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bon thermomètre pour marquer les divers états de l’atmoſphère, nous obtiendrions ſans doute bientôt de nouvelles lumières ſur ce point, & parviendrions peut-être à des découvertes dont nous n’avons pas la moindre idée.

Les expériences & obſervations que j’ai faites ſur l’électricité des brouillards, m’ont fait imaginer qu’ils l’avoient forte & poſitive, telle que fut leur épaiſſeur ſi l’air étoit en même temps glacial ; je mis pourtant des exceptions à cette règle ; car en décembre, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 1772, il régna des brouillards très épais pendant tous ces jours, le thermomètre étant à 36 ou à 33, le vent conſtamment N. — E., ſans que j’apperçuſſe la moindre électricité. Cependant je conjecturois que malgré que je n’en euſſe pu découvrir aucune par rapport à ma ſituation, elle pouvoit fort bien s’être répandue dans le haut de l’atmoſphère, & cette préſomption a été vérifiée depuis par M. Nairne ; ce phyſicien a trouvé que l’air étoit électrique dans la galerie d’or de Saint-Paul, pendant qu’il ne l’étoit pas dans la galerie de Pierre, qui eſt beaucoup plus baſſe ; l’obſervation de M. Nairne a enſuite été faite par d’autres & par moi-même ; j’ai reconnu que les boules divergeoient davantage, lorſque je projetois la verge qui les ſuſpendoit dans la lanterne au travers d’un des luminaires. Cette lanterne eſt encore plus élevée que la galerie d’or. MM. Lind & Brydone ont fait depuis la même remarque avec leurs cerfs-volans.

J’obſerverai que dans le cours de nos expériences ſur l’électricité des brouillards, les boules m’ont ſouvent paru diverger de deux pouces ; mais cela n’eſt arrivé que dans un temps où ils étoient épais, le vent S. — O. & le mercure au-deſſous de 40 ; d’autrefois je n’ai pu découvrir aucune électricité dans un pareil brouillard, quoique le mercure fut à 35 ou à 36, & le vent conſtamment N. — E. L’appareil dont j’ai uſé conſiſtoit en une petite verge d’environ ſept pieds de longueur, avec une boîte contenant deux légères boules de liège, ſuſpendues par des fils de chanvre longs de ſept pouces. Cette verge étoit reçue dans une pièce de bois convenable, placée au haut d’une des fenêtres les plus élevées d’une maiſon très-iſolée ; le bout de la verge, qui ſuſpendoit les boules, étoit incliné d’environ quarante-cinq degrés à l’horiſon ; j’avois une autre verge d’égale longueur, munie d’une eſpèce de couliſſe d’étain, dans laquelle gliſſoit un long bâton de cire à cacheter des plus communes. En excitant ce bâton & l’avançant hors de la fenêtre à proximité des boules, il m’étoit très-facile de déterminer l’eſpèce d’électricité de l’atmoſphère. Si l’on opère à découvert, comme en plein champ, cet appareil devient inutile ; l’électromètre de M. Canton, muni de deux légères boules, réuſſit parfaitement ; il faut le tenir à deux pieds du corps, l’opérateur tournant ſon dos contre le vent. Cette méthode ſert également à connoître le genre d’électricité, lorſqu’il y en a dans l’atmoſphère d’une quantité énorme, qui ſe communiqueroit tellement aux boules, ſi on les tenoit au bout d’une longue verge élevée dans l’air, que la cire excitée, &c., ne pourroit à ſon approche produire le moindre changement dans leur divergence.

Malgré que je ſois parvenu en plein air, continue M. Henley, à faire diverger de deux pouces les boules ſuſpendues au bout de ma verge dans un temps de brouillards, il m’a été impoſſible de les faire ſeulement ſéparer, en les ſuſpendant à un conducteur iſolé placé dans ma chambre ; cependant j’avois eu ſoin de raſſembler l’électricité d’un ſemblable brouillard, par le moyen d’une longue ligne de pêcheur qui étoit entourée d’un menu fil d’archal pointu, & qui communiquoit avec le conducteur. Le docteur Franklin, à qui je fis part de cette circonſtance, m’engagea à mettre un bout de mon conducteur iſolé dans une chambre remplie d’air électrique, de paſſer dans une autre chambre l’extrémité qui porteroit les boules, & de voir ſi je ne parviendrois pas à les faire diverger. L’expérience a été exécutée dans deux chambres, ſéparées par un paſſage long de neuf pieds, & voici comment. J’ai employé d’abord inutilement la charge d’une longue jarre ; mais, l’ayant rechargée & déchargée de nouveau, les boules, ſuſpendues au bout de la verge qui avançoit dans l’autre chambre, ſe ſont écartées d’un pouce ; je préſume que l’effet auroit même été plus ſenſible, s’il n’y eût eu du feu dans la chambre où ſe faiſoit l’expérience ; car lorſqu’on ouvrit la porte pour introduire le fil d’archal pointu qui entouroit la verge iſolée, il ſe déplaça probablement beauconp d’air électrique, que celui du dehors pouſſa dans la cheminée, &c.

Deux boules, qui pendoient à ma main dans l’air électrique, près du bout de la verge, ſe ſont ſéparées d’un pouce & demi. Mais en les approchant de l’autre extrémité dans l’air non électriſé, leur divergence n’a été que de demi-pouce ; pour lors j’ai iſolé le frottoir de ma machine, en y enfonçant par derrière une longue aiguille très-pointue ; & ayant attaché une chaîne depuis mon principal conducteur juſqu’à une table, j’ai commencé à tourner le globe ; auſſi-tôt l’air de la chambre, le bout de la verge, &c., ont paru affectés, & les boules ſuſpendues à l’extrémité oppoſée dans la chambre voiſine, ſe ſont écartées bien au-delà d’un pouce.

Pour ſuivre ce ſujet comme il le mérite, je voudrois qu’on conſtruiſît une machine électrique, capable d’admettre dans l’opération depuis dix juſqu’à cinquante gros cylindres, fournis d’un principal conducteur, de batterie & d’autres pièces