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l’ancienne encyclopédie, ſont peu efficaces ; les ſuivans le ſont incomparablement davantage.

Méthode de M. Michell. Je fis faire, dit-il, une demi-douzaine de petites lames d’acier polies, ſans être trempées. Elles avoient deux pouces & demi de longueur, & trois lignes de largeur, & elles peſoient toutes enſemble une once. Je les fis marquer enſuite à une de leurs extrémités de la même manière que les lames de ſix pouces. Je pris une de ces petites lames, que je plaçai à-peu-près dans le méridien magnétique, en tournant vers le nord ſon extrémité marquée, que je deſtinois à être ſon pôle du nord. Je mis à chacun de ſes bouts une grande barre de fer placée ſur la même ligne preſque horizontale, excepté que le bout tourné vers le nord étoit un peu incliné. La barre de fer que je mis du côté du pôle du ſud (c’eſt, ſelon la façon de s’exprimer des anglois, le pôle du nord,) de ma petite lame, avoit quatre pieds de longueur, & peſoit trente livres. Celle qui étoit placée à ſon pôle du nord, avoit quatre pieds & demi de longueur, & ne peſoit néanmoins que dix-huit livres. Après quoi je pris un inſtrument dont les boulangers ſe ſervent pour remuer la braiſe, (& qu’ils appellent fourgon, ou rable, qui peſoit un peu plus d’une livre & ſix onces. Je le plaçai preſque perpendiculairement, la partie ſupérieure un peu inclinée vers le ſud, & la partie inférieure, que j’avois fait polir, afin qu’elle pût mieux toucher, appuyée ſur le pôle du nord de la petite lame d’acier. Le fourgon étant ainſi placé, je le fis gliſſer ſur la petite lame, allant du nord au ſud, & je répétai juſqu’à vingt fois cette opération, ayant ſoin chaque fois de replacer toujours le fourgon de la même manière. Par cette manœuvre, la lame acquit aſſez de vertu pour porter une petite clef, qui peſoit environ la huitième partie d’une once. Je recommençai à aimanter la lame, en répétant l’opération juſqu’à quatre-vingt fois, & elle porta une clef peſant un quart d’once. Après avoir mis à part cet aimant, j’aimantai de la même manière trois autres de ces petites lames. Il m’en reſtoit encore deux : de ces deux, j’en plaçai une entre deux barres de fer, comme les précédentes ; mais au lieu du fourgon, que je mis à quartier, je me ſervis pour l’aimanter des quatre premières lames, auxquelles j’avois déjà communiqué la vertu magnétique, & cela ſelon la méthode preſcrite pour aimanter les lames de ſix pouces. (Voyez, plus haut, la méthode de M. Michell pour faire des aimans artificiels.) Et pour conſerver quelque diſtance entre les pôles du ſud & du nord des deux petits faiſceaux, compoſés par ces quatre lames, j’eus ſoin d’inſérer entr’elles une épingle, qui pouvoit avoir en groſſeur la trentième partie d’un pouce. En aimantant de la ſorte cette cinquième lame, je lui communiquai plus de vertu magnétique que je n’en avois communiqué aux quatre précédentes. J’aimantai de la même manière la ſixième & dernière lame. Je me ſervis enſuite de ces deux dernières pour communiquer de cette façon la vertu magnétique à deux des quatre précédentes ; & ces deux me ſervirent pareillement à aimanter enfin les deux qui reſtoient encore. Je continuai cette opération, ſubſtituant toujours les dernières qui avoient été aimantées, à la place des deux plus foibles parmi les quatre qui me ſervoient à donner la vertu magnétique, juſqu’à ce qu’elles euſſent toutes reçu autant de vertu que leur état pouvoit leur permettre d’en conſerver avant d’être trempées. Cette vertu fut néanmoins ſuffiſante pour les mettre en état de porter chacune, par un ſeul de leurs pôles, un poids d’environ une once & un quart.

M. Michell ſe ſervit enſuite de ces petites lames, pour aimanter une ligne entière de lames de ſix pouces, qui avoient été trempées auparavant. Traité des aimans artificiels, page 91 & ſuiv.

Méthode de M. Canton. Après s’être muni de ſix lames d’acier non trempé, dont les dimenſions ſont indiquées ci-deſſus, (Voyez plus haut, la méthode de M. Canton pour faire des aimans artificiels), il prend un fourgon & des pincettes, (Voyez fig. 410), qui, plus ils ſont grands, plus il y a long-temps qu’on s’en ſert, & meilleurs ils ſont. Il tient le fourgon verticalement entre ſes genoux : il place vers ſon ſommet l’une des lames d’acier non trempé, de façon que ſon extrémité marquée ſoit tournée en en-bas ; & afin qu’elle ne puiſſe pas gliſſer, il la ſerre fortement contre le fourgon, au moyen d’une ſoie qu’il paſſe deſſus, & qu’il tient de la main gauche. Enſuite il prend les pincettes de la main droite un peu au-deſſous du milieu de leur longueur, & les tenant preſque verticales, il frotte la lame avec leur extrémité inférieure, en allant toujours du bas en haut. Cette opération réitérée une dixaine de fois ſur chacun des côtés de la lame, lui donne une vertu magnétique ſuffiſante pour ſoutenir une petite clef par l’extrémité marquée ; extrémité qui, ſi la lame étoit ſuſpendue horizontalement ſur un pivot, tourneroit vers le nord.

M. Canton, après avoir ainſi aimanté quatre de ces lames, s’en ſert pour aimanter les deux autres, & enfin ſe ſert de ces ſix lames aimantées, pour en aimanter ſix autres d’acier trempé de tout ſon dur, en procédant de la manière indiquée ci-deſſus.

Méthode de M. Anthéaume ſur une planche inclinée AB, (fig. 4) ; dans la direction du courant magnétique, c’eſt-à-dire, pour Paris, inclinée à l’horizon de ſoixante-dix degrés du côté du nord ; je place de fil, dit M. Anthéaume, deux barres de fer quarrées CF, de quatre à cinq pieds de longueur, ſur quatorze à quinze lignes d’épaiſſeur, limées quarrément par leurs extrémités intérieures,