Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
AIR
125

On remarquera encore, 2o. que puiſqu’il y a décompoſition de l’air dans la calcination du mercure, & puiſqu’il y a fixation & combinaiſon de la baſe de la partie reſpirable avec le mercure, il y a dégagement de calorique & de lumière, quoiqu’on ne l’apperçoive pas. Deux cauſes empêchent que ce dégagement ne ſoit ſenſible dans l’expérience précédente. La première, parce que la calcination, durant pendant pluſieurs jours, le dégagement de chaleur & de lumière, réparti ſur un auſſi long intervalle de temps, eſt infiniment foible pour chaque inſtant en particulier ; la ſeconde, parce que l’opération ſe faiſant dans un fourneau & à l’aide du feu, la chaleur, occaſionnée par la calcination, ſe confond avec celle du fourneau. On peut même ajouter que la partie reſpirable de l’air ou plutôt ſa baſe, en ſe combinant avec le mercure, n’abandonne pas la totalité du calorique qui lui étoit uni, qu’une partie demeure engagée dans la nouvelle combinaiſon.

On peut cependant rendre ſenſible le dégagement de la chaleur & de la lumière, en opérant d’une manière plus prompte la décompoſition de l’air, & en employant le fer, qui a beaucoup plus d’affinité que le mercure avec la baſe de la partie reſpirable de l’air. Pour cet effet, on remplit une cloche Α, figure 150, de ſix pintes environ de capacité, d’air vital (ou air pur, gaz oxigène) ; on tranſporte cette cloche ſur un bain de mercure contenu dans le baſſin B C ; & on ſèche ſoigneuſement, avec du papier gris, la ſurface du mercure, tant dans l’intérieur qu’à l’extérieur de la cloche. Après on met dans une petite capſule de porcelaine D, plate & évaſée, de petits copeaux de fer tournés en ſpirale. À l’extrémité d’un de ces copeaux, on attache un petit morceau d’amadou, auquel il faut ajouter un fragment de phoſphore, qui pèſe à peine un ſeizième de grain. La capſule a été introduite ſous la cloche, en ſoulevant un peu cette dernière. (La petite portion d’air commun, introduite de cette manière, ne nuit point au ſuccès de l’expérience.) On ſuce enſuite une partie de l’air contenu dans la cloche Α, afin d’élever le mercure dans ſon intérieur juſqu’en E F ; & on ſe ſert pour cela d’un ſiphon G H I, qu’on paſſe par-deſſous, & afin qu’il ne ſe rempliſſe pas de mercure, on tortille un petit morceau de papier à ſon extrémité.

Tout étant ainſi préparé, on fait rougir au feu un fer recourbé, qu’on paſſe par-deſſous la cloche ; & avant qu’il ait eu le temps de ſe refroidir, on l’approche du petit morceau de phoſphore contenu dans la capſule D. Auſſitôt le phoſphore s’allume, communique ſon inflammation à l’amadou, & celui-ci au fer. Quand les copeaux ont été bien arrangés, tout le fer brûle juſqu’au dernier atome, en répandant une lumière blanche, brillante, & ſemblable à celle qu’on obſerve dans les étoiles d’artifice chinois. « La grande chaleur qui s’opère pendant cette combuſtion, liquéfie le fer, & il tombe en globules ronds de groſſeur différente, dont le plus grand nombre reſte dans la capſule, & dont quelques-uns ſont lancés au-dehors, & nagent ſur la ſurface du mercure. Dans le premier inſtant de la combuſtion, il y a une légère augmentation dans le volume de l’air, en raiſon de la dilatation occaſionnée par la chaleur ; mais bientôt, une diminution rapide ſuccède à la dilatation ; le mercure remonte dans la cloche : & lorſque la quantité de fer eſt ſuffiſante, & que l’air avec lequel on opère eſt bien pur, on parvient à l’abſorber preſqu’en entier. » On obſervera qu’il eſt bon de ne brûler qu’un gros & demi de fer ſous une cloche de huit pintes de capacité, de crainte que ſi on vouloit pouſſer l’expérience trop loin, & abſorber preſque tout l’air, la capſule D qui nage ſur le mercure, ſe rapprochant trop de la voûte de la cloche, la grande chaleur, jointe au refroidiſſement ſubit occaſionné par le contact du mercure, ne fît éclater le verre.

En détachant enſuite les globules de fer qui ſont contenus dans la capſule, on trouve que le fer eſt dans l’état d’éthiops martial ; il a une ſorte de brillant métallique ; il eſt très-caſſant, très-friable, & ſe réduit en poudre ſous le marteau & ſous le pilon. Lorſque l’opération a bien réuſſi, avec cent grains de fer, on obtient 135 à 136 grains d’éthiops. On peut donc compter ſur une augmentation de poids au moins de 35 livres par quintal. D’un autre côté, l’air ſe trouve diminué d’une quantité en poids exactement égale à celle dont le fer eſt augmenté ; & ſi on a brûlé cent grains de fer, & que l’augmentation de poids que ce métal a acquiſe, ait été de 35 grains, la diminution du volume eſt aſſez exactement de 70 pouces cubiques, à raiſon d’un demi-grain par pouce. Le poids de l’air vital eſt en effet aſſez exactement d’un demi-grain par pouce cube.

On remarquera que, dans cette expérience, comme dans toutes celles du même genre, il faut ramener par le calcul le volume de l’air, au commencement & à la fin de l’expérience, à celui qu’on auroit eu à dix degrés du thermomètre, & à une preſſion de 28 pouces. Voyez les élémens de chimie de M. Lavoiſier, d’où on a extrait la plus grande partie de cette analyſe de l’air.

On peut également opérer la compoſition de l’air, en empruntant de différens règnes, les matériaux qui doivent le former. On ſait que lorſqu’on diſſout des matières animales dans de l’acide nitrique, il ſe dégage une grande quantité d’un air qui éteint les lumières, qui eſt nuiſible pour les animaux, & qui eſt en tout ſemblable à la partie non reſpirable de l’air de l’atmoſphère. Si à 73 parties de ce fluide élaſtique, on en ajoute 27 d’air vital tiré du mercure, réduit en chaux rouge par la calcination, on forme un fluide élaſtique parfaite-