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ARC
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à l’extrémité du même ſommet eſt adapté un œil de la grandeur ordinaire de l’œil d’un homme, & qui ſert à représenter l’œil du ſpectateur ; outre cela, une verge de fer, longue de trois pieds, eſt adaptée au cône & à l’axe ; l’extrémité de cette verge ſe termine par un manche M ; un globe doré S eſt enfilé ſur cette verge, & ce globe repréſente le ſoleil ; la base du cône B eſt entourée d’une bande large ſemi-circulaire, ſur laquelle on peint les ſept couleurs de l’iris ; le côté du cône forme avec l’axe un angle de 40 degrés 17 minutes ; la largeur de la bande peinte ſur la baſe du cône, eſt de près de deux degrés, conformément à la largeur ordinaire d’un iris principal. E, E, ſont deux plans triangulaires mobiles, dont le centre du mouvement eſt placé au-deſſus du ſommet du cône ; ces deux plans ſont conſtamment appliqués à chaque côté du cône ; ils ſervent à cacher l’échancrure faite à la table, & ils repréſentent en même temps l’horiſon. On verra, dans la figure 70, comment ils ſont conſtamment appliqués aux deux côtés du cône. Cela poſé, lorſque la tige de fer, ainſi que le ſoleil S, eſt parallèle à l’horiſon, la moitié du cône eſt au-deſſus de la table, & l’œil du ſpectateur, qui eſt en D, voit la bande colorée ſemi-circulaire placée à la baſe du cône : mais lorſque la main ſaiſit le manche de la tige de fer, & élève le ſoleil S, le cône s’abaiſſe ainſi que le limbe qui eſt adhérent à la basſe du cône, qui alors devient moindre qu’un demi-cercle. Si on élève encore le ſoleil S, on abaiſſe toujours, dans la même proportion le cône, & conſéquemment l’arc, repréſente l’iris qui diminue auſſi ; ce qui a lieu juſqu’à ce que le ſoleil S ſoit élevé à 42 degrés 1 minute ; car alors tout l’arc-en-ciel ſe trouve au-deſſus de l’horiſon, & les plans E E couvrent entièrement le cône. Ce limbe, coloré appliqué à la baſe du cône, repréſente la pluie qui tombe au-devant & au loin du ſpectateur, dans le temps qu’on obſerve dans le ciel un ample arc-en-ciel ; mais comme il arrive quelquefois que l’arc-en-ciel paroît plus petit, lorſque la pluie qui tombe n’eſt pas éloignée du ſpectateur, il y a ſur cette machine un autre arc plan L, ſur lequel on a peint les ſept couleurs de l’iris, qui eſt placé à une plus proche diſtance du ſommet du cône, & dont la largeur eſt proportionnée, de façon que cet arc forme un demi-cercle sur l’horiſon, lorſque le ſoleil eſt à l’horiſon, & qu’il eſt tout-à-fait caché par les plans E, E, lorſque le ſoleil eſt élevé à 42 degrés 2 minutes au-deſſus de l’horiſon : on repréſente donc aiſément, à l’aide de cette machine, comme il arrive que l’arc-en-ciel paroiſſe quelquefois très-ample, & quelquefois très-petit.

Il y a outre cela ſur cette machine un autre limbe N, placé au-deſſus du premier limbe L ; ce limbe N repréſente le ſecond iris, & les couleurs de ce dernier y ſont peintes dans un ordre renverſé. On a donné à ce dernier limbe une largeur ſuffiſante pour que cet iris paroisse à l’œil du ſpectateur, placé en D, de 3 degrés 8 minutes de largeur. Ce limbe repréſente un demi-cercle au-deſſus de la table lorſque le ſoleil S eſt placé dans le plan de cette table, ou ſe trouve à l’horiſon. Mais lorſque le ſoleil S eſt élevé à 54 degrés 7 minutes au-deſſus de l’horiſon, ce limbe deſcend au-deſſous de l’horiſon, & ſe dérobe à l’œil du ſpectateur. Les bords intérieurs des plans E, E, ceux qui ſont contigus & qui touchent les côtés du cône, ſont auſſi peints des mêmes couleurs que l’iris ; ils ont les mêmes dimenſions que l’iris lui-même dans l’endroit où ils touchent le limbe de la baſe B ; mais leur largeur va toujours en diminuant, & ils ſe terminent en un point auprès du ſommet du cône. Ces bords colorés repréſentent les jambes de l’iris, celles qu’on remarque à la campagne, dans un iris naturel, lorſqu’une nuée qui lance la pluie paſſe ſur la tête du ſpectateur, & fait tomber des gouttes de pluie qui s’attachent à l’herbe. La fig. 71 repréſente la même machine, mais vue par derrière : on y voit même le limbe coloré qui eſt adhérent à la baſe du cône. Les plans triangulaires E, E ſont tirés par les cordes H H, qui paſſent ſur la circonférence de deux poulies horiſontales K, K, pour venir embraſſer les gorges de deux autres poulies verticales R, R : on attache aux extrémités de ces cordes deux poids P, P par le moyen deſquels les deux plans ſont conſtamment tirés & appliqués contre les côtés du cône ; & par ce moyen l’échancrure faite à la table eſt continuellement cachée, & les plans E, E repréſentent l’horiſon. On peut conſulter ſur cela, & ſur ce qui y a rapport, les Tranſ. Philoſ. d’Angleterre, n. 240, 267, 375. Les notes de Clarck, ſur la phyſique de Rohault, part. III. ch. 17. Les ouvrages de Jacques Bernouilli, vol. I. pag. 401. L’optique de Newton, & ſes leçons d’optique. Smith compleat ſyſtem. of Optics Book. 2. c. 10. Martin dans ſa philoſoph. Britann. volume II.

4o. De quelques variétés d’iris ou d’arc-en-ciel & de ſes différentes eſpèces.

Arc-en-Ciel blanc. Pluſieurs obſervateurs ont vu en différentes circonſtances des arcs-en-ciel blancs ; & on ne ſauroit douter de leur exiſtence. Le docteur Menzelius obſerva dans les environs de Berlin, le 22 ſeptembre 1676, ſur les ſix heures du matin, un arc-en-ciel blanc qui dura une heure. Il vit au même endroit, le premier octobre 1680, un arc-en-ciel ſemblable qui commença à 7 heures & demie du matin & finit à 9 heures & demie. Le 6 octobre 1684, cet obſervateur apperçut un autre arc-en-ciel blanc, depuis ſept heures du matin juſqu’à huit heures. Ce ſavant penſe que cette eſpèce d’arc-en-ciel eſt formée des rayons réfléchis par des vapeurs & des nuages épais, d’autant que leurs extrémités inférieures paroissent ordinairement plus groſſes & plus larges, en s’approchant de la