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eſt pur, en ſupposant qu’il ne dépoſe point d’impureté, car l’étain allié avec le mercure le traverſe également. Il n’y a donc pas de meilleur moyen pour avoir du mercure bien pur que de le revivifier de cinabre. De plus, lorſqu’on veut comparer entre eux des baromètres pour des expériences très-exactes, il eſt néceſſaire de peſer le mercure de chacun dans une balance hydroſtatique, puiſque, comme nous venons de le dire, le mercure le plus pur eſt le plus peſant, & conſéquemment ſe ſoutient plus bas dans le baromètre.

Voici la manière de revivifier le mercure de cinabre. Prenez une livre de cinabre, mettez-le en poudre ; mêlez-y bien exactement cinq ou ſix onces de limaille de fer bien pure : mettez enſuite ce mélange dans une cornue de grés que vous placerez dans un fourneau de réverbère, lui donnant pour récipient un pot de terre à moitié plein d’eau. Échauffez d’abord très-lentement, de peur de caſſer les vaiſſeaux, puis pouſſez le feu juſqu’à rougir le fond de la cornue : obſervez que le fer & le ſoufre ſe gonflent extraordinairement, lorſqu’ils ſe combinent enſemble : vous trouverez dans l’eau quatorze onces de mercure coulant. Il y a auſſi une portion de mercure qui reſte très-diviſée, & qui s’arrête à la ſurface de l’eau à cauſe de la fineſſe de ſes parties, ſous la forme d’une poudre noirâtre, qu’il faut ramaſſer exactement pour la mêler avec le mercure en maſſe, avec lequel elle s’incorpore aiſément. Paſſez le tout à travers un linge fort ſerré, & encore mieux par une peau de chamois, & vous aurez du mercure très-pur, revivifié de cinabre. Ce mercure pur coutant environ près de deux tiers de plus que le mercure du commerce, toujours allié avec de l’étain, il eſt bien évident que les baromètres communs ne ſont pas faits avec du mercure pur, puiſque le prix de ces derniers est très-bas.

8o. Avant que d’introduire le mercure dans le tube du baromètre, il faut le faire chauffer pour chaſſer toute l’humidité qu’il pourroit avoir, & même on peut le faire bouillir.

9o. On doit auſſi faire bouillir le mercure dans le tube, afin d’en expulſer tout l’air. Sans cette précaution l’air interpoſé entre les différentes parties du mercure, ou entre les molécules du mercure, & les parois intérieures du tube monteroit bientôt au haut du tube, & raſſemblé là, en plus ou moins grande quantité, il s’opposerait, par ſon expanſion, à l’élévation de la colonne du mercure, & cet effet ſeroit encore plus grand lorſque la chaleur augmenteroit dans l’atmoſphère. Nous obſerverons ici que la plus grande partie de l’air qui ſort d’un baromètre qu’on purge d’air par le feu, vient de l’air qui ſe détache des parois internes du tube, & que une fois détaché du tube, & le mercure y ayant ſéjourné quelque temps, on peut vuider le tube, remettre du mercure non bouilli, ſans que l’air s’attache au verre, un des bouts étant ſcellé.

Voici le moyen qu’on doit employer pour faire bouillir le mercure. On verſe du mercure dans le tube pour en remplir environ la longueur de trois ou quatre pouces, on y inſère dedans un fil de fer aſſez long pour pouvoir le remuer aiſément ; il ſert à faciliter l’expulſion de l’air. On préſente enſuite au-deſſus d’un réchaud rempli de charbons allumés, la partie du tube qui eſt pleine de mercure & qu’on a ſoin d’incliner, car ſi le tube étoit horiſontal, le mercure tomberoit : on approche ſucceſſivement & avec précaution cette portion du tube du feu, afin de l’échauffer graduellement, & qu’il ne ſe caſſe pas. À meſure que le mercure bout, on fait mouvoir le fil de fer en le faiſant monter & deſcendre, afin de faciliter aux bulles d’air le moyen de s’échapper. Après que cette première portion de mercure a suffiſamment bouilli, on retire le tube du feu pour le laiſſer refroidir, & y verſer après une ſeconde portion de mercure, ſans cette précaution le contact d’un corps froid feroit caſſer le tube qui ſeroit chaud. On approche enſuite du réchaud la nouvelle portion du tube dans laquelle on a introduit du mercure, on la fait bouillir comme la première, & on a ſoin de retirer un peu le fil de fer, de ſorte que ſon extrémité inférieure n’aboutiſſe qu’à la nouvelle portion de mercure qu’on veut purger d’air. On répète après cette opération pour la troiſième portion du tube & pour les ſuivantes, juſqu’à ce que le tube ſoit plein, à un pouce & demi ou deux pouces près qu’on achève de remplir en y verſant du bon mercure. On peut encore ne mettre dans toute l’étendue du tube que du mercure bouilli, en ayant un tube plus long de trois ou quatre pouces qu’il ne le faut, & coupant enſuite cette portion qui devient inutile après l’ébulition.

Cette opération étant faite, pour plonger le tube plein de mercure dans la cuvette qui contient du mercure ſtagnant, & empêcher qu’aucune bulle d’air ne rentre dans le tube, on peut employer un des deux procédés ſuivans. Si l’ouverture de la cuvette eſt fort large, on ferme avec le bout du doigt l’extrémité inférieure du tube, on redreſſe ce tube & on le plonge dans le mercure de la cuvette ; enſuite on ôte le doigt, & la colonne de mercure qui eſt dans le tube, après s’être écoulée en partie dans la cuvette, reſte ſuſpendue à la hauteur qu’exige la peſanteur actuelle de l’atmoſphère, comme dans l’expérience du tube de Toricelli. Si l’ouverture de la cuvette eſt étroite, & ne permet pas la manipulation dont on vient de parler, on bouche l’orifice inférieur du tube du baromètre avec un morceau de ruban replié ſur les deux côtés du tube, de ſorte que la colonne de mercure, contenue dans le tube, ne puiſſe deſcendre