Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
ACA-ACC
7

Le nombre des académies nationales & étrangères, qui s’occupent de la phyſique & des autres, ſciences qui y ont rapport, eſt trop grand, pour en faire ici mention ; nous nous contenterons de citer ici celles qui ont publié des collections de mémoires, leſquelles ſont déjà aſſez nombreuſes. On en compte déjà trente ; telles ſont celles de Paris, Londres, Berlin, Petersbourg, Stockholm, Upſal, Bologne, Sienne, Turin, Bruxelles, Montpellier, Breſt, Toulouſe, Dijon, Gottingue, Gieſſen, Dantzick ; Manheim, Erford, Harlem, Fleſſingue, Rotterdam, Bavière, Bohême, Philadelphie, Lauſane ; les mémoires de la ſociété italienne, ſous le titre de mémoriè di matematica e fiſica della ſocieta italiana ; les eſſais ſcientifiques & littéraires de l’académie de Padoue ; les tranſactions philoſophiques de l’académie de Dublin, & les tranſactions de l’académie d’Edimbourg. Tous ces ouvrages contiennent un grand nombre de mémoires ſur divers objets de phyſique ; on aura ſoin de faire mention, dans le cours de cet ouvrage, des articles de phyſique les plus intéreſſans qui y ſont traités, aux mots auxquels ils ſont relatifs.

ACAMPTES. Dénomination particulière dont s’eſt ſervi Leibnitz, pour déſigner une ſorte de figure qui ne réfléchit point la lumière, quoiqu’elle ſoit opaque & polie. Voyez les actes de Leipſick.

ACC

ACCÉLÉRATION. Ce mot ſignifie l’augmentation ſucceſſive du mouvement dans un corps, l’accélération eſt oppoſée à la diminution de viteſſe (Voyez Retardation), & s’emploie en phyſique & en aſtronomie. La chûte des corps graves eſt accélérée, & perſonne ne peut douter de cette accélération démontrée par l’expérience ; car plus un corps tombe de haut, plus il choque avec force les corps qu’il rencontre. Suppoſons qu’on laiſſe tomber ſucceſſivement ſur de la terre molle une boule de cuivre, par exemple, de différentes hauteurs qui ſoient entr’elles comme les nombres 1, 2, 3 ; on remarquera que les cavités ou enfoncemens faits par la boule ſeront, 1o. d’autant plus grands que la boule ſera tombée de plus haut, & 2o. que ces enfoncemens ſeront proportionnels aux hauteurs d’où la boule ſera tombée ; ainſi, dans l’expérience indiquée, ils ſeront comme 1, 2 & 3 ; & on en ſera convaincu, en meſurant ces enfoncemens ; ſoit par leur profondeur, ſoit par leur diamètre, ou, plus ſimplement, en les rempliſſant de gouttes d’huile qu’on comptera, ainſi que le dit Hamberger, dans ſa phyſique. La raiſon en eſt que ces effets ſont comme le produit de la maſſe par la viteſſe ; mais la maſſe étant ici la même, ils ſeront comme la viteſſe ; les corps qui tombent de plus haut, ayant plus de force, comme on le voit par les enfoncemens, ont donc plus de viteſſe. La viteſſe d’un corps qui tombe de plus haut, reçoit donc de l’accroiſſement, c’eſt-à-dire, de l’accélération. Ce qui confirme cette vérité, c’eſt que ſi on laiſſe tomber ſur l’argile molle trois boules de cuivre de même diamètre, & dont les maſſes ou poids ſoient comme 1, 2 & 3 ; mais de hauteur réciproque aux maſſes, les enfoncemens ſeront égaux ; ainſi, par exemple, la maſſe 1 tombant d’une hauteur comme 3, produira un effet ſemblable à celui de la maſſe 3 qui parcourt un eſpace comme 1, ce qui prouve évidemment que la viteſſe d’un corps qui tombe de plus haut, eſt accélérée, & que ſon accélération eſt proportionnelle à la hauteur.

Nous trouvons dans le principe qui vient d’être expoſé la raiſon pour laquelle les anciens lançoient fort haut les traits, afin qu’en retombant, ils acquiſſent plus de force. La grêle qui tombe de fort haut, détruit par cette cauſe les moiſſons, tue les beſtiaux, briſe les toîts, les fleurs, les fruits & même les branches de pluſieurs arbres ; & ſans avoir recours à ces exemples, il ſuffit de dire que la chûte d’une pierre fait d’autant plus de mal, qu’elle tombe de plus haut.

[On a imaginé pluſieurs ſyſtêmes pour expliquer cette accélération. Quelques-uns l’ont attribuée à la preſſion de l’air : plus, diſent-ils, un corps deſcend, plus le poids de l’atmoſphère qui pèſe deſſus eſt conſidérable, & la preſſion d’un fluide eſt en raiſon de la hauteur perpendiculaire de ſes colonnes : ajoutez, diſent-ils, que toute la maſſe du fluide preſſant par une infinité de lignes droites qui ſe rencontrent toutes en un point, ſavoir au centre de la terre, ce point où aboutiſſent toutes ces lignes, ſoutient, pour ainſi dire, la preſſion de toute la maſſe ; conſéquemment plus un corps en approche de près, plus il doit ſentir l’effet de la preſſion qui agit ſuivant des lignes prêtes à ſe réunir. Voyez Air & Atmosphère.

Mais ce qui renverſe toute cette explication, c’eſt que plus la preſſion de l’air augmente, plus augmente auſſi la réſiſtance ou la force avec laquelle ce même fluide, tend à repouſſer en en-haut le corps tombant. Voyez Fluide.

On eſſaye pourtant encore de répondre que l’air, à meſure qu’il eſt plus proche de la terre, eſt plus groſſier & plus rempli de vapeurs & de particules hétérogènes qui ne ſont point un véritable air élaſtique ; & l’on ajoute que le corps, à meſure qu’il deſcend, trouvant toujours moins de réſiſtance de la part de l’élaſticité de l’air, & cependant étant toujours déprimé par la même force de gravité qui continue d’agir ſur lui, il ne peut pas manquer d’être accéléré. Mais on ſent aſſez tout le vague & le peu de préciſion de cette réponſe : d’ailleurs, les corps tombent plus vîte dans le vide, que dans l’air. Voyez Machine pneumatique ; voyez auſſi Élasticité.

Hobbes, Philoſop. Probl. c. j. p. 3. attribue l’accélération à une nouvelle impreſſion de la cauſe qui produit la chûte des corps, laquelle, ſelon ſon principe, eſt auſſi l’air : en même temps, dit-il, qu’une partie de l’atmoſphère monte, l’autre deſcend ; car en conſéquence du mouvement de la terre, lequel eſt compoſé de deux mouvemens,