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de liège, dont l’un ait été charbonné à la flamme d’une bougie, on eſſaye avec une pointe d’approcher un de ces globules de l’autre, celui-ci, s’il eſt libre, fuit à l’approche du premier, & on ne peut les mettre en contact, à moins qu’on ne les preſſe tous deux l’un vers l’autre en ſens contraire ; & dans ce cas, on éprouve une petite réſiſtance ; enfin, dès qu’on les abandonne à eux-mêmes, ils ſe repouſſent & ſe fuyent d’un mouvement accéléré de moins en moins. Autrement, s’il n’y a qu’un globule charbonné, & que le vaſe ſoit de verre, le globule s’éloigne toujours des parois, dont on ne peut l’approcher qu’en ſurmontant une réſiſtance ; & dans ce cas, dès qu’on l’abandonne à lui même, il fuit les parois, pour ſe porter vers le milieu du vaſe.

Enfin, ſi ſur la ſurface d’un liquide, on fait flotter deux corps qui ne ſoient ſuſceptibles ni l’un ni l’autre d’être mouillés par le liquide ; par exemple, ſi ſur un bain de mercure, on place deux balles de fer & qu’on les écarte ſeulement de quelques lignes, auſſitôt qu’on les abandonne à elles mêmes, elles ſe précipitent l’une vers l’autre, & elles paroiſſent adhérer entr’elles, de manière que ſi l’on eſſaye d’écarter l’une, l’autre la ſuit, malgré la réſiſtance que le mercure oppoſe à ſon mouvement ; & ſi le vaſe eſt de verre, enſorte que la ſurface du verre ſoit déprimée & convexe vers les parois, & que les balles ſoient placées dans le voiſinage du verre, elles ſe portent vers les parois, deſquelles on ne peut enſuite les détacher qu’en ſurmontant une aſſez grande réſiſtance. Mais l’analogie avec les phénomènes précédens ceſſe ici ; car ſi l’on achève de remplir le vaſe & que la ſurface du mercure ſurmonte les bords, les balles ne ſont point repouſſées, elles continuent d’adhérer entr’elles & aux parois du vaſe.

En réfléchiſſant ſur ces phénomènes, il paroît que les attractions & les répulſions apparentes qui en ſont l’objet, dépendent uniquement de la faculté que les corps que l’on conſidère, ont d’être tous deux mouillés par le liquide environnant, ou de ne l’être ni l’un ni l’autre, ou enfin de la faculté qu’ils ont, l’un d’être mouillé, & l’autre de ne l’être pas ; & les réſultats peuvent être énoncés d’une manière générale par les trois propoſitions ſuivantes.

Première loi. Lorſque deux corps, ſubmergés dans un liquide, ou flottans à ſa ſurface, & placés dans le voiſinage l’un de l’autre, ſont tous deux ſuſceptibles d’être mouillés par le liquide, ils paroiſſent s’attirer réciproquement, & ils ſe portent l’un vers l’autre.

Seconde loi. Lorſque deux corps ſubmergés ou flottans, & placés dans le voiſinage l’un de l’autre, ne ſont ni l’un ni l’autre ſuſceptibles d’être mouillés par le liquide environnant, ils paroiſſent encore s’attirer.

Troisième loi. Lorſque de deux corps ſubmergés ou flottans, & placés dans le voiſinage l’un de l’autre, l’un eſt ſuſceptible d’être mouillé, tandis que l’autre ne l’eſt pas, ils paroiſſent ſe repouſſer, & ils s’écartent en effet, à moins que quelque obſtacle ne s’oppoſe à cette séparation.

Mariote dans son traité du mouvement des eaux, (page 373, édition de ſes œuvres en 1740) après avoir obſervé les phénomènes précédens, & trouvé les loix qu’on vient d’énoncer, a eſſayé d’en diſtinguer les cauſes. Mais les explications qu’en donne l’auteur du mémoire, ſont bien plus détaillées. Les bornes de cet ouvrage ne nous permettent pas de donner à cet article trop d’étendue, nous nous contenterons de dire, 1o. que lorſque deux corps flottans de figure quelconque, ſéparés par un intervalle capillaire, & ſuſceptibles d’être mouillés par le liquide qui les porte, approchent & adhèrent entr’eux, ce n’eſt pas en vertu d’une attraction immédiate, qu’ils exercent l’un ſur l’autre, mais en vertu de l’action qu’ils exercent ſur le liquide qui les mouille, & qui fait l’office d’une chaîne peſante attachée aux deux corps, & d’autant plus tendue, que l’intervalle eſt plus capillaire. 2o. Lorſque ſur la ſurface d’un liquide, on fait flotter un globule qui n’eſt pas ſuſceptible d’être mouillé, la ſurface du liquide ſe déprime tout autour du globule ; elle prend une courbure dont la convexité eſt tournée vers le haut, & le globule reſte en équilibre, parce que la dépreſſion dont il s’agit ſe faiſant par-tout à la même profondeur, il eſt preſſé par le liquide de la même manière en tout ſens. Il en eſt de même d’un ſecond globule : ſi l’on approche de très-près ces deux corps, le liquide ſe déprime entr’eux, & le ſommet de ſa courbure ne s’élève plus à la même hauteur que le reſte de ſa ſurface. Chacun des deux globules eſt donc moins preſſé par le liquide environnant du côté de l’autre globule, que de toute autre part, & ces deux corps en cédant dans le ſens vers lequel la preſſion eſt moindre ſe portent l’un vers l’autre. 3o. Lorſque ſur la ſurface d’un liquide, on place à quelques pouces de diſtance l’un de l’autre, deux globules flottans, dont l’un eſt ſuſceptible d’être mouillé tandis que l’autre ne l’eſt pas, la ſurface ſe déprime autour du ſecond ; mais elle s’élève autour du premier, elle devient concave vers le haut, & la diſtance des origines de courbures oppoſées varie en général ſuivant la nature du liquide, ſuivant celle du globule, & ſuivant la température. Si l’on approche de très-près les deux corps, la dépreſſion du liquide autour du ſecond globule eſt moindre du côté de l’autre corps, à cauſe de l’élévation que le premier occaſionne autour de lui ; & il en réſulte autour du ſecond un enfoncement dont la forme n’eſt pas ſymétrique. La preſſion que ce corps éprouve de la part du liquide eſt donc plus grande du côté de l’autre corps, que de toute autre part ; & pour céder à la preſſion la plus forte,