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taine largeur & épaiſſeur, ſe trouve trop courte, pour recevoir beaucoup de vertu magnétique par communication, on peut y ſuppléer en l’attachant ſur un autre morceau de fer plus long, à-peu-près de même largeur & épaiſſeur, enſorte que le tout ſoit à-peu-près auſſi long qu’il eſt néceſſaire, pour qu’une barre, qui auroit ces mêmes dimenſions, pût acquérir le plus de vertu magnétique qu’il eſt poſſible, en la paſſant ſur le pôle de l’aimant : alors, en ſéparant la petite barre de la grande, on trouvera ſa vertu magnétique conſidérablement augmentée. C’eſt ainſi qu’on a trouvé moyen d’augmenter conſidérablement la vertu magnétique d’un bout de lame de ſabre d’un pied de long, en l’appliquant ſur un autre qui avoit 2 pieds 7 pouces 8 lignes de longueur, & en les aimantant dans cette ſituation : alors la petite lame qui ne pouvoit porter, étant aimantée toute ſeule, que 4 onces 2 gros 36 grains, ſouleva, après avoir été ſéparée de la grande, 7 onces 3 gros 36 grains.

Il faut cependant obſerver que deux lames ainſi unies l’une à l’autre, ne reçoivent pas autant de vertu magnétique, qu’une ſeule lame de même longueur & d’égale dimenſion. Car on a coupé en deux parties bien égales une lame de fer médiocrement mince, & on a partagé une des moitiés en pluſieurs morceaux rectangulaires : on a rapproché les parties ſciées les unes des autres, afin qu’elles puſſent faire à-peu-près la longueur qu’elles avoient auparavant, & on les a fixées dans cette ſituation : on a placé à côté la moitié de la lame qui n’a point été coupée, & on les a aimantées toutes deux également : la partie, qui étoit reſtée entière, a eu beaucoup plus de vertu magnétique que l’autre, & la partie coupée en recevoit d’autant moins, que ſes fragmens étoient moins contigus les uns aux autres.

Indépendamment de ces méthodes de communiquer au fer la vertu magnétique par le moyen de l’aimant, il y en a d’autres dont nous parlerons ci-après en traitant du magnétiſme artificiel : mais nous ne ſaurions nous diſpenſer à préſent de faire ſavoir qu’il y a des moyens de donner au fer une vertu magnétique très-conſidérable, & même d’augmenter celle des aimans foibles au point de les rendre très-vigoureux. M. Knight, du collége de la Magdeleine à Oxford, eſt l’auteur de cette découverte, qu’il n’a pas encore rendue publique : voici des exemples de la grande vertu magnétique qu’il a communiquée à des barreaux d’acier, qu’on ne pouvoit pas leur procurer en les aimantant ſur les meilleurs aimans à la manière ordinaire : 1o. un petit barreau d’acier à huit pans, de trois pouces de long & du poids d’environ une demi-once, a levé par un de ſes bouts environ onze onces, ſans être armé : 2o. un autre barreau d’acier parallélipipède de de pouce de long, de de pouce de large, & de d’épaiſſeur, peſant deux onces huit grains , a levé vingt onces par une de ſes extrémités ſans être armé : 3o. un autre barreau de la même forme & de quatre pouces de long, armé d’acier comme un aimant, l’armure contenue avec un bandage d’argent, le tout peſant une once quatorze grains, a levé, par le pied de ſon armure, quatre livres : 4o. un barreau d’acier parallélipipède de quatre pouces de long, d’un pouce de large, & de de pouce d’épaiſſeur, armé par ſes extrémités avec un bandage de cuivre pour maintenir l’armure, le tout peſant quatorze onces un ſcrupule, a levé, par un des pieds de l’armure, quatorze livres deux onces & demie.

Il a fait auſſi un aimant artificiel avec douze barreaux d’acier armés à la manière ordinaire, lequel a levé, par un des pieds de l’armure, vingt-trois livres deux onces & demie. Ces 12 barreaux avoient chacun un peu plus de quatre pouces de long, de pouce de large, & d’épaiſſeur ; chacune de ces lames peſoit environ 25 ſcrupules, & elles étoient placées l’une ſur l’autre, enſorte qu’elles formoient un parallélipipède d’environ deux pouces de haut : toutes ces lames étoient bien ſerrées avec des liens de cuivre, & portoient une armure d’acier à l’ordinaire ; le tout peſoit 20 onces.

La méthode de communiquer une grande vertu magnétique, particulière à M. Knight, n’eſt pas bornée au fer & à l’acier : il fait auſſi aimanter un aimant foible, au point de le rendre excellent ; il en a préſenté un à la ſociété royale de Londres, qui peſoit tout armé, 7 ſcrupules 14 grains, & qui pouvoit à peine lever deux onces, l’ayant aimanté diverſes fois, ſuivant ſa méthode, il ſouleva juſqu’à 13 onces. Il aimante ſi fort un aimant foible, qu’il fait évanouir la vertu de ſes pôles, & leur en ſubſtitue enſuite d’autres plus vigoureux & directement contraires, enſorte qu’il met le pôle boréal où étoit naturellement le pôle auſtral, & ainſi de l’autre pôle : il place pareillement les pôles d’un aimant où étoit auparavant l’équateur, & l’équateur où étoient les pôles : dans un aimant cylindrique il met un pôle boréal tout autour de la circonférence du cercle qui fait une des baſes, & le pôle auſtral au centre de ce même cercle, tandis que toute la circonférence de l’autre baſe eſt un pôle auſtral, et le centre eſt pôle boréal. Il place à ſa volonté les pôles d’un aimant en quel endroit on peut le déſirer ; par exemple, il rend pôle boréal le milieu d’une pierre, & les deux extrémités ſont pôle auſtral. Enfin, dans un aimant parallélipipède, il place les pôles aux deux extrémités de telle ſorte, que la moitié ſupérieure de la ſurface eſt pôle auſtral, & la moitié inférieure pôle boréal ; la moitié ſupérieure de l’autre extrémité eſt pôle boréal, & l’inférieure, pôle auſtral.

Il eſt vraiſemblable que M. Knight, réuſſit à produire tous ces effets, par quelque moyen ana-