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bleus qui puiſſent revenir juſqu’à la ſurface de la terre, ou du moins qui y reviennent en plus grande quantité. Dans ces deux derniers cas nous verrons la concavité de l’atmoſphère que nous prenons pour le ciel, de la couleur que ces rayons excitent en nous, c’eſt-à-dire, de la couleur bleue. Voyez Azurée.

M. Euler a auſſi cherché la cauſe du bleu de ciel dans l’atmoſphère, en tant qu’elle n’eſt pas parfaitement tranſparente. À meſure qu’on s’élève dans l’atmoſphère, dit-il, la couleur bleue brillante du ciel devient plus foible, & ſi l’on pouvoit monter juſqu’à l’éther pur, elle s’évanouiroit tout à fait ; en regardant en haut on n’y verroit rien du tout, & le ciel paroîtroit noir comme de nuit : car, ou nul rayon de lumière ne parvient juſqu’à nous, tout nous paroît noir.

Le phénomène qui fait l’objet de cet article ne pourroit pas avoir lieu, ſi l’air étoit un milieu parfaitement tranſparent comme l’éther ; nous ne recevrions alors d’en haut d’autres rayons que ceux des étoiles ; mais la clarté du jour eſt ſi grande, que la petite lumière des étoiles nous devient inſenſible : de même qu’on ne verroit pas la flamme d’une bougie pendant le jour lorſqu’elle eſt aſſez éloignée, pendant que la même flamme paroît de nuit fort brillante à des diſtances beaucoup plus grandes encore. Ce qui indique qu’on doit chercher la cauſe du bleu du ciel dans le défaut de la tranſparence de l’air. « L’air eſt chargé de quantité de petites particules, qui ne ſont pas tout à fait tranſparentes, mais qui, éclairées par les rayons du ſoleil, en reçoivent un mouvement de vibration, qui produit de nouveaux rayons propres à ces particules ; ou bien ces particules ſont opaques, & étant éclairées nous deviennent viſibles elles-mêmes. Or, la couleur de ces particules eſt bleue, & voilà l’explication du phénomène ; c’eſt que l’air contient quantité de petites particules bleues ; ou l’on peut dire que les plus petites particules ſont bleuâtre, mais d’un bleu extrêmement délié, qui ne devient ſenſible que dans une maſſe d’air énorme. Ainſi nous n’appercevons rien de ce bleu dans une chambre : mais quand tous les rayons bleuâtres de toute l’atmoſphère pénètrent à la fois dans nos yeux, quelque déliée que ſoit la couleur de chacun, leur totalité peut produire une couleur très-foncée. Cela ſe confirme par le phénomène ſuivant. En regardant de près une forêt, elle paroît bien verte, mais quand on s’en éloigne, elle paroîtra toujours plus bleuâtre. Les forêts des montagnes du Hartz qu’on voit à Magdebourg, paroiſſent aſſez bleues, quoiqu’en les regardant de Halberſtadt elles ſoient vertes. La grande étendue de l’air entre Magdebourg & ces montagnes en eſt la raiſon. Quelques déliées ou rares que ſoient les particules bleuâtres de l’air, il y en a une très-grande quantité dans cet intervalle, dont les rayons entrent conjointement dans les yeux, & y repréſentent par conſéquent une couleur bleue aſſez foncée ».

On remarque un phénomène ſemblable dans un brouillard où l’air eſt chargé de quantité de particules opaques, qui ſont blanchâtres. En ne regardant qu’à une petite diſtance, à peine s’apperçoit-on du brouillard ; mais lorſque la diſtance eſt grande, la couleur blanchâtre devient très-ſenſible, & même, au point qu’on ne voit plus rien à travers. L’eau de la mer paroît verte à une certaine profondeur, mais elle eſt aſſez claire quand on remplit un verre. La raiſon eſt viſiblement la même. Cette eau eſt chargée de quantité de particules verdâtres, dont une petite quantité ne produit aucun effet ſenſible, mais dans une grande étendue, quand on regarde dans la profondeur, tant de rayons verdâtres joints enſemble, ils produiſent une couleur foncée. Cette explication eſt claire, mais elle ſuppoſe l’hypothèſe du mouvement vibratoire dans les rayons de lumière, comme cauſe des couleurs, opinion qui eſt bien éloignée d’être démontrée, & qui le cède en ſimplicité au ſyſtème Newtonien que nous avons expoſé.

BOC


BOCAL. Le mot de Bocal nous vient du mot italien Bocale, qui déſigne une meſure de liquides, en uſage ſur-tout à Rome. En France, on a donné le nom de bocal à un vaſe qui contient un peu plus que la pinte de Paris. Mais actuellement, ce mot indique en phyſique une eſpèce de vaiſſeau de verre ordinairement cylindrique & à large ouverture, dont on ſe ſert 1o. pour quelques expériences d’électricité ; 2o. relativement aux expériences des gaz.

Les bocaux deſtinés à l’électricité ſont des cylindres de verre mince, d’une médiocre grandeur, revêtus extérieurement & intérieurement de feuilles d’étain laminé & bien collées, afin que le contact des feuilles avec le verre ſoit plus parfait. Une zone de deux pouces environ de hauteur vers l’orifice reſte à nu, ſans être garni d’étain, & le fluide électrique ne trouvant pas de conducteur, ne peut paſſer d’une ſurface à l’autre, conſéquemment il reſte accumulé dans l’intérieur du bocal. On a ſoin d’établir une communication entre la ſurface intérieure du bocal, & le conducteur de la machine électrique, afin de pouvoir charger ce bocal. Cette communication eſt formée par une tige de cuivre terminée en bas par des fils d’or qui touchent la ſurface intérieure ; ſi cette tige eſt aſſez longue pour toucher conſtamment le fond, on peut ſe diſpenser d’y ajouter les fils d’or. Un grand bouchon de liège ou un couvercle de bois bien ajuſté ; & percé par le milieu pour recevoir & aſſujettir la tige de cuivre, ferme l’ouverture du bocal. Un vaiſſeau de verre ainſi préparé porte