en même-temps ſur les attaches du filet, on ne courroit aucun riſque, même dans les cas où il viendroit à ſe caſſer.
La gondole de l’aéroſtat de Dijon étoit ſuſpendue à 26 pieds du cercle horiſontal, ou 14 pieds du ballon, par 14 cordeaux ; ſavoir, deux à chaque bout contre les montans, deux de chaque côté, & les ſix autres diſtribués ſur la longueur. Tous ces cordeaux, noués l’un à l’autre dans les endroits où ils ſe croiſoient ſur le fond, étoient encore entretenus par deux autres cordeaux également noués avec eux, tournant autour de la gondole, l’un à la hauteur de l’appui de la baluſtrade, l’autre à 1 pied plus bas, & les huits cordeaux des angles étoient fortement attachés deux à deux aux quatre pieds corniers de la baluſtrade, avec un ruban de fil. Au moyen de cette diſpoſition des cordes, il n’y a pas à craindre que la gondole puiſſe chavirer, quelqu’impulſion qu’elle reçoive.
On doit auſſi ſe ménager l’avantage de pouvoir retendre de la gondole les cordes qui pourroient ſe relâcher, en plaçant à la portée de la main les boucles des cordes du cercle horiſontal, dans leſquelles celles-ci doivent paſſer ; de ſorte qu’en tirant ſur ces boucles, il eſt facile de les ramener au point de tenſion néceſſaire pour que la charge ſoit également répartie.
On obtient du gaz inflammable, du fer, du zinc, du cuivre, de l’étain, du plomb, ſur leſquels on verſe de l’acide vitriolique & de l’acide marin. M. Prieſtley a obtenu le gaz inflammable du fer, de l’étain, & du zinc, par la ſeule calcination ; il en a dégagé d’un mélange de limaille de fer & de craie, par la voie ſèche. M. de Laſſone en a recueilli pendant la réduction du zinc par le charbon, & en traitant de même le bleu de pruſſe avec le charbon dans un canon de fuſil ; il a encore produit ce gaz en faiſant attaquer le zinc ou le fer par l’alkali cauſtique. Les charbons éteints ſous une cloche de verre remplie d’eau, ont donné du gaz inflammable à M. Fontana. MM. Rouelle & Meyer ont reconnu l’inflammabilité de la vapeur de l’hépar-ſalin. Mais dans tous ces procédés, où les produits ſont foibles, où les matières ſont d’un trop haut prix ; c’eſt pourquoi on tourna enſuite les recherches ſur les gaz inflammables dégagés par la diſtillation des matières végétales & animales.
On peut tirer du gaz inflammable du charbon de terre, ainſi que l’ont fait dès le mois d’octobre 1783 MM. Thysbaert, Minkelers, & Van-Boccante, à Louvain ; mais ce gaz n’étoit que quatre fois plus léger que l’air ordinaire. Ils l’obtinrent en renfermant de la poudre de charbon de terre dans pluſieurs canons de fuſil.
M. de Morveau a eſſayé de tirer du gaz inflammable des pommes de terre dans des cornues de fer qu’on pouſſoit à grand feu, & le gaz ſe dégageoit ; mais l’eau de végétation éprouvoit probablement un trop fort degré de dilatation, mettoit les cornues à une rude épreuve, auſſi ne réſiſtèrent-elles pas aſſez long-temps pour ſuffire à l’opération. Cependant le gaz qu’on avoit obtenu par-là étoit bon. Il en a retiré du maïs, du bled, de la gomme arabique, du ſucre brut, du tartre, de l’huile, de la corne, du bois, des marons d’inde, du ſuif, &c. ; mais le gaz inflammable, obtenu de ces diverſes ſubſtances, étoit en trop petite quantité, ou n’étoit pas aſſez pur pour ſervir à des aéroſtats. Celui de la pomme de terre est près de quatre fois plus léger que l’air commun, & l’emporte de beaucoup à cet égard ſur tous les autres gaz inflammables produits par la diſtillation. Le gaz inflammable de la pomme de terre eſt aſſez-économique, puiſqu’un pied cube de pomme de terre, qui ſe vend ordinairement 30 à 35 ſous, fournit, en moins d’une heure & demie, plus de 160 pieds cubes de ce gaz bien purifié. (Voyez la deſcription de l’aéroſtat de l’Académie de Dijon.)
Le gaz inflammable des marais n’eſt pas aſſez bon pour être employé aux aéroſtats : d’ailleurs il ſeroit très-embarraſſant de s’en procurer une grande quantité.
Mais après beaucoup d’épreuves on a été forcé de revenir aux procédés ordinaires pour obtenir du gaz inflammable. Le gaz dégagé du fer par l’acide vitriolique, eſt ordinairement 6 fois plus léger que l’air qu’il déplace, lorſque l’opération a été bien conduite. Le gaz tiré du zinc par l’acide vitriolique, eſt plus cher que le précédent, mais auſſi il eſt bien plus léger. On peut eſtimer ſon poids dans les opérations en grand au douzième de l’air qu’il déplace.
M. Cavendish a obſervé qu’une once de fer (poids de Troy) donnoit un volume de gaz inflammable égal à 412 onces d’eau, pendant ſa diſſolution dans les acides ; & dans cette proportion, une livre de fer, poids de France, doit donner 98,432 pouces cubes, c’eſt-à-dire, cinq pieds cubes & un peu plus de .
MM. les Académiciens de Dijon ont trouvé, par un réſultat moyen, qu’une livre d’acide vitriolique (à 66 degrés) affoibli de trois parties d’eau, prenoit 10 onces 3 gros 66 grains & demi de fer en lames, & donnoit 6,034 pouces cubes, ou 3 pieds cubes & demi moins 14 pouces cubes de gaz inflammable. Ils ont encore obſervé qu’en employant le même fer & le même acide vitriolique délayé, la diſſolution, aidée de la chaleur d’un bain de ſable très-doux, donnoit, dans un temps égal, une fois plus de gaz que la diſſolution à froid.