occaſionnée par l’abſorption de tous les rayons de couleurs, & nous n’en ſommes avertis que parce que la limite du corps noir eſt par-toute circonſcrite par des corps blancs ou colorés qui excitent en nous des ſenſations particulières.
Il réſulte de ces vérités que les corps blancs s’échauffent bien plus difficilement au ſoleil que les corps noirs, les blancs réfléchiſſant tous les rayons, les noirs les abſorbant tous au contraire. L’expérience le prouve, car une perſonne vêtue de blanc, & ſe promenant au ſoleil, reſſent bien moins la chaleur que celui qui eſt habillé de noir. Auſſi vaut-il mieux porter au ſoleil un chapeau blanc qu’un chapeau noir, & au défaut de celui-là eſt-il utile de couvrir ſon chapeau d’un papier blanc. L’expérience prouve qu’avec un verre ardent on brûle aiſément un papier noir, & très-difficilement celui qui eſt blanc. Les étoffes noires ſont plutôt ſèches que celles qui ſont blanches, ainſi que l’éprouvent tous les jours les teinturiers. Voyez Chaleur.
[ M. Newton fait voir que la blancheur la plus forte & la plus éclatante doit être miſe au premier rang des couleurs, & que les blanches qui ſont au-deſſous ſont des mélanges de couleurs de différens ordres. Les métaux blancs donnent cette blancheur du premier ordre ; l’écume, le papier, le linge, & les autres ſubſtances blanches ſont de la blancheur du ſecond ordre. Le même auteur conjecture que les métaux blancs ſont plus blancs que les autres corps, parce qu’ils ſont plus denſes, & compoſés de particules plus ſerrées. Selon lui les particules des métaux blancs, comme l’argent, l’étain, &c., doivent avoir plus de ſurface que celles de l’or ou du cuivre. Ces deux derniers métaux, amalgamés avec du mercure, ou mêlés par la fuſion avec de l’étain, de l’argent, ou du régule d’antimoine, deviennent blancs. Voyez Couleur, Prisme, Rayon, Noir.
BLANCHE (Gelée blanche) Voyez Gelée blanche.
BLE
BLEU. Un corps eſt bleu lorſque par ſa nature, c’eſt-à-dire, par la contexture de ſes parties intégrantes il réfléchit cette eſpèce de rayons priſmatiques qu’on nomme bleus. Il ſera parfaitement bleu, quand il ne réfléchira que des rayons de cette couleur. Sa couleur bleue fera très-intenſe, lorſqu’il en réfléchira un grand nombre ou plutôt tous ceux de cette couleur qui ſont tombés ſur ſa ſurface. Le bleu ne ſera qu’imparfait ſi ce corps réfléchit un petit nombre de rayons de différentes eſpèces avec tous les rayons bleus. Le bleu le plus parfait eſt ſans contredit celui qui dans l’ordre des couleurs priſmatiques eſt le cinquième, & vient après le verd. Ce rayon bleu doit être la norme à laquelle il faut comparer tous les bleus matériels ; ceux-là ſont les plus bleus qui en approchent davantage. Puiſque le rayon rouge eſt moins réfrangible & moins réflexible que l’orangé, & celui-ci moins que le jaune, & ainsi des autres ſucceſſivement, il s’ensuit que le bleu est plus réfrangible & plus réflexible que le verd & les trois autres couleurs qui le précèdent, mais qu’il eſt moins réfrangible & moins réflexible que l’indigo & le violet qui dans le ſpectre ſolaire, viennent après lui.
Pour expliquer la couleur bleue du ciel, Newton remarque que toutes les vapeurs, quand elles commencent à ſe condenſer & à s’aſſembler, deviennent d’abord capables de réfléchir des rayons bleus avant qu’elles puiſſent former des nuages d’aucune autre couleur. Le bleu eſt donc la première couleur que commence à réfléchir l’air le plus net & le plus tranſparent, lorſque les vapeurs ne ſont pas parvenues à la groſſeur ſuffiſante pour réfléchir d’autres couleurs.
M. de la Hire remarque, après Léonard de Vinci, qu’un corps noir quelconque, vu à travers un autre corps blanc & tranſparent, paroît de couleur bleue ; & c’eſt par-là qu’il explique, la couleur azurée du firmament, dont l’immenſe étendue étant entièrement dépourvue de lumière, eſt apperçue à travers l’air qui eſt éclairée & comme blanchi par la lumière du ſoleil. Il ajoute que par la même raiſon la ſuie mêlée avec du blanc forme du bleu. Il explique par le même principe la couleur bleue des veines ſur la ſurface de la peau, quoique le ſang dont elles ſont remplies ſoit d’un rouge foncé ; car, dit-il, à moins que la couleur rouge ne ſoit vue au grand jour, elle paroît un rouge obſcur & qui approche du noir ; & comme elle ſe trouve dans une ſorte d’obſcurité dans les veines, elle peut avoir l’effet de la couleur noire, qui conſidérée à travers la membrane de la veine, & la blancheur de la peau, produit la ſenſation du bleu. ]
D’autres ont dit que le ciel nous paroiſſoit bleu, parce que les rayons du ſoleil, qui ſont compoſés de ſept couleurs primitives, étant arrivés à la ſurface de la terre, ſont réfléchis par cette même ſurface, & rentrent ainſi dans l’atmoſphère, en reprenant la route du ciel que l’atmoſphère ayant une épaiſſeur conſidérable, il n’y avoit que les rayons les plus forts, c’eſt-à-dire, les moins réfrangibles & les moins réflexibles, tels que les quatre premiers dans l’ordre du ſpectre ſolaire, savoir les rouges, les orangés, &c., qui les traversent entièrement, ſans revenir à nous ; mais que les bleus, les indigos, & les violets étant réfléchis une ſeconde fois vers la terre par la concavité du fluide atmoſphérique qui nous environne, & qu’ils n’ont pu pénétrer, il n’y avoit réellement que les plus forts de ces trois dernières eſpèces de rayons, c’eſt à dire, les