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ARÉ

plus un fluide eſt denſe, c’eft-à-dire, plus il eſt peſant, plus la partie du fluide, qui ſera égale en poids à l’aréomètre, ſera d’un petit volume, & par conſéquent le volume de fluide que l’aréomètre doit déplacer ſera auſſi d’autant plus petit, que le fluide eſt plus peſant ; ainſi plus le fluide eſt peſant, moins l’aréomètre doit s’y enfoncer. Il doit donc s’enfoncer moins dans l’eau que dans le vin, moins dans le vin que dans l’eau-de-vie, &c., comme il arrive en effet.]

Cet inſtrument eſt plutôt un aréoſcope qu’un véritable aréomètre ; ſa graduation étant arbitraire, il indique ſeulement qu’une liqueur eſt plus peſante qu’une autre, mais non préciſément de combien de degrés réels elle eſt plus peſante. D’ailleurs, deux inſtrumens faits de cette manière, ne ſont pas comparables entr’eux.

Aréomètre à poids. L’aréomètre dont on vient de parler, a été rendu plus exact & d’un uſage plus étendu, en le conſtruiſant comme on le voit dans la figure 263. Α eſt un globe léger & creux de ſimilor, portant à ſa partie inférieure un fil de cuivre B C, terminé en C par une vis pour y adapter ſucceſſivement pluſieurs petits poids de cuivre de différente peſanteur, tels que P, Q, R ; la tige cylindrique D E, qui eſt également creuſe, eſt diviſée en 40 parties égales. « Cet inſtrument eſt conſtruit de manière qu’étant chargé du poids P, qui tient le milieu entre les deux autres, & étant plongé dans de l’eau de pluie, il puiſſe deſcendre juſqu’en E, & qu’il deſcende juſqu’en D, ſi on le plonge dans un autre liquide qui pèſe 40 grains de plus qu’un pareil volume d’eau de pluie ; d’où il ſuit que ſi on le plonge dans différens liquides, ſuivant qu’il s’y enfoncera plus ou moins profondément, on pourra, à l’aide de l’échelle gravée ſur la tige de cet inſtrument, juger de la peſanteur ſpécifique qui ſera alors déterminée par grains. Si on ſubſtitue le petit poids R à la place de P, l’inſtrument étant plongé dans de l’eſprit-de-vin, s’enfoncera juſqu’en E ; mais lorſqu’on le plongera dans de bon eſprit de froment, il deſcendra juſqu’à quelqu’un des degrés marqués entre D & E ; d’où on pourra juger de la légèreté ſpécifique des autres fluides ſpiritueux dans leſquels on le plongera, en conſidérant le nombre plus ou moins grand de degrés ſelon leſquels il s’enfoncera. Le troiſième poids Q, qui eſt le plus peſant, s’adapte à cet inſtrument, lorſqu’il s’agît de déterminer la peſanteur ſpécifique des différentes ſaumures : de ſorte que le même inſtrument peut ſervir à déterminer la peſanteur ſpécifique de toutes ſortes de liqueurs, en changeant le poids qu’on y adapte. » Muſſchenb. tom. II, p. 230.

[ Il faut apporter diverſes précautions dans la conſtruction & l’uſage de cet inſtrument. 1o. Il faut que les liqueurs dans leſquelles on plonge l’aréomètre, ſoient exactement au même degré de chaleur ou de froid, afin qu’on puiſſe être sûr que leur différence de denſité ne vient point de l’une de ces deux cauſes, & que le volume de l’aréomètre même n’en a reçu aucun changement.

2o. Que le col de l’inſtrument ſur lequel ſont marquées les gradations, ſoit par-tout d’une groſſeur égale ; car s’il eſt d’une forme irrégulière, les degrés marqués à égales diſtances, ne meſureront pas des volumes de liqueurs ſemblables en ſe plongeant ; il ſera plus ſûr & plus facile de graduer cette échelle relativement à la forme du col, en chargeant ſucceſſivement l’inſtrument de pluſieurs petits poids bien égaux dont chacun produira l’enfoncement d’un degré.

3o. On doit avoir ſoin que l’immerſion ſe faſſe bien perpendiculairement à la ſurface de la liqueur, ſans quoi l’obliquité empêcheroit de compter avec juſteſſe le degré d’enfoncement.

4o. Comme l’uſage de cet inſtrument eſt borné à des liqueurs qui diffèrent peu de peſanteur entr’elles, on doit bien prendre garde que la partie qui ſurnage ne ſe charge de quelque vapeur ou ſaleté, qui occaſionneroit un mécompte, dans une eſtimation, où il s’agit de différences peu conſidérables. Et lorſque l’aréomètre paſſe d’une liqueur à l’autre, on doit avoir ſoin que ſa ſurface ne porte aucun enduit qui empêche que la liqueur où il entre ne s’applique exactement contre cette ſurface.

5o. Enfin, malgré toutes ces précautions, il reſte encore la difficulté de bien juger le degré d’enfoncement, parce que certaines liqueurs s’appliquent mieux que d’autres au verre ; & qu’il y en a beaucoup qui, lorſqu’elles le touchent, s’élèvent plus ou moins au-deſſus de leur niveau. Quand on ſe ſert de l’aréomètre que nous avons décrit, il faut le plonger d’abord dans la liqueur la moins peſante, & remarquer à quelle gradation ſe rencontre ſa ſurface ; enſuite il faut la rapporter dans la plus denſe, & charger le haut de la tige ou du col de poids connus, juſqu’à ce que le degré d’enfoncement ſoit égal au premier. La ſomme des poids qu’on aura ajoutés pour rendre cette ſeconde immerſion égale à la première, ſera la différence des peſanteurs ſpécifiques entre les deux liqueurs. Leçons de phyſique de l’abbé Nollet.]

Aréomètre de M. Homberg. Cet aréomètre dont on trouve la deſcription dans les Transactions philoſophiques, (n° 262 ) & dans les Memoires de l’académie des ſciences, (année 1699, p. 46) conſiſte dans une bouteille de verre ou matras dont le col Α B eſt ſi étroit, qu’une goutte d’eau y occupe cinq ou six lignes, voyez la figure 264. À côté de ce col eſt un petit tube capillaire D de la longueur de ſix pouces, & parallèle au col Α B. Pour remplir ce vaiſſeau, on verſe la liqueur par l’orifice Α où eſt un entonnoir, juſqu’à ce qu’on aperçoive ſortir la liqueur, par l’orifice du tuyau D ;