ſonnes moururent par l’effet d’une vapeur exceſſivement maligne qui s’éleva dans une ſalle où on avoit amené des criminels pour les juger : cette vapeur fut portée ſur eux par un courant d’air occaſionné par une des fenêtres de la ſalle qu’on avoit ouverte. Voyez Miasme, Méphitisme, Charbon.
La reſpiration attire l’air, ainſi que nous l’avons prouvé par l’expérience du bocal où la bougie s’éteint après une profonde inſpiration & expiration. Diverſes opinions ont été imaginées pour expliquer comment la reſpiration peut vicier l’air, & le rendre enſuite propre à être de nouveau reſpiré. Les uns ont dit que l’air inſpiré ſe chargeoit de phlogiſtique ; les autres que l’air perdoit, au contraire, de ſon phlogiſtique ; quelques-uns, &c. Mais ces hypothèſes, toutes infiniment oppoſées entr’elles, prouvent qu’il n’y a rien de certain ſur cet objet : d’ailleurs, elles ne ſont appuyées ſur aucunes bonnes raiſons. L’exiſtence du phlogiſtique, comme on l’entend ordinairement, n’eſt pas démontrée, il s’en faut de beaucoup. Des ſavans diſtingués, qui ont fait des recherches ſuivies ſur cette matière, penſent que ce phlogiſtique eſt un être chimérique qu’on emploie ſelon le beſoin des ſyſtêmes.
L’expérience ſuivante ſera plus ſatisfaiſante que toutes les hypothèſes qu’on pourroit rapporter. Placez ſous l’appareil repréſenté dans la fig. 351, une poule, un lapin, un petit chien, &c. Ce récipient mis ſur une eſpèce de guéridon où j’ai fait pratiquer une rainure circulaire, pour y mettre de l’eau, ou mieux du mercure, afin que l’air ne s’échappe pas par le bas, le tube recourbé permet à l’air de ſortir ou d’entrer par le haut du récipient, & l’animal renfermé y reſpire librement. Mais dès qu’on verſe de l’eau colorée dans ce tube, on intercepte toute communication entre l’air de l’atmoſphère & celui qui eſt contenu dans le récipient. Auſſi remarque-t-on qu’à chaque inſpiration de l’animal, la liqueur s’élève au-deſſus de ſon niveau (qu’on a eu ſoin de marquer par un fil ou ſigne quelconque), & qu’à chaque expiration, elle revient à-peu-près au même point ; effet qui marque d’abord, d’une manière viſible, la reſpiration alternative de l’animal ; mais, après un certain temps, on obſerve que la liqueur s’élève plus haut que dans le commencement de l’expérience, & cela d’un nombre de degrés qui ira toujours en augmentant, & qui ſera très-viſible ſur une petite règle graduée qu’on y place.
Cet effet vient directement de la peſanteur de l’air qui, par l’ouverture extérieure, preſſe plus efficacement la liqueur, pour la faire monter dans le tube du côté de la capacité intérieure du récipient. Mais cette preſſion de l’air extérieur ne peut prévaloir, dans cette circonſtance, ſur la réaction de la maſſe d’air renfermée dans le récipient, qu’autant que celle-ci perd de ſon reſſort ou une partie de ſa maſſe. Il eſt difficile de décider, par voie d’expérience, ſi l’air reſpiré a perdu de ſon élaſticité ; & ſi c’eſt à ce défaut de reſſort qu’il faut attribuer la prépondérance qu’obtient alors l’action de la colonne d’air qui paſſe par l’orifice extérieur du tube recourbé ; ou ſi elle dépend d’une diminution de la maſſe d’air contenue dans le récipient, dont l’animal aura abſorbé ou conſommé une partie. Les modernes penſent que ce dernier ſentiment eſt plus probable ; que l’air, dans l’acte de la reſpiration, eſt affecté de la même manière que dans la combuſtion & la calcination, où il perd une partie du gaz oxigène qui le compoſe. Nous verrons ailleurs des preuves de cette doctrine, en traitant des gaz & de tout ce qui y a rapport. En effet, la reſpiration n’eſt qu’une eſpèce de combuſtion qui diminue l’air, ou plutôt le décompoſe. Voyez Combustion.
Ajoutons ici que l’effet de l’expérience précédente eſt toujours beaucoup plus grand qu’il ne paroît ; car le corps de l’animal échauffe néceſſairement la maſſe d’air renfermée dans le récipient. Or, cette chaleur communiquée doit tendre à en augmenter le volume, conſéquemment à faire baiſſer la liqueur colorée dans la grande branche du ſyphon, au-deſſous du premier niveau qui a été marqué ; ainſi l’abſorption ou conſommation de l’air eſt plus grande que les apparences ne l’indiquent.
Les expériences ſuivantes de M. Cigna, de l’académie de Turin, méritent d’être citées. Il ſuſpendit d’abord une cloche de verre, pouvant contenir environ ſeize pouces d’eau, ſur un autre vaiſſeau plein d’eau, de ſorte que le bord du récipient étoit plongé dans ce liquide, à la profondeur de trois travers de doigt. Une poulie étoit ſuſpendue à la partie ſupérieure & interne du récipient ; cette poulie étoit traverſée par une petite corde dont un des bouts étoit attaché à une petite cage ; l’autre extrémité, paſſant par-deſſous les bords du récipient & à travers l’eau, aboutiſſoit à la main du phyſicien, & lui ſervoit à élever & à baiſſer la cage, enfin à la retirer du récipient, en la faiſant paſſer à travers l’eau. Par ce moyen, on pouvoit introduire dans le récipient un oiſeau renfermé dans ſa cage, & le retirer à volonté, ſans changer l’état de l’air, à cauſe de l’obſtacle que l’eau du récipient lui oppoſoit de tous côtés. Cet appareil fut ainſi diſpoſé, & un chardonneret introduit dans cette eſpèce de priſon.
Pendant les deux premières heures, cet oiſeau abſorba tellement l’air ou le vicia, que l’eau s’éleva environ à deux pouces au-deſſus de ſon niveau, & l’élévation augmenta enſuite peu-à-peu. L’oiſeau ne parut pas ſouffrir dans le commencement ; mais, peu de temps après, la reſpiration devint laborieuſe, les angoiſſes augmentèrent ; &