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Enſuite on aſſemble les fuſeaux deux à deux, puis quatre à quatre, les coutures doivent toujours être faites de la même manière, ſoit avant la taille des fuſeaux, ſoit dans les taffetas vernis, c’eſt-à-dire, à ſoie double, à point en arrière, à quatre lignes du bord, & ces bords rabattus enſemble d’un côté. Si ces coutures ſont enduites de pluſieurs couches, on peut ſe diſpenſer de les couvrir de rubans.

Lorſque le ballon eſt achevé, on l’enfle d’air commun avec un ſoufflet à double ame, comme par exemple celui des ſerruriers, &c. cette opération ſe fera aiſément en moins de trois heures, avec un ſoufflet entre leurs valves, duquel ſeroient contenus environ neuf pieds cubes d’air, l’aéroſtat étant ſuppoſé de 27 pieds de diamètre. Alors on s’appercevra ſi l’air ſe perd quelque part, sur-tout ſi on pouſſe un peu d’air, après qu’il en ſera rempli. Quelquefois une ſciſſure arrive à l’entrée de l’appendice où toutes les pointes aboutiſſent : auſſi eſt-il à propos de renforcer cet endroit par une pièce de taffetas verni, taillé en couronne.

Après avoir éprouvé que l’aéroſtat tient l’air pendant quelques jours ſans déperdition ſenſible, on le vuide d’air en ouvrant l’appendice. Si ce dernier a ſix pouces de diamètre, il faudra plus de vingt-quatre heures pour écouler tout l’air dont on l’aura rempli ; & encore ſera-t-on obligé pour accélérer cette opération, de le charger vers la fin par de larges rubans de fil tirés par des poids.

Comme le taffetas & les autres matières dont on forme les enveloppes des ballons ſont perméables au gaz inflammable ; il eſt à propos d’y paſſer une couche de vernis. On a employé le vernis à la gommé élaſtique ou caout-chouc ; voyez l’article Caout-chouc dans ce dictionnaire, dans lequel on a fait connoître l’arbre d’où on tire le ſuc laiteux auquel on a donné ce nom, & où on trouvera la manière de le diſſoudre. Comme le caout-chouc eſt quelquefois rare, on a cherché à le ſuppléer.

On peut imiter la gomme élaſtique par celle qu’on retire du viſcum album de Linné ; ou de la glu du Gui, la glu du Houx, telle qu’on la vend dans le commerce, & qui contient une ſurabondance d’eau ; elle ne brûle pas d’abord, comme le caout-chouc, en la jetant ſur des charbons ardens ; mais en la faiſant bouillir dans un pot pendant une heure environ, & en la retirant dès qu’elle ne pétille plus, elle eſt inflammable alors, & répand en brûlant une odeur ſemblable à celle de la gomme élaſtique, en jetant comme elle une clarté vive, accompagnée d’une fumée épaiſſe. Cette ſubſtance eſt inſoluble à l’eau, les eſprits ardens ne l’attaquent pas, les huiles graſſes & les huiles eſſentielles la diſſolvent au feu ; enfin, elle forme avec les huiles rendues deſſicatives par la litharge, un vernis très-analogue à la gomme élaſtique, long à ſécher, à la vérité, comme le vernis de caout-chouc, mais les taffetas qui en ſont enduits, ont le même brillant, la même tranſparence, la même ſoupleſſe, la même imperméabilité & la même faculté de développer le fluide électrique, ce qui eſt très-commode & très-avantageux pour les nouvelles machines électriques faites en taffetas vernis, & qui produiſent de ſi grands effets : telle a été celle de M. Walchiers de Saint-Amans, de Bruxelles. (Voyez Machine électrique ; Électricité).

La glu du chondrilla juncea. Linn. produite par l’épanchement du ſuc laiteux de cette plante très-commune dans les terreins ſtériles ; cette glu ſe rapproche du caout-chouc qui provient également d’un ſuc laiteux. Le ſuc laiteux du figuier, des différentes eſpèces de tithimale, de l’apocin, &c, produiſent une ſubſtance qui a la plus grande analogie avec le caout-chouc : mais il faut répéter les eſſais ſur ces divers objets. En attendant voici une recette éprouvée.

Recette pour un vernis analogue à celui de la gomme élaſtique. Prenez une livre de glu, mettez-là dans un pot de terre neuf ou très-propre, qui puiſſe réſiſter au feu ; faites bouillir lentement pendant une heure environ, juſqu’à ce que cette ſubſtance ceſſe de pétiller, ou, ce qui revient au même, juſqu’à l’instant où une goutte jetée au feu s’enflammera.

Verſez alors ſur la glu, & en remuant avec une ſpatule de bois, une livre d’eſprit de térébenthine, en éloignant le pot de la flamme, crainte que cette huile eſſentielle ne s’allume, faites bouillir pendant ſix minutes, & verſez enſuite ſur le tout trois livres d’huile bouillante de noix, de lin, ou de pavot, rendue deſſicative par la litharge ; remuez bien, laiſſez bouillir pendant un quart d’heure, & le vernis ſera fait.

Lorſqu’il ſera repoſé pendant 24 heures, & que le marc ſe ſera dépoſé au fond, vous le tranſverſerez dans un autre pot ; & lorſque vous voudrez vous en ſervir, vous aurez attention de le faire chauffer & de l’employer avec un pinceau plat, ſur le taffetas bien tendu ; une bonne couche peut ſuffire, ou ſi l’on en veut deux, il faudra avoir ſoin de les bien étendre & de les établir ſur les deux ſens du taffetas, qu’il faudra laiſſer ſécher ainſi tendu en plein air.

On a verni des ballons avec une légère préparation de colle de poiſſon, dans laquelle on avoit mis au moment de l’ébulition trois livres de gomme arabique blanche en poudre.

On s’eſt ſervi encore avec beaucoup de ſuccès