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BAL
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fut ſuivi d’un bourdonnement aux oreilles : le thermomètre étoit reſté au-deſſus de zéro. Comme il ne reſtoit plus que la huitième partie ou environ des combuſtibles, nous diminuâmes notre feu, & nous remarquâmes poſitivement que nous retrouvions à la deſcente les mêmes courans d’air que nous avions rencontré pendant notre aſcenſion. Une autre obſervation non moins importante, c’eſt que lorſque nous paſſions d’une couche d’air dans une autre, la machine ſubiſſoit un mouvement marqué d’ondulation, & ne reprenoit ſon parfait équilibre qu’après qu’elle étoit totalement entrée dans la couche nouvelle. S’appercevant enſuite qu’ils planoient au-deſſus d’un bois de la paroiſſe de Saint-Dizier au mont d’or, ils réuſſirent à l’éviter en augmentant le feu ; car ayant encore prolongé leur navigation aérienne, ils deſcendirent en revenant au ſud vers les ſept heures vingt-cinq minutes dans une plaine au milieu d’un champ de bled ayant parcouru en tout horiſontalement un eſpace de plus de deux lieues, malgré le calme de l’atmoſphère. La deſcente s’opéra doucement ; mais à l’inſtant où l’aéroſtat communiqua avec la terre, il éclata au pôle avec un bruit aſſez fort, & les toiles retombèrent. L’aſcenſion fut de 2 104 toiſes, comme il réſulte des opérations faites par trois obſervateurs placés sur des baſes convenues.

Des raiſons d’économie, pour profiter d’un aéroſtat fait auparavant, déterminèrent à ſuivre dans l’exécution les proportions ſuivantes.

Calotte ſphérique dont la flêcheesp20 piedsesp0 pouc.

Cylindre dont la hauteura flêche es18 piedsesp2

Cône tronqué dont la hauteurespm32 piedsesp0

Cône tronqué dont la hauteurespac____________

Diamètre verticalela hauteurespac70 piedsespm2
Vingt-ſept fuſeaux, ayant à leur baſe 7 pieds donnoient 189 pieds pour la plus grande circonférence, & conſéquemment 60 pieds pour le diamètre horiſontal. La petite ouverture du cône étoit par en bas de 16 pieds de diamètre. 27 cordes, dont 13 en formoient 26, parce qu’elles paſſoient au pôle de la Montgolfière pour en deſcendre le long des fuſeaux diamétralement oppoſés, étoient couſues à la calotte qui avoit 14 pieds de rayon, & que terminoit une circonférence en ſangles arrêtées ſeulement au point de réunion des fuſeaux. À partir delà, les cordes couroient librement dans des gances également eſpacées juſqu’à la grande baſe du cône, & tomboient enſuite abſolument errantes, pour n’être attachées au cercle de l’orifice qu’après l’entier développement de l’aéroſtat. Il y avoit de plus 4 cordes en patte d’oie, qui, par conſéquent en faiſoient 12, fortement couſues à une troiſième circonférence de ſangles, qui réuniſſoit le cône au cylindre ; leur fonction étoit, pendant comme après le changement, de contenir la machine, & de s’oppoſer aux ondulations que le vent pourroit occaſionner.

Voici les réſultats de quelques calculs relatifs à la conſtruction de cet aéroſtat.
Surface. Pieds.
De la calotte ſphérique 
4 085
Du cylindre 
3 433
Du cône tronqué 
4 581
mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm 
________
     Total m12 099
Solidité. Pieds.
De la calotte 
32 430
Du cylindre 
51 505
Du cône 
38 351
mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm 
________
     Total m122 316

En ſuppoſant 1o. que le pied cube d’air pèſe 35 deniers, réſultat qui varie ſelon l’état de l’atmoſphère ; 2o. que l’air raréfié pèſe la moitié moins que l’air ambiant, il eſt évident, dit M. de Laurençin, que notre Montgolfiere auroit pu porter au moins 55 quintaux, y compris ſon propre poids ; mais convaincu qu’un feu capable de lui procurer la force aſcenſionnelle qu’une pareille charge auroit exigé, eût été dangereux à faire, impoſſible à continuer, on ne paſſa pas 30 quintaux.

Au lieu de ſtrade, on creuſa en terre un trou où la galerie fut logée. Deux larges foſſés de 30 pieds de long, ouverts en face l’un de l’autre, dont la profondeur alloient en diminuant à meſure qu’on s’éloignoit du centre, ſervirent de ventouſes pour amener l’air extérieur. Des pieux inclinés, aſſujettis par le haut avec des planches, formoient, dans la longeur des foſſés, une galerie couverte qui donnant à l’air plus de paſſage, permettoit à ceux qu’appeloit le ſervice intérieur de l’aéroſtat, d’entrer & de ſortir librement.

Le cercle qu’on avoit couſu à l’orifice étoit diamétralement traverſé par des fils de fer, ſur leſquels repoſoit un réchaud, ou plutôt une poële en tôle, de forme ronde, avec un couvercle à charnière, qu’on ouvroit & qu’on fermoit à volonté. Il avoit deux pieds & demi de hauteur. Son diamètre à la baſe étoit de 2 pieds ; à la partie ſupérieure de 3 pieds 4 pouces, & il portoit à 18 pouces en deſcendant, une grille à mailles aſſez larges, pour ne pouvoir être obſtrué par les débris du feu ; par cette diſpoſition le réchaud étoit abſolument intérieur, il préſentoit à la flamme un pied & demi d’encaiſſement, &