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BAI

molliſſement des fibres écartées & alongées par l’interpoſition des molécules aqueuses ; 2o. de nétoyer & de déboucher les tuyaux qui les reçoivent ; 3o. de délayer & de détremper les liqueurs ; d’en diminuer la viſcosité ; 4o. cette pénétration de l’eau juſques dans les groſſes veines fait une addition à la ſomme des liqueurs.

Au ſortir du bain le corps eſt dégagé de l’excès de preſſion extérieure ; la force de la circulation eſt augmentée, & la réſiſtance diminuée du côté de la peau. La tranſpiration joue plus librement, on ſent une nouvelle force, à moins que la durée du bain n’ait été trop prolongée.

Le bain agit encore par la chaleur & la froideur de l’eau. On aura une idée de cette action, en ſe rappelant ce qui ſe paſſe lorſqu’on plonge un thermomètre à groſſe boule & à tube étroit dans l’eau chaude, & un autre dans de la glace pilée. Dans le premier cas on obſerve que la liqueur commence par deſcendre, parce que la boule étant raréfiée, & ſa capacité augmentée, la liqueur contenue dans le tube doit deſcendre dans la boule. Un inſtant après elle remonte, parce que la chaleur, s’étant communiquée, de la boule à la liqueur qui y eſt contenue, celle-ci eſt raréfiée & augmente de volume ; c’eſt le contraire dans le ſecond cas. Dans un bain d’eau chaude les ſolides de notre corps ſont raréfiés ; le diamètre des vaiſſeaux eſt augmenté ; enſuite les liqueurs qui y ſont contenues augmentent de volume. Les effets de cette raréfaction des liqueurs ſont la fluidité & la mobilité, parce que leurs parties intégrantes ſont plus écartées les unes des autres par l’interpoſition des molécules ignées. Ainſi l’effet de la chaleur de l’eau des bains eſt le relâchement des ſolides & la raréfaction des fluides.

Les pores du corps étant alors dilatés, l’eau du bain ſoumiſe aux preſſions dont on a parlé plus haut, pénètre avec plus de facilité les pores abſorbans. D’un autre côté, la chaleur du bain détermine une dérivation des humeurs à la ſurface, & leur prépare une iſſue libre & facile par la voie des ſueurs. La raréfaction du ſang & le relâchement de la peau ne ceſſent pas à la ſortie du bain chaud : ces deux cauſes de la ſueur ſubſiſtent & ſoutiennent encore pendant quelques heures une tranſpiration abondante.

Le froid de l’eau produit des effets oppoſés aux précédens ; il en réſulte la diminution du calibre des pores cutanés de toute eſpèce ; le reſſerrement des fibres, la condenſation des liqueurs ; l’écoulement de l’inſenſible tranſpiration ſe trouve ſuſpendu tout à coup, ou plutôt diminué ainſi que la circulation dans les artérioles ſanguines & lymphatiques de la ſurface ; tandis que par une contraction ſubite & forcée, les veines, qui par-tout les accompagnent, ſe dégorgent dans les trous plus conſidérables, avec leſquels elles s’abouchent. Les fluides coulant où ils trouvent moins de réſiſtance, ſe portent auſſi vers la tête, dans laquelle on ſent un appeſantiſſement dont on ne ſe préſerve qu’en la plongeant la première, & pluſieurs fois dans l’eau froide. Le reſſerrement des ſolides, occaſionné par le froid du bain, ne ſe fait qu’à la ſurface. Le pouls paroît être rallenti dans cette circonſtance. La tranſpiration pulmonaire eſt augmentée, ainſi que la ſécrétion de la ſalive, & notamment celle des urines. Du reſſerrement ſoudain des fibres réſulte une ſenſation déſagréable & preſque douloureuſe de ſaiſiſſement univerſel ; 2o une augmentation de reſſort & de ton dans toutes les parties.

L’action tonique & fortifiante du bain froid dépend de trois conditions, l’immerſion subite, la durée de l’application de l’eau froide, & le degré de froid relativement à l’état actuel de la peau. Car le ſaiſiſſement eſt moindre pour ceux qui ne se plongent que ſucceſſivement, & pour ainſi dire en détail ; d’un autre côté ſi l’immerſion n’eſt que momentanée, l’effet ne ſera pas notable. Enfin, plus il y a de chaleur à la peau, plus l’eau paroît froide & capable de produire le ſaiſiſſement. C’eſt par cette raiſon que l’eau d’une rivière paroît beaucoup plus douce à ceux qui ſe baignent à la rivière vers les deux heures du matin qu’à ceux qui choiſiſſent l’ardeur de l’après-midi. Dans le fait, la chaleur de la riviere baiſſe la nuit ; mais comme celle de l’atmoſphère diminue beaucoup plus, l’air que nous reſpirons & qui nous environne, ſe trouve plus frais, la peau moins chaude & moins ſuſceptible de ſaiſiſſement, parce qu’il y a moins de diſtance de ſon degré de chaleur à celui de la rivière qu’il y en avoit dans le jour.

On peut adminiſtrer le bain froid d’une autre manière, en affoibliſſant lentement la chaleur par l’addition de l’eau froide ; elle peut être préférable quand on a moins en vue de relever le ton des ſolides, que de calmer la raréfaction des fluides : ce n’eſt pas que ce bain ne ſoit tonique & fortifiant, mais il l’eſt moins que l’immerſion ſubite dans l’eau froide.

L’effet des bains partiaux ſe meſure ſur l’action du bain univerſel, & s’explique par les mêmes principes ; les bains partiaux ſont ceux dans leſquels l’eau n’eſt appliquée qu’à une partie du corps. Tels ſont les pédiluves ou bains de pieds, ceux de jambes, des mains & des avant-bras ; le demi-cuvier, ou bain de fauteuil, dans lequel le corps n’eſt plongé que depuis le jarret juſqu’aux reins, les jambes hors du bain ; & le demi-bain complet, dans lequel la moitié du corps eſt entièrement en immerſion juſqu’aux lombes. C’eſt improprement