ſes vêtemens. Au milieu de l’édifice, un jet d’eau qui jaillit d’un baſſin recrée agréablement la vue. Quand on eſt déſhabillé, on ſe ceint les reins d’une ſerviette, on prend des ſandales, & l’on entre dans une allée étroite où la chaleur commence à ſe faire ſentir. La porte ſe referme, à vingt pas on en ouvre une ſeconde, & l’on ſuit une allée qui forme un angle droit avec la première. La chaleur augmente : ceux qui craignent de s’expoſer ſubitement à une plus forte doſe, s’arrêtent dans une salle de marbre qui précède le bain proprement dit. Ce bain eſt un appartement ſpacieux & voûté ; il eſt pavé & revêtu de marbre. Quatre cabinets l’environnent. La vapeur ſans ceſſe renaiſſante d’une fontaine & d’un baſſin d’eau chaude, s’y mêle aux parfums qu’on brûle. Les perſonnes qui prennent le bain ne ſont point empriſonnées, comme en France, dans une eſpèce de cuvier, où l’on n’eſt jamais bien à ſon aiſe : couchées ſur un drap étendu, la tête appuyée ſur un petit couſſin, elles prennent librement toutes les poſtures qui leur conviennent. Cependant un nuage de vapeurs odorantes les enveloppe & pénètre dans tous les pores.
Lorſque l’on a repoſé quelque temps, qu’une douce moiteur s’eſt répandue dans tout le corps, un ſerviteur vient, vous preſſe mollement, vous retourne ; & quand les membres ſont devenus ſouples & flexibles, il fait craquer les jointures ſans effort, il maſſe & ſemble pétrir la chair ſans que l’on éprouve la plus légère douleur. Cette opération finie, il s’arme d’un gant d’étoffe & frotte long-temps ; pendant ce travail, il détache du corps du patient tout en nage, des eſpèces d’écailles, & enlève juſqu’aux ſaletés imperceptibles qui bouchent les pores. Le cabinet où l’on a été conduit offre un baſſin avec deux robinets, l’un pour l’eau froide, l’autre pour l’eau chaude : on s’y lave, enſuite on s’enveloppe de linges chauds, & l’on ſuit le guide à travers ſes détours qui conduiſent à l’appartement extérieur. Ce paſſage inſenſible du chaud au froid empêche qu’on ne ſoit incommodé. (Les perſonnes délicates s’arrêtent quelque temps dans la ſalle voiſine de l’étuve, afin de n’être pas incommodées en paroiſſant à l’air extérieur. Comme les pores ſont extrêmement ouverts, on ſe tient chaudement tout le jour, & si c’eſt l’hiver on garde la maiſon). Arrivé ſur l’eſtrade on trouve un lit préparé : à peine y eſt-on couché, qu’un enfant vient preſſer de ſes doigts délicats toutes les parties du corps afin de les ſécher parfaitement, & on change une ſeconde fois de linge.
Sorti d’une étuve où l’on doit être environné d’un brouillard chaud & humide, & où la ſueur ruiſſeloit de tous les membres, tranſporté dans un appartement ſpacieux & ouvert à l’air extérieur, la poitrine ſe dilate & on reſpire avec volupté. Parfaitement maſſé & comme régénérés, on ſent un bien-aiſe univerſel ; le ſang circule avec facilité, & l’on ſe trouve dégagé d’un poids énorme ; on éprouve une ſoupleſſe, une légèreté juſqu’alors inconnues.
Tels ſont ces bains dont les anciens recommandoient ſi fort l’uſage, & dont les égyptiens font encore leurs délices ; c’eſt-là qu’ils préviennent ou font diſparoître les rhumatiſmes, les catarres & les maladies de la peau qui ont pour principe le défaut de tranſpiration. C’eſt-là qu’ils guériſſent radicalement ce mal funeſte qui attaque les ſources de la génération, & dont le remède est ſi dangereux en Europe. Lettres ſur l’Égypte, par Savari.
Les bains de vapeurs, dit M. Marteau, ſe pratiquent de deux manières ; ou en retenant le malade nud dans une chambre remplie de vapeurs, ou en renfermant le malade dans une eſpèce d’étuve ou de cage, hors laquelle la tête eſt garantie des vapeurs qui ſont concentrées dans l’intérieure de l’étuve, ſoit en y renfermant l’eau qui s’évapore, ſoit en la dirigeant ſpécialement ſur quelque partie, à la faveur d’un tuyau de communication qui la porte d’un vaſe clos dans l’intérieur de la cage où elle doit ſe répandre.
On peut dans le premier cas ſoutenir la vapeur de l’eau bouillante qui, comme on ſait, eſt dilatée juſqu’à occuper quatorze mille fois ſon volume. Ses parties intégrantes, réduites à une très-grande ténuité, s’appliquent à la ſurface de la peau, l’humectent, la ramolliſſent, trouvent la plus grande aiſance à s’y inſinuer. Par leur douce chaleur elles raréfient les fluides, relâchent agréablement la faculté ſenſitive, diminuent la ſéchereſſe & la réſiſtance des fibres. D’un autre côté, ces vapeurs inſpirées par la trachée-artère, loin de rafraîchir le ſang dans les poumons, le dilatent & le gonflent. La force de la circulation eſt augmentée ; les fluides ſont pouſſés avec vigueur juſqu’aux dernières diviſions des vaiſſeaux cutanés, dont les diamètres élargis s’oppoſent moins à l’affluence des humeurs. Le corps en peu de temps eſt couvert d’une ſueur abondante.
Dans le ſecond cas, le ſang des poumons eſt moins raréfié, parce que la vapeur concentrée toute à l’intérieur de l’étuve, ne porte pas l’impreſſion de la chaleur humide immédiatement ſur ce viſcère, mais elle agit d’autant plus puiſſamment à la ſurface du corps. Plus elle eſt concentrée, plus elle y déploie ſon activité pour produire les effets qui lui ſont propres. Dans le troiſième cas, le bain de vapeurs produira tous ſes effets ordinaires, mais avec cette circonſtance particulière que la vapeur dirigée ſpécialement ſur une partie, avant de ſe répandre dans toute la capacité de l’étuve, fera ſur cette partie l’office d’une douche aérienne très-élaſtique, lancera des molécules dont la chaleur raréfiera puiſ-