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Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/302

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ARM

avec de l’eau, juſqu’à ce qu’on lui ait donné une figure régulière.

Il faut bien ſe garder d’arrondir l’aimant en aucun endroit : l’expérience a appris que ſi on laiſſe à l’aimant ſes côtés plats, & qu’on lui donne la figure d’un parallélépipède, il attire avec plus de force ; car, en l’arrondiſſant, on perd toute la vertu qui ſe trouvoit dans le morceau qu’on a retranché. Il eſt abſolument néceſſaire de bien applanir les deux côtés des pôles, & de les bien polir, afin de pouvoir y appliquer d’autant mieux l’armure. Pour cet effet, on peut d’abord frotter ces côtes ſur une pierre plate, avec du ſable & de l’eau, & les polir enſuite ſur un morceau plat de glace de miroir, avec de l’eau & la pierre de Jutlande rougie au feu. S’il n’eſt pas poſſible de donner à l’aimant une figure régulière, ſans en trop perdre, il faut faire de ſon mieux pour le bien travailler ; il faut ſurtout chercher à conſerver, autant qu’il eſt possible, la longueur de l’axe de l’aimant ; car elle eſt d’une bien plus grande importance, & contribue beaucoup plus à la vertu de l’aimant, que ſa hauteur ou ſon épaiſſeur.

Lorſqu’on a donné à l’aimant la figure qu’il doit avoir, il faut rechercher quelle eſt ſa vertu, pour pouvoir régler, ſur cela, l’épaiſſeur de l’armure ; car plus l’aimant a de force, plus auſſi l’armure doit être épaiſſe. Pour cet effet, on met une barre de fer plate & polie ſur un des côtés des pôles, & l’on ſuſpend au bas de cette barre, un anneau de fer auquel tient un petit baſſin avec quelques poids ; ce qui ſe fait aiſément, parce que la vertu magnétique pénètre d’abord & s’inſinue dans la barre de fer : ſelon que l’on peut mettre plus ou moins de poids dans ce petit baſſin, & qu’il peut être ſuſpendu à la barre plus ou moins près de l’aimant, la vertu magnétique eſt plus ou moins forte ; l’aimant a d’autant plus de force, que le baſſin peut être attiré de plus loin.

Pour armer l’aimant, on a recherché lequel pourroit être le meilleur, ou le fer ou l’acier. L’expérience nous apprend que lorſqu’on fait une armure d’acier, après l’avoir rendu auſſi dur qu’il eſt poſſible par la trempe, il ne reçoit que peu de force de l’aimant, pour attirer le fer au-deſſous du pied de cette armure : lorſqu’on ramollit un peu cet acier, il commence à attirer davantage ; & lorſqu’on le ramollit davantage, il attire encore plus, d’où il paroît que le fer flexible eſt le meilleur, & l’effet a confirmé que l’armure doit être faite du fer le plus raffiné & le moins dur que l’on puiſſe trouver, & dans lequel il n’y ait point de paillettes.

Il faut faire l’armure de fer flexible, ſeulement en l’alongeant, ſans confondre ſes parties, ou ſans les battre l’une dans l’autre, afin que le fil du fer puiſſe rester droit. On fait, pour chaque côté des pôles de l’aimant, une armure, à laquelle on donne cette figure (fig. 348). Α B, eſt une plaque plate de fer, qui repréſente la jambe, laquelle doit être auſſi longue que l’aimant eſt haut, & avoir autant de largeur CC, GG, que l’aimant a d’épaiſſeur. Sous cette jambe, doit être placé le pied de l’armure B D S E, qui eſt un morceau de fer poſé en travers, & qui tombe à des angles droits ſur la jambe Α B ; ſa largeur DS reſtant par-tout la même, depuis le commencement B, juſqu’à ſon extrémité D S, doit être les deux tiers de la largeur de la plaque G G, & avoir en hauteur SE, autant qu’en largeur DS : ſa longueur BD, doit être les deux-tiers de ſa largeur DS. Il faut que ce pied aille en diminuant & en s’arrondiſſant ſur les côtés depuis S & D juſqu’en E ; de sorte que la largeur de ſa partie inférieure, proche de E, ne ſoit qu’un tiers ou un quart de la largeur de ſa partie ſupérieure D S. Il eſt très-important de faire attention à l’épaiſſeur de la jambe Α B ; car ſi on la fait trop épaiſſe ou trop mince, le pied B D S E attirera alors une moindre quantité de fer. Il eſt très-difficile de déterminer quelle doit être préciſément cette épaiſſeur, avant de l’avoir cherchée ; pour cet effet, il faut bien applanir le côté intérieur de la jambe Α B, de même que le côté ſupérieur B D S du pied ; enſorte qu’on puiſſe l’ajuſter exactement ſur un des côtés des pôles de l’aimant, & que la même chose ſe faſſe auſſi par-deſſous, ſans qu’il reſte entre l’armure & la pierre, aucun intervalle. Il faut alors eſſayer, avec un morceau de fer, combien de poids peut-être ſuſpendu à la partie inférieure E du pied. Après avoir tenu note de cela, de même que de la meſure préciſe de l’épaiſſeur de cette plaque Α B, on la rendra enſuite un peu plus mince ; en limant du côté extérieur, & commençant par en haut, proche de Α : après quoi, il faudra éprouver chaque fois, ſi le pied attire plus ou moins de poids qu’auparavant. En limant, de plus en plus, la jambe Α B, & en la rendant ainſi plus mince, on parviendra enfin à une certaine épaiſſeur, qui eſt celle-là même où l’aimant agit avec plus de force ; & l’on aura cette épaiſſeur requiſe, lorſqu’en la diminuant encore un peu, on s’apercevra que l’aimant commence à attirer un moindre poids. Ce ſera donc l’épaiſſeur de l’épreuve précédente à laquelle il faudra s’en tenir. On voit par-là qu’on ne peut rencontrer la juſte épaiſſeur que doit avoir la jambe Α B, qu’en faiſant de continuelles épreuves, dont on garde ſoigneuſement la note. Cette première armure, qui a ſervi à ces épreuves, ne peut plus être d’aucun uſage ; parce qu’on l’a rendue un peu trop mince par tous ces eſſais ; c’eſt pourquoi il faut ſe ſervir de la même maſſe de fer pour en faire une armure, dont la jambe ait la même épaiſſeur, que celle qu’on a trouvée auparavant être la meilleure de toutes.

On fait enſuite le haut C C de la jambe Α B