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ques vains efforts, tout le monde s’eſt-il réuni à accorder toute la gloire de cette découverte à MM. de Montgolfier.

III. De la conſtruction des globes aéroſtatiques. L’art de conſtruire les aéroſtats ſoit à air raréfié, ſoit avec le gaz inflammable, appelé dans la nouvelle nomenclature gaz hydrogène, a été expoſé, en très-grande partie, dans la ſuite des récits hiſtoriques des premiers aéroſtats qui ont été élevés. Nous avons penſé que cette brillante découverte ne pouvoit être expoſée d’une manière intéreſſante, qu’en traitant des principes mêmes qu’on avoit obſervés en les conſtruiſant ; mais comme ceux qui cultivent la phyſique pourroient déſirer quelques détails ultérieurs, relativement à la pratique de cet art, il eſt à propos de donner plus d’étendue à cet objet, & de parcourir ſucceſſivement ce qui regarde la matière dont on peut former l’enveloppe des aéroſtats ; la manière de couper les fuſeaux d’un globe ; les divers procédés de faire le vernis dont on doit enduire l’enveloppe des aéroſtats pour empêcher la diſſipation du gaz inflammable ; le filet dont on couvre l’hémiſphère ſupérieur de l’aéroſtat ; le cercle horiſontal, la gondole ; les matières dont on peut tirer le gaz inflammable, & la façon de l’obtenir ; des tableaux comparatifs des principales dimenſions des aéroſtats faits avec diverſes ſubſtances, &c.

Les enveloppes des aéroſtats peuvent être de la toile peinte, de la toile avec une doublure de papier collé, du papier ſimple ; du taffetas ſur lequel on aura paſſé un vernis, de la baudruche, des peaux des animaux dont on aura diminué le poids, &c. Mais les membranes & les peaux des animaux ont ſur toutes les étoffes l’avantage de la ſoupleſſe, de la force & de l’imperméabilité réunies, leur tiſſu étant beaucoup plus ſolide & plus ſerré que celui des étoffes quelconques : auſſi voyons-nous que les veſſies des animaux ſont d’un uſage plus ſûr pour conſerver de l’air. C’eſt donc aux peaux des animaux qu’on doit s’appliquer à donner des préparations convenables, & on ne doit pas déſeſpérer qu’on en trouve un jour. On remarquera cependant que la veſſie & la baudruche laiſſent paſſer le gaz inflammable avec une grande facilité, quoiqu’elles conſervent l’air atmoſphérique. Cette perméabilité de la veſſie & de la baudruche, relativement au gaz inflammable, eſt prouvée par des faits, car un petit aéroſtat de baudruche non verniſſée perd bientôt ſon gaz inflammable ; & ce gaz, renfermé dans des veſſies, ne s’y conſerve pas long-temps, car on ne peut plus au bout de quelques jours enflammer l’air qui ſort de ces veſſies par un ajutage. Le parchemin, parmi les matières animales, tient très-bien l’air, même fortement comprimé ; le travail qu’a reçu le parchemin, le rendant tout à la fois plus ſec & moins poreux.

Méthode graphique pour couper les fuſeaux d’un globe. 1o. ſont décrits le demi cercle A B C du diamètre du ballon propoſé, figure 124.

2o. Élever du centre D une perpendiculaire D B ;

3o. Diviſer chacun des arcs A B & B C en ſix parties égales, & par ces points de diviſions, tirer des parallèles au diamètre ;

4o. Conſtruire une figure auxiliaire, figure 125, dont la longueur eſt égale au développement des ſix parties compriſes dans l’arc C B ;

5o. À chacune des ſix diviſions de cette même figure auxiliaire, tracer des parallèles 1, 2, 3, 4, 5, 6, ſur leſquelles les dimenſions du fuſeau ſeront rapportées de la manière ſuivante :

6o. On partage l’arc A I, figure 124, en deux parties égales, & du point de partage on tire le rayon I D ; enſuite tous les rayons des parallèles G 5, H 4, I 3, K 2, L 1, ſeront portés du point D comme centre, pour décrire tous les arcs de réduction 5, 4, 3, 2, 1.

7o. On prendra la meſure de chacun de ces arcs de réduction que l’on apportera par ordre ſur la figure auxiliaire ; c’eſt-à-dire, que l’arc 5 ſera porté ſur la parallèle 6, pour avoir les deux points du fuſeau ſur cette parallèle ; l’arc 4 porté par la parallèle 4, & ainſi de ſuite ; ce qui détermine les ſix points de chaque côté de la ligne, qui ſervent à tracer le fuſeau.

L’on prendra enſuite un patron en papier ou en carton ſur cette dimenſion, & il ſervira de modèle pour couper le taffetas ou la toile deſtinée à former le globe.

Lorſque les fuſeaux ſont taillés, on les étend ſur une table de quarante-cinq pieds de longueur pour recevoir la première couche de vernis ; cette première couche ne glace point, elle paſſe à travers l’étoffe, il eſt bon de mettre d’autres pièces deſſous pour qu’il ne ſe perde pas ſur la table.

Le vernis doit être employé à chaud ; il faut avoir ſoin de ne pas chauffer la partie ſupérieure du pot, ſur-tout lorſqu’elle eſt vuide, ce qui brûle la réſine & rend le vernis noir & grenu.

La première couche étant ſèche, on doit en donner encore deux à chaque fuſeau, l’une à l’intérieur, & l’autre à l’extérieur, pour lors elles laiſſent de chaque côté un endroit glacé. Après chaque couche on met les fuſeaux de toute leur longueur ſur l’étendoir, c’eſt-à-dire, ſur des liteaux ſoutenus les uns au-deſſus des autres par des cordes.