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BAL

principales, partant du dôme de la machine, parcouroit dans des eſpèces de gaînes toute la longueur des fuſeaux qu’elles fortifioient. Ces huit cordes étoient ſolidement fixées d’abord à la corde de la circonférence d’en bas, enſuite à l’équateur du globe (où elles avoient un anneau extérieur auquel étoient attachés des cordes pendantes) ; enfin près du pôle ſupérieur au-deſſus duquel elles ſe réuniſſoient extérieurement. Si on ajoute trois bandes de toiles horiſontales, de quatre pouces de large, placées l’une au milieu, & les deux autres vers le dôme, pour renforcer le tout, on aura une idée du corps de cette Montgolfiere, fait d’une toile griſe du pays, fort légére, & aſſez bonne, doublée intérieurement d’un papier d’impreſſion collé avec ſoin. La manche étoit un cône tronqué renverſé de 6 pieds & demi de haut ; ſa circonférence inférieure de 44 pieds, & la ſupérieure de 50, ainſi que celle de l’ouverture du globe à laquelle elle étoit couſue ; l’extérieur étoit doublé en papier.

Pour concevoir la conſtruction de la galerie, il ſuffit d’imaginer un fort cerceau de même grandeur que la circonférence inférieure de la manche, auquel étoient adaptés en dehors deux loges, à peu près quarrées, de 3 pieds 3 pouces de côté, garnies dans tout leur contour d’une baluſtrade de 3 pieds de haut, & ſolidement planchéiées avec un bois léger. C’eſt là que ſe placèrent les voyageurs. À droite & à gauche de chaque loge étoient deux eſpèces de niche avec une baluſtrade, pour y mettre les combuſtibles, les fagots d’un côté, la paille de l’autre. Le réchaud étoit de fil de fer à très-grandes mailles. La galerie, dont on vient de parler, étoit ſoutenue par 30 cordages fixés à la corde de l’ouverture ou aux cordes principales, & ſuſceptibles, au moyen de fortes courroies de cuir, d’être, dans un inſtant, raccourcis ou allongés à volonté. Le bas de la manche étant attaché au grand cerceau de la galerie, les voyageurs & leurs proviſions étoient tout à fait hors de la machine, ils ne pouvoient même alimenter le réchaud que par deux fenêtres de 2 pieds en quarré, pratiquées un peu ſur la droite au-deſſus des baluſtrades des loges, & ouvertes ou fermées à volonté ».

L’expérience a prouvé qu’il étoit preſque néceſſaire d’attacher la galerie avant de commencer le feu ; car ſans cette précaution, on s’expoſe à endommager le globe, & à manquer l’expérience, parce que les efforts qu’on fait pour retenir le globe pendant l’opération, peuvent occaſionner des déchirures.

Cette Montgolfiere ne peſoit, tout compris, qu’environ 1 300 liv. poids de marc. En voici le détail.

Enveloppe ou cordes 
700 liv.
Galerie 
84
Voyageurs 
279
Réchaud 
28
Paille 
80
Bois ſec 
80
Huile de noix 
6
Eſprit-de-vin 
5
Pavillon de ſatin 
4
Inſtrumens divers, éponges, eau, &c. 
25
Total 
1 291 liv.

Le bois avoit paſſé une nuit entière dans un four très-chaud ; il ne pouvoit être plus ſec ; on en avoit fait dix fagots de 8 livres chacun. La paille étoit auſſi diſtribuée en bottes de 4 ou 5 livres. En l’air on dépenſoit près de 6 livres de combuſtibles par minute.

Toutes les dépenſes de cet aéroſtat, en toile, papier, colle, cordages, galerie, réchaud, combuſtibles, &c., &c., ne ſe montèrent qu’à une ſomme d’environ 1 800 livres, & même ſelon les phyſiciens qui l’ont conſtruit, en évitant avec ſoin tous les frais inutiles, & ſur-tout les accidens qui occaſionnèrent pluſieurs fois des réparations, on auroit économiſé au moins 25 piſtoles. On doit ajouter qu’un grand nombre d’amateurs y travaillèrent avec empreſſement. Lettre de M. l’abbé Carnus, contenant la relation du voyage aérien, &c. ; à Rhodès, chez Devic, imprimeur.

Seconde expérience ou Voyage aéroſtatique aux Tuileries. Vers le commencement du mois de mars 1784, MM. Robert furent chargés de conſtruire un aéroſtat pour M. le duc de Chartres. Ils ſe décidèrent de former une ſphère, de la partager par le milieu, & d’ajouter entre les deux hémiſphères un cylindre qui avoit pour longueur les deux tiers du diamètre de la ſphère. « Cette forme nous offrit d’abord, diſent-ils dans leur Mémoire ſur les expériences aéroſtatiques, l’avantage d’augmenter la ſolidité du double, & de diminuer la ſurface d’un quart. Il s’agiſſoit d’appendre à cet aéroſtat une gondole de la longueur du cylindre pour avoir la liberté d’atteindre & d’agir à tous les points de la machine. On nous objecta bientôt qu’en nous portant à l’une des extrémités de cette gondole, nous la ferions incliner d’une manière dangereuſe, nous donnâmes ſur le champ l’expérience du contraire  ». Nous démontrâmes qu’en portant un tiers du leſt à l’une des extrémités de la petite gondole d’un modèle fait en petit dans les proportions de pouces pour pieds, ce modèle d’aéroſtat n’éprouvoit aucune inclinaiſon ; les deux tiers ne le firent que très-peu incliner, &c.