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ARC

diſtingue ordinairement de quatre eſpèces : ſavoir la civile, la militaire & la navale. La première eſt l’art de conſtruire des édifices relatifs aux uſages ordinaires de la vie ; la ſeconde eſt l’art de fortifier les places de guerre ; la troiſième a pour objet la conſtruction des vaiſſeaux ; la quatrième, qui eſt l’architecture hydraulique eſt (l’art de bâtir dans l’eau même, & de rendre l’uſage des eaux plus aiſé, plus commode & plus étendu. On parvient à ce but en conſtruiſant des ponts, des écluſes, des digues, des moulins, des fontaines, des pompes, des réſervoirs, &c. L’architecture hydraulique traite encore de tout ce qui ſert à retenir la force de l’eau, pour empêcher qu’elle ne cauſe du dégât : de tout ce qui peut favoriſer ſon cours naturel, comme lorſqu’on travaille à rendre les rivières navigables ; de tout ce qui peut contribuer à la porter dans les endroits où l’on en a beſoin, ſoit en détournant ſon cours, ſoit en l’élevant, pour la faire paſſer dans des réſervoirs, & la diſtribuer de-là dans tous les endroits néceſſaires.) On peut conſulter ſur cette ſcience ſi intéreſſante l’architecture hydraulique de Belidor, ouvrage en 4 vol. in-4°, rempli de figures ; & la nouvelle architecture hydraulique de M. de Proni, dont le premier volume a déjà paru, & qui fait partie de l’Encycl. méthod.

ARCHYTAS. C’eſt à ce philoſophe Grec qu’on doit, ſelon pluſieurs hiſtoriens, les premiers principes de cette partie de la phyſique qui porte le nom de mécanique : il inventa encore la poulie & la vis ; il fit auſſi une colombe artificielle qui imitoit le vol des oiseaux de ce nom. Ce philoſophe de Tarante avoit également de grandes connoiſſances dans la géométrie, qui lui donnèrent l’idée de la mécanique, en appliquant la géométrie au mouvement. L’étude des ſciences ne l’empêcha pas d’exercer de grands emplois, & il les remplit avec autant d’intelligence que d’intégrité. Archytas suivoit en beaucoup de points la doctrine de Pythagore. On le trouva mort ſur les côtes de la Pouille, où un naufrage l’avoit jeté. Il floriſſoit 408 ans avant J. C.

ARCY, Patrice d’Arcy, naquit à Gallowai en Irlande, le 27 ſeptembre 1725. Arrivé à Paris en 1739, il devint diſciple de Clairaut, & fit dans les mathématiques des progrès rapides ; mais bientôt la guerre vint l’enlever aux ſciences. En 1749, après la paix, il lut à l’académie, quelques mémoires de géométrie. On connoît de lui un mémoire ſur un électromètre que la répulſion électrique met en jeu. M. d’Arcy donna quelques mémoires ſur l’artillerie, & un eſſai ſur cette ſcience, publié en 1760. Un des objets les plus importans étoit la connoiſſance de la poudre ; ce ſavant imagina une éprouvette propre à donner des réſultats précis ; elle conſiſtoit dans un canon ſuſpendu à un pendule : on jugeoit de la force de la poudre par l’arc que le recul faiſoit décrire à ce canon.

M. d’Arcy, pour mesurer la force des projectiles, a employé auſſi un pendule contre lequel ces projectiles viennent frapper, & la grandeur des arcs décrits par ce pendule, donne les forces cherchées. Cette méthode que Robins a miſe en uſage, eſt préférable à celle où l’on voudroit juger des forces par les portées ; & M. d’Arcy a rendu plus exacte la machine qu’il a imitée de Robins.

En 1765, ce ſavant donna un mémoire sur la durée de la ſenſation de la vue. Un charbon allumé, agité circulairement, produit l’apparence d’une roue de feu, une roue dentée qui tourne, ne préſente qu’un cercle continu ; une corde sonore qui vibre avec rapidité, paroît un loſange ; ces effets, connus de tous les temps, prouvent que nos ſenſations ont une durée plus grande que celle de l’action de leur cauſe ; l’ébranlement produit dans l’organe, ſe prolonge après que le corps extérieur a cessé d’agir.

Perſonne n’avoit encore ſongé à ſoumettre au calcul ces obſervations, à déterminer la viteſſe néceſſaire pour produire ces apparences, & à meſurer par conſéquent la durée de chaque impreſſion inſtantanée ; c’eſt l’objet que ſe propoſa M. d’Arcy. Il trouva que pendant une nuit obſcure, la ſenſation que produiſoit un charbon allumé, duroit environ huit tierces. Si on fait tourner un cercle où il n’y ait qu’une ouverture, & que derrière on place un flambeau, ce flambeau demeure toujours viſible, lorſque le cercle ne met que neuf tierces à faire ſa révolution ; plus l’objet a d’éclat & d’étendue, en un mot, plus ſon impreſſion ſur l’organe eſt forte, plus ſa ſenſation a de durée, & moins il eſt néceſſaire que le mouvement ſoit rapide. M. d’Arcy mourut le 18 octobre 1779.

ARCTIQUE. C’eſt l’épithète qu’on a donnée, 1o. au pôle ſeptentrional, qu’on appelle encore pôle boréal, pôle nord : ce nom d’arctique qui, en grec, ſignifie ourſe, a été donné à ce pôle, parce qu’il eſt très-proche de la dernière étoile de la queue de la conſtellation nommée la petite ourſe.

Le nom d’arctique eſt encore employé pour déſigner un des cercles polaires, celui qui eſt du côté de l’ourſe. Ce cercle polaire arctique eſt un petit cercle, car il ne paſſe pas par le centre de la ſphère ; il eſt parallèle avec l’équateur, dont il eſt éloigné de 66 degrés 30 minutes ; il n’eſt donc diſtant que de 23 degrés & demi du pôle arctique. Ce cercle polaire arctique, ainſi que l’antarctique, ſont décrits par le mouvement des pôles de l’écliptique autour des pôles de l’équateur ou du monde, ce qui eſt la même chose. Le cercle polaire arctique ſur la terre, ſépare la zone glaciale de la zone tempérée ; celle-ci eſt compriſe entre le tropique du cancer & le cercle arctique ; celle-la entre le pôle nord ou ſeptentrional & ce même cercle arctique. Voyez Antarctique & Cercles polaires.