, & plus raisonneurs que philosophes, qui sans consulter l’expérience, & d’après des considérations purement théologiques qu’il faut toujours négliger, lorsqu’on veut faire de la raison, ont prétendu que les bêtes étoient de pures machines.

Cet étrange paradoxe, qu’on peut regarder comme une des plus fortes preuves de la justesse de cette remarque de Cicéron[1], qu’il n’y a rien de si absurde qui n’ait été dit par quelque philosophe, se trouve, selon un savant professeur de belles-lettres, dans les écrits des anciens, d’où si on l’en croit, les modernes en ont pris la première idée.

Si cette assertion a quelque fondement, ce que nous examinerons bientôt, il faut avouer qu’à cet égard les modernes ont porté beaucoup plus loin que les anciens l’amour du paradoxe.

Parmi ces modernes on peut regarder comme un des premiers & des plus ardens défenseurs de l’automatisme, un certain médecin epagnol, nommé Gomesius Péréira qui a vécu au seizième siècle ; il se piqua de l’esprit de contradiction, car il affectoit de combattre les doctrines les mieux établies, & de s’éloigner des sentimens reçus. La liberté de philosopher avoit pour lui un grand charme ; il s’en servit amplement & jusqu’à l’abus. La matière première dont les sectateurs d’Aristote faisoient tant de bruit, fut l’un des monstres qu’il së proposa d’exterminer. Arriaga, l’un des plus subtils scholastiques du dix-septième siècle, nous apprend les objections qu’on faisoit là-dessus à Péréira & la foiblesse de quelques-unes de ses objections.

On lui objectoit entre autres que si sa doctrine étoit véritable, il ne seroit pas permis de vénérer les ossemens ou les reliques des saints ; car après leur mort il ne resteroit aucune matière qui leur eût appartenu. C’est l’une des cinq objections qu’il pouvoit résoudre fort aisement, si l’on en croit Arriaga, qui observe que l’on ne comprenoit pas le sentiment de ce philosophe. Il se croit donc obligé de le rapporter fidelement, & puis il l’attaque par d’autres raisons. Péréira, dit-il n’étoit pas assez insensé pour soutenir que les formes n’étoient point reçues dans un sujet, & que l’homme n’étoit composé que d’ame. Il disoit seulement que le sujet à quoi les ames & les autres formes substantielles sont unies, est un composé des quatre élémens, & non pas une matière première, & il attribuoit aux élémens la même simplicite que l’on attribue à la matière première dans l’école d’Aristote.

Selon Arriaga, la troisième des cinq objections avoit quelque force contre ce sentiment de Péréira, car elle prouvoit qu’un des élémens, produit d’un autre, étoit une chose faite de rien naturellement : Péréira s’embarrassoit peu de cela ; il soutenoit qu’il y a des créatures qui ont la puissance de créer, en quoi Arriaga trouve qu’il avoit raison.

Au reste, quelque avantage que ce médecin ait pu avoir dans cette dispute au fond très-peu importante, ce qu’il mettoit à la place de cette matière première, ne valoit pas mieux que ce qu’il en bannissoit. On ne peut faire quelques pas dans les sciences qu’à l’aide de l’observation & de l’expérience.

Il traita fort mal Galien sur la doctrine des fièvres. Mais ce qu’il y eut de plus surprenant dans ses paradoxes, fut qu’il enseigna que les bêtes sont des machines, & qu’il rejetta l’ame sensitive qu’on leur attribue. On peut voir toutes ces choses dans le livre qu’il intitula Antoniana

  1. Nihil tam absurde dici potest, quod non dicatur ab aliquo philosophorum. Cicer. de Divinat. l. 2