où les ouvriers & des chevaux ſont employés à diverſes opérations. Des oiſeaux & des lapins que je mets dans mes cours d’expériences ſous le récipient de la machine à condenſer, (Voyez Condenser, Machine à condenser l’air) réſiſtent parfaitement à cette épreuve, quoique j’opère une condenſation égale à plus de quatre fois le poids de l’atmoſphère. Les plongeurs vivent auſſi ſous une ample cloche, plongée à une grande profondeur dans la mer. Lorſque cette cloche eſt deſcendue à 300 pieds de diſtance de la ſurface de la mer, l’air y eſt neuf fois environ autant comprimé par la preſſion de l’eau qu’à la ſurface de la terre. Cependant les perſonnes qui ſont ſous cette machine n’en meurent pas, elles évitent même les incommodités qui ſeroient les ſuites de cette grande condenſation, en prenant des précautions dont nous parlerons au mot Cloche du plongeur, & dont les principales ſont de deſcendre lentement la cloche & de renouveler l’air.
M. Boyle ayant renfermé deux ſouris dans deux récipiens égaux ; l’air avoit dans l’un ſa denſité naturelle, & il étoit deux fois plus denſe dans l’autre. Il obſerva enſuite que la ſouris renfermée dans ce dernier récipient, avoit vécu quinze fois plus long-temps que dans l’air naturel, quoique la quantité d’air fût ſeulement double.
Les expériences qu’on a faites ſur l’air condenſé, comparées avec celles ſur l’air raréfié, prouvent que les animaux ſupportent plus facilement les changemens arrivés à la denſité de l’air, lorſque cette denſité augmente, que lorſqu’elle diminue.
Les hommes & les animaux peuvent encore ſupporter une grande raréfaction de l’air ; car MM. Bouguer & la Condamine, se sont trouvés sur le sommet du Pichincha, à une hauteur de 2 420 toises, où le mercure n’avoit que 15 pouces 9 lignes d’élévation dans le baromètre, ensorte que l’air y étoit environ deux fois plus rare que celui qu’on respire dans les pays qui sont près des bords de la mer. Ils n’en ressentirent pas d’incommodité notable ; ils s’y accoutumèrent bientôt ; mais ceux de leur suite, dont la poitrine étoit délicate, éprouvèrent des défaillances, des vomiſſemens, des hémorragies. La laſſitude, à la vérité, avoit beaucoup de part à ces funestes accidens, auxquels ceux qui faiſoient ce voyage à cheval, n’étoient pas exposés. Les habitans des montagnes, accoutumés à respirer un air très-rare, n’en ſont pas plus incommodés que ceux qui ſont habitués à un air condenſé.
M. Cigna a prouvé, par pluſieurs expériences, que ſi les quantités d’air d’un espace toujours le même, sont en raiſon de 128, 169, 330 ; c’est-à-dire, comme 3, 4, 8 ; la durée de la vie des animaux, des moineaux, par exemple, eſt de 35, 70, 210, c’eſt-à-dire, 1, 2, 6 ; ce qui prouve que la durée de la vie, dans l’air de différens degrés de raréfaction par la machine pneumatique, ne répond pas à la quantité d’air, lorſque ſa denſité augmente, par conſéquent que la même quantité d’air ſoutient plus long-temps la vie des animaux quand il eſt moins raréfié que quand il l’eſt davantage.
Une obſervation importante, qu’on ne doit pas paſſer ici ſous ſilence, eſt que les animaux ſe portent très-bien dans l’air raréfié du ſommet des montagnes, & que les bougies y brûlent, tandis que le contraire arrive dans l’air raréfié au même degré, par le moyen de la machine pneumatique. La raiſon en eſt que l’air étant libre au sommet des montagnes, ſe renouvelle de lui-même à chaque inſtant, au lieu que l’autre étant renfermé, eſt bientôt corrompu ; & il eſt hors de doute que ſi l’air du ſommet des montagnes étoit renfermé, il cauſeroit auſſi promptement la mort que celui qu’on a raréfié au même degré, par le moyen de la pompe pneumatique.
On peut encore s’accoutumer très-bien à vivre dans un air très-chaud ou très-froid : on trouve des habitans dans l’intérieur de l’Afrique, il y en a dans le Groënland ; & des voyageurs européens supportent très-bien les deux températures opposées qui ſont propres à ces climats.
Les mémoires de l’académie citent encore l’expérience que pluſieurs perſonnes ont faite devant MM. Tillet, Guettard & Fougeroux, en reſtant pendant quelques minutes dans le four d’un boulanger. On connoit les bains de vapeurs des ruſſes & des turcs. Voyez Bains.
Une des qualités eſſentielles de l’air, pour être propre à la reſpiration, eſt certainement de contenir une doſe ſuffiſante de gaz oxygène. Si l’air que reſpirent des animaux ne contient point d’air oxygène, ils meurent auſſitôt. Ils ne reſpirent qu’avec peine, lorſqu’il n’en tient plus qu’un huitième & l’expérience prouve encore qu’à la longue, l’air qui eſt au-deſſous de 0,28, n’eſt pas exempt de danger ; & ſi l’expérience ne l’avoit appris, on n’auroit jamais pu croire que l’homme pût vivre ſans en être incommodé dans un air auſſi chaud. L’abbé Chappe d’Auteroche nous apprend que les ruſſes prennent leurs bains chauds au 60 degré du thermomètre de Réaumur, c’eſt-à-dire, au 60 de celui de Farenheit.
Le docteur Fordyce a fait, en Angleterre, pluſieurs expériences ſuivies ſur cet objet ; ce fut dans le milieu de janvier 1774. Il ſe procura, ainſi que le rapporte le docteur Blagden, une ſuite de chambres dont la plus haute étoit chauffée par des courans d’eau bouillante verſée ſur le plancher, qui paſſoient dans la ſeconde, & traverſoient par le plancher de celle-ci dans la troiſième. Aucune de ces chambres n’avoit de cheminée, ni de ſoupirail qui pût donner accès à l’air, ſi ce n’eſt les fentes du plancher. Il y avoit trois thermomètres dans la première chambre ; l’un dans ſa partie la plus chaude, l’autre dans celle qui l’étoit moins, & le troiſième ſur une table, pour ſervir au beſoin dans le cours de l’expérience.