Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/367

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placer cet inſtrument dans le méridien à chaque ſtation, & pour bien s’aſſurer que la ligne de collimation étoit reſtée la même. Par les obſervations de dix étoiles près du zénith, il a trouvé que la différence apparente des latitudes des deux ſtations étoit de 54 ſecondes 6 dixièmes, & par la meſure des triangles formés par deux baſes priſes de différens côtés de la montagne, il a trouvé pareillement que la diſtance entre les parallèles de ces ſtations, répondoit à un arc de 43 ſecondes du méridien, c’eſt-à-dire, qu’il étoit moindre de 11 ſecondes 6, que celui qu’il trouva entre les parallèles des ſtations, répondant dans la latitude de Schehallien (qui eſt de 56 degrés + 4 minutes) à un arc, comme on l’a dit, de 43 ſecondes. Or, la moitié de 11 minutes, 6 étant 5 ſecondes, 8, cette quantité représente l’effet moyen de l’attraction de cette montagne ; & en comparant ſa groſſeur avec celle de la terre, M. Maskelyne a trouvé que la denſité moyenne de la terre étoit aux environs du double de celle de cette montagne. On remarquera ici que la montagne Schehallien paroît formée entièrement de rochers, dont les morceaux qu’on a montrés à la ſociété royale de Londres, ont été reconnus pour des ſubſtances minérales qui n’avoient jamais éprouvé l’action du feu ; & conſéquemment qu’on peut conſidérer cette montagne comme un des meilleurs échantillons de la véritable denſité de la ſurface de la terre. Voyez le diſcours ſur l’attraction des montagnes que M. Princle, préſident de la ſociété royale de Londres, prononça dans l’aſſemblée annuelle en lui donnant la médaille.

C’eſt par cette déviation du fil-à-plomb, employé pour meſurer avec une grande préciſion, la diſtance des étoiles au zénith dans les opérations propres à déterminer la grandeur des degrés de la terre ; c’est par cette déviation occaſionnée par l’attraction des montagnes, qu’on a expliqué pourquoi pluſieurs degrés mêmes ne ſuivent point la proportion qu’ils devroient avoir d’après ceux du nord & du Pérou, meſurés par les académiciens français. Ainſi, le P. Boſcovich a trouvé le degré du méridien en Italie, de 56 979 toiſes, tandis qu’il auroit dû être de 57 110, ſi l’attraction de la grande chaîne des montagnes de l’Apennin n’avoit troublé les obſervations faites, par le moyen du fil-à-plomb. L’abbé de la Caille a penſé la même choſe des obſervations faites pour la méridienne de France, dans le voiſinage des Pyrénées. Le P. Beccaria a trouvé auſſi, en Piémont, une très-grande différence, occaſionnée par l’attraction de Monte-Barone, où eſt ſitué Andra ; & l’arc meſuré entre Turin & Andra, a été trouvé de 26 ſecondes plus petit qu’en France ſur une égale longueur, & le degré qu’on auroit voulu en conclure auroit été trop grand de 900 toiſes.

Attraction, dans l’ancienne philoſophie, ſignifie une force naturelle, inhérente à quelques eſpèces de corps, par laquelle ils tirent à eux d’autres corps éloignés. Les anciens prétendoient qu’en reſpirant, nous attirions l’air ; qu’un enfant qui tette attiroit dans ſa bouche le lait de ſa nourrice ; que les vapeurs & les exhalaiſons étoient attirées par le ſoleil, dans les hautes régions de l’air, &c. ; lorſque les philoſophes anciens avoient ainſi employé des mots vides de ſens, ils s’imaginoient avoir expliqué la cauſe des phénomènes ; pluſieurs perſonnes, encore aujourd’hui, ſuivent cette marche pour ne pas s’être accoutumés de bonne heure à définir les termes & à ne jamais ſe ſervir que de mots dont le ſens ſoit bien déterminé ; il faut toujours examiner ſi les idées déſignées par les expreſſions qu’on emploie, ont entre elles des rapports, & des rapports ſuffiſans pour expliquer les effets dont on ſe propoſe de trouver la cauſe. Les anciens, par le mot d’attraction & d’autres de cette eſpèce, ne déſignoient que des qualités vraiment occultes, qu’ils ſuppoſoient gratuitement dans les corps ; manière de philoſopher bien favorable à la pareſſe, ſi naturelle à l’eſprit humain. L’action de tetter dépend non d’une attraction, mais de la peſanteur de l’air qui preſſe le ſein de la nourrice, & fait jaillir le lait dans la bouche de l’enfant où la raréfaction de l’air a été produite, &c. comme nous l’expliquerons à l’article de la peſanteur de l’air.

ATTRACTION, en mécanique, ſignifie l’action d’une puiſſance qui tire un mobile, le fait changer de lieu, en lui communiquant du mouvement ; c’eſt ainſi qu’un homme, par le moyen d’une corde, tire un battelet qui eſt ſur une rivière, & des chevaux tirent une voiture à laquelle ils ſont attelés. Comme la réaction eſt toujours égale & contraire à l’action, il s’enſuit, dit-on ordinairement, que dans toute attraction, le moteur eſt attiré vers le mobile, autant que le mobile vers le moteur. L’attraction conſidérée ainſi mécaniquement, doit être plutôt appelée Traction, car le mot d’attraction doit être réſervé à cette tendance qui rapproche deux corps éloignés, ſans qu’on apperçoive aucune cauſe intermédiaire.

ATTRACTION ÉLECTRIQUE. On donne ce nom à la tendance qu’on obſerve entre deux corps quelconques dont l’un eſt électriſé & l’autre ne l’eſt pas quelle que ſoit l’eſpèce d’électricité qui règne ; tendance qui les porte à ſe rapprocher & à s’unir. Suppoſons qu’un corps ſoit électriſé poſitivement ou négativement, il attirera dans l’un & l’autre cas, les corps légers qu’on lui préſentera ; & cette attraction aura lieu ſi le corps eſt électriſé par frottement ou par communication. Si un tube de verre, un globe, ou un plateau de verre ſont frottés, ils attireront des fils, de la pouſſière de bois, du ſon, &c. ; de même le conducteur de la machine électrique poſitive attire à ſoi des corps légers. Les