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l’un circulaire, l’autre progreſſif, il faut auſſi que l’air monte & circule tout à la fois. De-là il s’enſuit que le corps qui tombe dans ce milieu, recevant, à chaque inſtant de ſa chûte, une nouvelle preſſion, il faut bien que ſon mouvement ſoit accéléré.

Mais pour renverſer toutes les raiſons qu’on tire de l’air par rapport à l’accélération, il ſuffit de dire qu’elle ſe fait auſſi dans le vide, comme nous venons de l’obſerver.

Voici l’explication que les Péripatéticiens donnent du même phénomène. Le mouvement des corps peſans en en-bas, diſent-ils, vient d’un principe intrinſèque qui les fait tendre au centre, comme à leur place propre & à leur élément, où étant arrivés, ils ſeroient dans un repos parfait ; c’eſt pourquoi, ajoutent-ils, plus les corps en approchent, plus leur mouvement s’accroît : ſentiment qui ne mérite pas de réfutation.

Les Gaſſendiſtes donnent une autre raiſon de l’accélération : ils prétendent qu’il ſort de la terre des eſpèces de corpuſcules attractifs, dirigés ſuivant une infinité de filets directs qui montent & deſcendent ; que ces filets, partant comme des rayons d’un centre commun, deviennent de plus en plus divergens à meſure qu’ils s’en éloignent ; enſorte que plus un corps eſt proche du centre, plus il ſupporte de ces filets attractifs, plus par conſéquent ſon mouvement eſt accéléré. Voyez Corpuscules & Aimant.

Les Cartéſiens expliquent l’accélération par des impulſions réitérées de la matière ſubtile éthérée, qui agit continuellement ſur les corps tombans, & les pouſſe en en-bas. V. Cartésianisme, Éther, Matière subtile, Pesanteur, &c.

La cauſe de l’accélération ne paroîtra pas quelque choſe de ſi myſtérieux, ſi on veut faire abſtraction pour un moment de la cauſe qui produit la peſanteur, & ſuppoſer ſeulement avec Galilée que cette cauſe ou force agit continuellement ſur les corps peſans ; on verra facilement que le principe de la gravitation qui détermine le corps à deſcendre, doit accélérer ces corps dans leur chûte par une conſéquence néceſſaire. Voyez Gravitation.

Car le corps étant une fois ſuppoſé déterminé à deſcendre, c’eſt ſans-doute ſa gravité qui eſt la première cauſe de ſon commencement de deſcente : or, quand une fois ſa deſcente eſt commencée, cet état eſt devenu en quelque ſorte naturel au corps, de ſorte que, laiſſé à lui-même, il continueroit toujours de deſcendre, quand même la première cauſe ceſſeroit ; comme nous voyons dans une pierre jetée avec la main, qui ne laiſſe pas de continuer de ſe mouvoir après que la cauſe qui lui a imprimé le mouvement a ceſſé d’agir.

Mais outre cette détermination à deſcendre, imprimée par la première cauſe, laquelle ſuffiroit pour continuer à l’infini le même degré de mouvement une fois commencé, il s’y joint perpétuellement de nouveaux efforts de la même cauſe, ſavoir, de la gravité, qui continue d’agir ſur le corps déjà en mouvement, de même que s’il étoit en repos.

Ainſi, y ayant deux cauſes de mouvement qui agiſſent l’une & l’autre en même direction, c’eſt-à-dire, vers le centre de la terre, il faut néceſſairement que le mouvement qu’elles produiſent enſemble, ſoit plus conſidérable que celui que produiroit l’un des deux. Et tandis que la vîteſſe eſt ainſi augmentée, la même cauſe ſubſiſtant toujours pour l’augmenter encore davantage, il faut néceſſairement que la deſcente ſoit continuellement accélérée.

Suppoſons donc que la gravité, de quelque principe qu’elle procède, agiſſe uniformément ſur tous les corps à égale diſtance du centre de la terre ; diviſant le temps que le corps peſant met à tomber ſur la terre, en parties égales infiniment petites, cette gravité pouſſera le corps vers le centre de la terre, dans le premier inſtant infiniment court de la deſcente : ſi après cela on ſuppoſe que l’action de la gravité ceſſe, le corps continueroit toujours de s’approcher uniformément du centre de la terre avec une vîteſſe infiniment petite, égale à celle qui réſulte de la première impreſſion.

Mais enſuite, ſi l’on ſuppoſe que l’action de la gravité continue, dans le ſecond inſtant, le corps recevra une nouvelle impulſion vers la terre, égale à celle qu’il a reçue dans le premier, par conſéquent ſa vîteſſe ſera double de ce qu’elle étoit dans le premier inſtant ; dans le troiſième inſtant elle ſera triple ; dans le quatrième, quadruple ; & ainſi de ſuite : car l’impreſſion faite dans un inſtant précédent, n’eſt point du tout altérée par celle qui ſe fait dans l’inſtant ſuivant ; mais elles ſont, pour ainſi dire, entaſſées & accumulées l’une ſur l’autre.

C’eſt pourquoi, comme les inſtans de temps ſont ſuppoſés infiniment petits, & tous égaux les uns aux autres, la vîteſſe acquiſe par le corps tombant ſera dans chaque inſtant comme les temps depuis le commencement de la deſcente, & par conſéquent la vîteſſe ſera proportionnelle au temps dans lequel elle eſt acquiſe.

De plus, l’eſpace parcouru par le corps en mouvement pendant un temps donné, & avec une vîteſſe donnée, peut être conſidéré comme un rectangle compoſé du temps & de la vîteſſe. Je ſuppoſe donc Α (fig. 87) le corps peſant qui deſcend, Α B le temps de la deſcente ; je partage cette ligne en un certain nombre de parties égales, qui marqueront les intervalles ou portions du temps donné, ſavoir, Α C, C E, E G, &c. je ſuppoſe que le corps deſcend durant le temps exprimé par la première des diviſions Α C, avec une certaine vîteſſe uniforme provenant du degré de gravité qu’on lui ſuppoſe ; cette vîteſſe ſera repréſentée par Α D, & l’eſpace parcouru, par le rectangle C Α D.

Or, l’action de la gravité ayant produit, dans le premier moment, la vîteſſe Α D, dans le corps

précédemment en repos ; dans le ſecond momens

elle