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du vernis à la copale ou au ſuccin, que les verniſſeurs préparent. Ces vernis ont un grand avantage, celui de ſécher au bout de deux ou trois jours ; ils donnent au taffetas du brillant, de la ſoupleſſe, & ils ſont imperméables à l’air.

L’ouvrage de M. de Morveau ſur les aéroſtats, contenant des détails intéreſſans pour ceux qui voudroient conſtruire des aéroſtats & leur épargner bien des peines, des tâtonnemens & des frais, nous jugeons à propos de rapporter ce qu’il dit ſur les vernis. Selon cet illuſtre ſavant, la combinaiſon directe de la glu avec l’huile de lin, cuite avec la litharge, donne la compoſition la plus ſimple, la plus adhérente, la plus flexible & en même temps la plus économique : elle eſt ſans contredit d’un uſage bien plus aiſé à traiter, & sur-tout moins chère que celles où l’on fait entrer le caout-chouc qu’il faut fondre ſeul au feu pour pouvoir l’incorporer avec les huiles. La glu s’unit au contraire très-facilement à l’huile graſſe, il ſuffit de la jeter dans l’huile bouillante, & d’agiter le mélange. Les proportions ſont de deux parties d’huile ſur une de glu ; elles varient ſuivant que l’on préfère de donner plus de couches, ou de les donner plus épaiſſes ; on eſt même toujours obligé de délayer pour pouvoir poſer également le vernis, & c’eſt toujours de l’huile graſſe qu’il faut employer pour cela. On doit toujours prendre de la glu récente.

Le ſeul inconvénient des compoſitions dont la glu fait une partie conſidérable eſt de ſécher très-lentement ; mais cet inconvénient eſt commun au caout-chouc qui ſèche ſi difficilement, qu’on eſt obligé d’expoſer les pièces que l’on travaille avec cette réſine à la fumée, pour que les parties arides qu’elle y laiſſe, les empêche de ſe coller.

Lorſqu’on eſt preſſé de faire une expérience, afin que la deſſication ſoit plus prompte, on peut avoir recours au procédé ſuivant. On fait bouillir dans un grand pot de terre, une livre d’huile de lin cuite auparavant ſur la litharge ; on fait fondre en même-temps, dans un pot de terre ſéparé, une livre de réſine copale bien pulvériſé ; quand elle eſt fondue on la verſe peu-à-peu dans l’huile & on agite le mélange. Si l’huile n’eſt pas aſſez chaude, la réſine ſe plotonne, & ne peut plus être rediſſoute. Quand le tout eſt bien mêlé, qu’il commence à refroidir, on y ajoute demi-livre d’huile eſſentielle de térébenthine : on fait chauffer d’autre part une livre de la même huile, on y jette une demi-livre de bonne glu, & on agite pour aider la diſſolution. Ces deux liqueurs étant mêlées, on les paſſes toutes chaudes par un linge ſerré & le vernis eſt préparé. Avant de ſe ſervir de ce mélange, il faut le laiſſer repoſer pendant quelques jours, afin de laiſſer précipiter au fond du vaſe les parties qui n’auroient pas été complettement diſſoutes. Tel eſt le vernis employé pour l’aéroſtat de Dijon, & qui fut jugé par tous ceux qui en ont vu des échantillons, d’une qualité au moins égale à tout ce qui avoit été fait précédemment.

Le gaz inflammable s’altère, lorſqu’il eſt renfermé dans des enveloppes graſſes & réſineuſes : l’expérience ne permet pas d’en douter. M. Prieſtley avoit d’abord remarqué que ce gaz agité dans l’huile de térébenthine étoit moins inflammable. M. de Morveau a prouvé que ce gaz exerce une vraie action de diſſolution ſur les matières graſſes, telles que les huiles, les réſines, &c. ; l’obſervation ſuivante ſemble le prouver. Du gaz inflammable, tiré du zinc & lavé dans l’eau, & enfermé pendant 17 jours dans un petit ballon de baudruche, fut ſi fort altéré qu’il ne fut pas poſſible de le faire détonner en le mêlant à l’air commun, ni même de l’allumer. Lorſqu’on le fit paſſer dans l’eau de chaux, il parut la troubler un peu.

Cette altération du gaz eſt encore augmentée par la chaleur que peuvent recevoir les enveloppes vernies dans certaines circonſtances.

Le filet, deſtiné à porter le cercle horiſontal & tout ce dont il eſt chargé, mérite une attention particulière, puiſque la ſûreté même des voyageurs en dépend. On l’a d’abord fait avec des cordes ; mais dans ce cas, il eſt ſujet à couper le taffetas & à rayer le vernis. Il vaut mieux le conſtruire, comme celui de l’académie de Dijon, avec des treſſes ou rubans de fil tors de Rouen, de 16 lignes de largeur, les mailles portant 20 pouces quarrés, c’eſt-à-dire, d’un nœud à l’autre, toutes réunies à la partie ſupérieure par un ruban pareil, couſu sur une pièce de forte toile de deux pieds de diamètre, renforcée par pluſieurs autres rubans croiſés & piqués deſſus.

Le cercle horiſontal peut être formé de pluſieurs grands cercles de frêne, tels que ceux qu’on emploie à relier les cuves ; l’écorce enlevée, on les dreſſera ſur toutes les faces, ſans altérer le fil du bois. On courbera enſuite en ſens contraire les quatre bouts, en les trempant dans l’eau bouillante, pour les diſposer à s’appliquer exactement ſur deux taſſeaux de bois de tilleul, qui feront ſaillie à l’avant & à l’arrière : on les fixera après ſur ces taſſeaux par une broche de fer à écrou, & cette partie ſera redoublée par une portion de cercle pareil, collé & ficelé dans toute la longueur. Il eſt très-important de choiſir pour ce cercle du bois de fil & ſans nœuds, & dans le cas où on n’en pourroit trouver, de recouvrir les nœuds des deux côtés avec des lames de baleine, collées & ficelées. S’il ne s’agiſſoi que d’aſſurer la ſuſpenſion de la gondole, ce cercle pourroit être beaucoup plus léger, parce que en prenant la précaution de diſtribuer les cordes de manière que le nœud coulant paſſe