Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ANA
169

Auſſi la mobilité eſt-elle une propriété commune à tous les corps.

L’analogie eſt très-utile en elle-même ; mais pour éviter de tomber dans l’erreur, en la prenant quelquefois pour guide, il eſt néceſſaire d’examiner avec ſoin, ſur-tout dans les effets compoſés, toutes les circonſtances eſſentielles qui ont lieu, & d’en faire une comparaiſon exacte entre elles. Cet objet appartenant directement à la dialectique & à la métaphyſique ; nous ne nous étendrons pas davantage ſur cet objet, qui a être traité dans les dictionnaires relatifs à ces ſciences.

Nous dirons ſeulement qu’analogie en général, ſoit en phyſique, ſoit en morale, en politique, &c. ſignifie une reſſemblance ou ſimilitude entre des cauſes & des effets. En mathématique, le mot d’analogie déſigne l’égalité de deux raiſons ou rapport, & alors il eſt ſynonyme avec celui de proportion. Ainſi, par exemple, on dira d’une puiſſance qui agit par le moyen du coin : Sa force relative eſt à ſa force abſolue, comme l’axe ou la hauteur du coin eſt à la largeur de ſa baſe. On dira en parlant du plan incliné : Quand un corps porte ſur un plan incliné, ſa gravité reſtante eſt à ſa gravité totale, comme la hauteur du plan eſt à ſa longueur. On verra les avantages de ces ſortes d’analogies, dans les articles ſur la mécanique, ſur la peſanteur, ſur l’optique priſe en général, &c. en un mot, dans tous ceux qui ont rapport aux ſciences phyſico-mathématiques qui ſeront traitées dans ce dictionnaire.

ANALYSE en mathématique, eſt la méthode de réſoudre les problêmes mathématiques en les réduiſant en équations ; elle a donc pour but de découvrir les quantités inconnues par les rapports qu’elles ont avec les quantités connues, & c’eſt par la double expreſſion d’une même quantité, qu’elle en vient à bout. L’algèbre preſcrit les règles & les conditions qui ont rapport à cet objet. Cette ſcience ne doit point être traitée dans un dictionnaire de phyſique.

Analyse en chimie, eſt l’art de décompoſer un corps, de ſéparer ſes principes, ſes parties conſtituantes. On en diſtingue de deux ſortes : l’analyſe par le feu, & l’analyſe par les diſſolvans ou les menſtrues. On fait à la première de ces méthodes pluſieurs reproches : ſi un corps eſt compoſé de pluſieurs principes qui aient différens dégrés de volatilité, on ne les ſéparera pas toujours, même en employant une chaleur graduée dans des vaiſſeaux diſtillatoires, parce que pluſieurs de ces principes pouvant avoir une grande adhérence entre eux, un principe volatil entraînera avec lui une portion d’un principe fixe. De plus, quelques principes peuvent être incapables de ſupporter l’action du feu, ſans ſe décompoſer en tout ou en partie, ou du moins ſans éprouver une altération plus ou moins grande.

L’analyſe par les menſtrues eſt fondée ſur la différente diſſolubilité de leurs principes dans divers diſſolvans ; ſi un mixte eſt compoſé, par exemple, d’une matière gommeuſe, d’une qui soit réſineuſe, & d’une autre qui ſoit huileuſe, en employant l’eau, on lui enlèvera tout ce qu’il a de gommeux, l’eſprit-de-vin diſſoudra enſuite la réſine, & l’éther s’emparera de toute l’huile. On penſe bien qu’après chaque diſſolution, on fera évaporer pour avoir le principe qu’on vouloit extraire.

On a encore diviſé l’analyſe en analyſe vraie ou ſimple, & en analyſe fauſſe ou compliquée. L’analyſe vraie ou ſimple a lieu, dit M. de Fourcroy, toutes les fois que l’on ſépare d’un corps compoſé les principes dont il eſt formé, ſans leur faire ſubir d’altération, & de manière qu’en les réuniſſant après les avoir ſéparés, on reforme un compoſé tout-à fait ſemblable à celui qui a été décompoſé. Il ſeroit à ſouhaiter que cette analyſe pût être ſouvent employée ; mais il arrive au contraire, très-fréquemment, qu’en ſéparant les principes des corps compoſés, on les altère, & on en change les propriétés. Ainſi, en brûlant des bois, par exemple, il en ſort de l’eau, des ſels, de la fumée ou ſuie, & il reſte des cendres ; mais on ne peut pas reformer du bois en réuniſſant l’eau, les ſels, la ſuie & la cendre. Un plus long détail ſeroit étranger à cet ouvrage. On peut conſulter le dictionnaire de chimie. Mais le mot d’analyſe ſe trouvant dans pluſieurs livres de phyſique, il étoit à-propos de connoître la valeur de cette expreſſion.

Analyse de l’air, de l’air de l’atmoſphère. L’air de l’atmoſphère eſt peut-être la ſubſtance dont l’analyſe eſt la plus exactement & la plus rigoureuſement faite. Pour déterminer la nature des parties conſtituantes d’un corps, on emploie deux moyens, la composition & la décompoſition. De même, dans l’analyſe de l’air de l’atmoſphère, on le décompoſe & on le recompoſe. Voyez l’article Analyse de l’air atmosphérique au n°. VIII du mot Air.

ANAMORPHOSE. C’eſt une projection monſtrueuſe qu’on a deſſinée & peinte ſur une ſurface plane, convexe ou concave, & qui paroît néanmoins représenter un objet régulier, lorſqu’elle eſt vue d’une certaine manière, c’eſt-à-dire, 1o. d’une certaine diſtance à la vue ſimple ; ou 2o. à travers d’un verre taillé à facettes ; ou 3o. dans des miroirs priſmatiques, coniques, cylindriques, et même concavo-cylindriques.

1o. Dans le couvent des minimes de la place Royale, à Paris, on peut voir deux anamorphoſes, peintes par le père Niceron. En les regardant directement, on n’aperçoit qu’un payſage ; mais ſi on les voit à une certaine diſtance & à un point déterminé, on appercevra dans l’une la Madelaine, &