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ANE

compoſée de douze volets fixes. Ces volets ſont inclinés de 50 degrés ſur le rayon prolongé ; & c’eſt l’inclinaiſon qui a paru la plus avantageuſe, pour que de tel côté que le vent ſouffle, les aîles puiſſent ſucceſſivement recevoir tout celui qui ſe dirige perpendiculairement ſur elles, le corps de l’inſtrument reſtant fixe & immobile.

L’expérience ayant fait voir que pour diviſer le cadran de cet anémomètre depuis quatre juſqu’à vingt degrés de vîteſſe environ, le frottement produit par le poids de la roue à volet, de ſon axe, & de la roue dentée qui y eſt fixée, occaſionneroit des différences, à la vérité peu conſidérables & de peu d’importance ; car les vents foibles n’intéreſſent guère ; on peut, pour plus grande préciſion, tracer ces premières diviſions avec un anémomètre à reſſort à boudin, comme celui de M. Bouguer, mais il doit être rectifié.

M. Bouguer dit, pag. 186 de ſa manœuvre des vaiſſeaux, que « pour graduer ou diviſer la verge C D, il faut que l’inſtrument soit preſque entièrement conſtruit : on le met dans une ſituation verticale, & on place ſucceſſivement des poids plus ou moins grands ſur le plan Α B, qui ſe trouve alors horiſontalernent, &c. » M. Brequin a remarqué qu’afin que le plan & la verge puiſſent réſiſter au choc d’un vent de 80 pieds de vîteſſe par ſeconde, ces deux pièces doivent peſer au moins 2 onces de Paris, ce qui ſeul donne le choc d’un vent de plus de dix pieds de vîtesse. L’inſtrument étant vertical & voulant marquer un vent de dix pieds de vîteſſe, il faut poſer, ſuivant M. Bouguer, 2 onces ſur le plan, qui étant joint à ſon propre poids & à celui de la verge, font 4 onces au moins, ce qui indique la force d’un vent d’un peu plus de quatorze pieds de vîteſſe par ſeconde, tandis qu’on n’en marque que 10, & ainſi des autres vîteſſes, &c. Lorſque les diviſions ſont tracées, & qu’on veut ſe ſervir de cet inſtrument, le tuyau qui étoit vertical, pour marquer les diviſions, ſe trouve horiſontal ; alors la peſanteur du plan & la verge n’agit plus que par le frottement, qui ſans rouleaux, eſt à-peu-près le tiers du poids, & avec des rouleaux, ce tiers eſt dans le rapport du diamètre d’un axe de rouleau au diamètre d’un des rouleaux, ce qui eſt réduit à ſi peu de choſe, qu’à l’anémomètre de M. Brequin, ce frottement eſt ſurmonté par 28 grains. Si donc, en diviſant l’inſtrument, on a marqué 10 dégrés là où il doit y en avoir 14, cela fait une différence ſenſible, qui influe plus ou moins ſur toutes les diviſions ; or, la phyſique veut, comme la géométrie, le plus de préciſion qu’il eſt poſſible.

En tenant cet inſtrument à la main, comme le dit M. Bouguer, on n’eſt jamais aſſuré de le tenir horiſonfalement ; s’il eſt oblique, que l’extrémité où eſt le plan ſoit plus élevée que ſon oppoſée, l’inſtrument marquera trop ; & s’il eſt oblique du ſens contraire, il ne marquera point aſſez. Dans le premier cas, le poids du plan & de la verge agira ſur le reſſort ; & dans le ſecond, ce poids dilatera ce reſſort : outre cela, plus une ſurface eſt oblique dans un courant, moins elle reçoit de choc. Donc en obſervant avec cet inſtrument, il doit être horiſontal. Il n’eſt guère poſſible de le mettre dans le courant du vent ſans une girouette ; n’y étant pas, le vent ne peut point agir avec toute ſa force abſolue. Les diviſions étant fort près les unes des autres, & le vent agiſſant par ſecouſſe, on ne ſait, par un grand vent, quel degré prendre pour le plus approchant ; & enfin, en tenant cet inſtrument devant ſoi, l’obſervateur eſt dans le courant du vent, ce qui produit une réflection qui empêche encore l’inſtrument de marquer juſte.

Les changemens qui ont paru néceſſaires à cet inſtrument, ſont exprimés dans les figures qu’on va indiquer. Α, B, C, D, figures 256 & 257, eſt un tuyau d’une forme quarrée, préférable à un rond, à cauſe que dans un quarré le reſſort à boudin a moins de frottement. Ce tuyau eſt compoſé de quatre pièces qui s’emboîtent l’une dans l’autre. La première Α, n’eſt qu’acceſſoire ; elle ſert à porter une poulie E, ſur laquelle paſſe un gros fil ciré, dont une extrémité eſt attaché au bout de la règle ou verge F ; & à l’autre on y fixe un baſſin G de carton, ſuſpendu avec du gros fil : c’eſt ſur ce baſſin qu’on poſe les différens poids dont on a beſoin pour marquer les degrés de viteſſe ſur un cadran, & quand les diviſions ſont tracées, la poulie devient inutile. La ſeconde pièce B, eſt pour le jeu d’une partie de la verge F ; cette pièce de tuyau a sur deux de ſes faces deux montans H, I, qui ſupportent une roue dentée K, qui s’engrène dans une crémaillère L, fixée ſur la verge F, qui eſt de ſapin, ou autre poids léger fendu & point ſcié, pour qu’elle ne ſe tourmente pas, & elle doit être très ſèche. Sur le montant H, figure 258, eſt un cadran affermi par deux vis M, N ; le centre de ce cadran eſt traverſé par un des bouts de l’axe de la roue, & porte l’aiguille qui doit indiquer les degrés qu’on trace ſur le cadran ; on donne à ce cadran un diamètre de 8 à 9 pouces ; il ſuffit que ce diamètre donne une circonférence aſſez grande pour que les diviſions ne ſoient point trop près les unes des autres : la roue dentée demande plus d’attention ; ſa circonférence ne doit avoir qu’environ une ligne de plus que le jeu de la règle F ; c’eſt pourquoi, avant de faire conſtruire cette roue, il faut choiſir un reſſort à boudin dont tout au plus d’once ou 18 grains, puiſſe lui donner un mouvement de compreſſion. Après avoir ajuſté le fil qui doit paſſer ſur la poulie, & y avoir ſuſpendu le petit baſſin de carton ; ſi l’on veut, par exemple, que la plus grande vîteſſe qui doit être marquée ſur le cadran, ſoit de 80 pieds, & que le plan ſoit un quarré de 6 pouces de roi de côté, ayant une livre de Paris, on cherche dans la table de M. Bouguer quel poids répond à la viteſſe de 80 pieds,