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AIM

ſeconds ſont ceux en qui on remarque une grande vertu attractive & répulſive. Il y a des aimans qui ſont, en même temps, généreux & vigoureux à un haut degré ; on en trouve qui ſont plus généreux que vigoureux, & d’autres réciproquement. L’aimant peut auſſi produire ces effets ſur d’autres aimans, ſoit naturels, ſoit artificiels.

La qualité qui rend un aimant vigoureux, ne dépend pas de ſa groſſeur ; car, dans le cabinet des curioſités de la ſociété royale de Londres, il y a une pierre d’aimant qui pèſe ſoixante livres, qui n’élève pas un fort grand poids, eu égard à ſa grandeur, mais qui attire une aiguille à la diſtance de neuf pieds. D’un autre côté, l’hiſtoire de l’académie des ſciences parle d’une pierre d’aimant qui peſoit onze onces, & levoit vingt-huit livres de fer, c’eſt-à-dire, plus de quarante fois ſon poids ; des Hollandois vouloient la vendre cinq mille francs.

[En général, il ſuffit de toucher, ou même ſeulement d’approcher le pôle d’une bonne pierre du corps à qui l’on veut communiquer la vertu magnétique, & auſſitôt celui-ci ſe trouve aimanté. À la vérité, le fer qui n’aura reçu de vertu que par un inſtant de contact avec l’aimant, la perdra preſque auſſitôt qu’il en ſera ſéparé. Mais on rendra ſa vertu plus durable, en le laiſſant plus long-temps auprès de l’aimant, ou bien en le faiſant rougir avant que de l’approcher de la pierre, & le laiſſant refroidir dans cette ſituation : dans ce cas, la partie qu’on préſentera au pôle boréal de l’aimant, deviendra un pôle auſtral, & deviendroit pareillement pôle boréal, ſi on l’approchoit du pôle auſtral de l’aimant.

Mais comme ces moyens ſimples ne procurent pas une grande vertu, on en emploie ordinairement d’autres plus efficaces.

Premièrement, on a découvert que le fer frotté ſur un des pôles de l’aimant, acquiert beaucoup plus de vertu que ſur toute autre partie de la pierre, & que la vertu que ce pôle communique au fer, eſt bien plus conſidérable, lorſqu’il eſt armé, que lorſqu’il eſt nu. 2o. Plus on paſſe lentement le fer, & plus on le preſſe contre le pôle de l’aimant, plus il reçoit de vertu magnétique. 3o. Il eſt plus avantageux d’aimanter le fer ſur un ſeul pôle de l’aimant, que ſucceſſivement ſur les deux pôles ; parce que le fer reçoit de chaque pôle la vertu magnétique, dans des directions contraires, & dont les effets ſe détruiſent. 4o. On aimante beaucoup mieux un morceau de fer en le paſſant uniformément, & dans la même direction, ſur le pôle de l’aimant, ſuivant ſa longueur, qu’en le frottant ſimplement par ſon milieu ; & on remarque que l’extrémité qui touche le pôle la dernière, conſerve le plus de force. 5o. Un morceau d’acier poli, ou bien un morceau de fer acéré, reçoivent plus de vertu magnétique, qu’un morceau de fer ſimple & de même figure ; & toutes choſes d’ailleurs égales, on aimante plus fortement un morceau de fer long, mince & pointu, qu’un autre d’une forme toute différente : ainſi, une lame de ſabre, d’épée ou de couteau, reçoivent beaucoup plus de vertu qu’un carreau d’acier de même maſſe, qui n’a d’autre pointe que ſes angles. En général, un morceau de fer ou d’acier, paſſé ſur le pôle d’un aimant, comme nous avons dit, ne reçoit, ou plutôt ne conſerve jamais qu’une vertu magnétique déterminée ; & il paroît que cette quantité de vertu magnétique eſt déterminée par la longueur, la largeur & l’épaiſſeur du morceau de fer ou d’acier qu’on aimante. 6o. Puiſque le fer ne reçoit de vertu magnétique que ſuivant ſa longueur, il eſt important, lorſqu’on veut lui communiquer beaucoup de vertu magnétique, que cette longueur ſoit un peu conſidérable : c’eſt pourquoi une lame d’épée reçoit plus de vertu qu’une lame de couteau, paſſée ſur la même pierre. Il y a cependant de certaines proportions d’épaiſſeur & de longueur, hors deſquelles le fer reçoit moins de vertu magnétique ; en voici un exemple : on a aimanté ſix lames de fer de 4 pouces de long & d’environ de pouce d’épaiſſeur ; leur largeur reſpective étoit de 1, 2, 3, 4, 5, & 6 lignes ; on les a paſſées chacune trois fois, & de la même manière, ſur le pôle d’un excellent aimant, & on a éprouvé les différens poids qu’elles pouvoient ſoulever.

La première, qui étoit la plus petite, leva 
 1 grain


La deuxième, large de deux lignes, 
 10 grain


La troiſième, large de trois lignes, 
 7 grain


La quatrième, large de quatre lignes, 
 2 grain


La cinquième, large de cinq lignes, 
 1 grain


La ſixième, large de ſix lignes, 
 1 grain

Voici maintenant la preuve que la force magnétique, qu’un morceau de fer peut recevoir d’un aimant, dépend auſſi de la proportion de ſa longueur : on a pris une lame de fer de de pouce d’épaiſſeur de 5 lignes de large, & de 13 ¼ pouces de long : on l’a paſſée trois fois ſur le pôle d’un aimant, & elle a porté 25 grains : on l’a réduite à la longueur de 10 pouces, & on l’a aimantée trois autres fois, elle a porté 33 grains : réduite à 9 pouces, elle a porté 19 grains : à 8 pouces, 17 grains : à 4 pouces, 1 ½ grain : d’où l’on voit que la longueur doit être déterminée à 10 pouces, ou entre 10 & 13 ¼, pour qu’avec la largeur & l’épaiſſeur données, cette barre puiſſe acquérir le plus de vertu magnétique.

Lorſqu’une lame de fer ou d’acier, d’une cer-