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AIG
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AIGU, épithète qu’on donne à une pointe fine & déliée : ainſi on dira, v g, au bout d’une pointe très-aiguë, l’aigrette électrique n’eſt pas auſſi belle que lorſque la pointe eſt moins aiguë ou plus obtuſe, &c, On dit encore d’un tranchant qu’il eſt aigu ; c’eſt le contraire d’obtus.

AIGU, en muſique, ſignifie un ſon ou un ton perçant & élevé, par rapport à un autre ton qu’on prend pour terme de comparaiſon. Un ton aigu eſt l’oppoſé d’un ton grave.

AIGUE-MARINE ou BERIL. C’eſt une pierre précieuſe à laquelle on a donné ce nom, à cauſe de la reſſemblance de ſa couleur avec celle de la mer, qui eſt d’un vert-bleu, appelé vert de mer. On diviſe les aigues-marines, comme toutes les pierres précieuſes, en orientales & occidentales ; les premières ſont toujours plus dures, plus colorées & ſuſceptibles d’un plus beau poli que les ſecondes ; & dans les unes & les autres, il y a différens degrés de dureté, & diverſes nuances de couleurs ; mais en général, c’eſt la moins dure & la moins chère de toutes les pierres précieuſes. Voyez PIERRE PRÉCIEUSE.

Les aigues-marines ont une cryſtalliſation qui leur eſt propre ; il ne faut pas un feu bien violent pour les fondre ; mais la fuſion leur fait perdre leur couleur, qui dépend de ſubſtances métalliques ; car on imite très-bien l’aigue-marine, en mettant dans du cryſtal en fuſion, de la poudre de cuivre calcinée trois fois par le ſoufre.

La peſanteur de l’aigue-marine eſt à celle de l’eau diſtillée, comme 27 229 eſt à 10 000. M. Briſſon, pour la déterminer, s’eſt ſervi d’une aigue-marine, d’un vert-céladon, du cabinet d’hiſtoire naturelle du roi, qui pèſe 67 de grains. Un pouce cube de cette pierre, péſeroit donc, ſelon cette détermination, 1 once 6 gros 8 grains ; & un pied cube péſeroit 190 l. 9 onces 13 grains.

AIGUILLE AIMANTÉE. C’eſt une lame d’acier, trempée, longue & mince, mobile ſur un pivot par ſon centre de gravité, & qui a reçu d’un aimant les propriétés magnétiques principalement celle de diriger ſes deux extrémités vers les pôles du monde. On diſtingue pluſieurs eſpèces d’aiguilles aimantées ; mais, avant de les décrire, il eſt à propos d’expoſer les qualités que doit avoir une aiguille aimantée en général. On peut réduire à cinq chefs principaux les conditions qui conſtituent une bonne aiguille aimantée ; elles ſont relatives à ſa matière, à ſa figure, à la trempe, à la ſuſpenſion & à ſon magnétiſme.

1o. La matière d’une aiguille aimantée doit être néceſſairement de fer ou d’acier ; le fer reçoit plus facilement la vertu magnétique que l’acier ; mais auſſi il la conſerve plus difficilement. Une aiguille de bouſſole étant deſtinée ſur-tout à diriger les navigateurs au milieu de l’océan, il eſt indiſpenſable que ſa propriété directive ſoit la plus conſtante poſſible, qu’elle ne ſe détruiſe ni ne diminue notablement. Une aiguille d’acier, non-ſeulement conſerve mieux la vertu magnétique, mais encore elle en reçoit une plus forte doſe, & ſon intenſité eſt toujours conſidérablement plus grande : cette intenſité eſt peut-être une des cauſes de la durée du magnétiſme de l’acier.

L’acier doit être d’une bonne qualité, d’un grain bien fin, homogène & de la plus grande denſité, conſéquemment le plus raffiné. L’expérience a prouvé qu’une aiguille faite d’un bon acier, reçoit une plus forte doſe de magnétiſme, & la conſerve mieux que celle qui eſt fabriquée d’un acier de qualité inférieure. De cette condition il réſulte que l’aiguille pourra être plus légère, ſans être plus flexible.

En forgeant l’acier qui doit ſervir à former une aiguille, on doit avoir l’attention de l’alonger ſeulement, ſans le doubler, ni le plier, ni le tordre en aucune manière, dans quelque ſens que ce ſoit : on doit rejeter les lames dans leſquelles on remarqueroit des pailles, gerçures ou crevaſſes.


2o. La figure des aiguilles a ſubi bien des variations ; il ſuffit de connoître les principales. La plus ſimple eſt celle d’un rhomboïde fort alongé, comme on le voit dans la fig. 357. On peut leur donner celle d’un parallélogramme beaucoup plus long que large, dont les bouts ſe terminent par un angle obtus fort court, fig. 358, ou par un angle aigu, fig. 339. Quelquefois elles ont la figure d’un fer de flèche, fig. 337 ; & on fait enſorte que la pointe ſe tourne du côté du nord. Il y a des artiſtes qui gravent les lettres N & S, ſur les extrémités qui doivent ſe tourner au nord ou au ſud, lorſqu’elles ſont ſemblables ; d’autres font revenir au bleu celle qui eſt deſtinée à ſe diriger vers le nord.

Muſſchenbroeck en a fait exécuter dans la forme repréſentée dans les fig. 359 & 360. Cette aiguille eſt de même largeur dans toute ſa longueur, avec cette différence ſeulement qu’elle eſt un peu plus large vers ſon milieu MN, afin qu’on puiſſe percer à cet endroit un large trou CD : les deux extrémités A & B (fig. 359.) ſont un peu arrondies ; elle eſt vue dans cette figure ſur ſon pivot, & on l’apperçoit en deſſous dans la fig. 360.

On fera connoître quelques autres formes d’aiguilles, en parlant des Aiguilles de déclinaison, des Aiguilles d’inclinaison, des Aiguilles de variations, des Boussoles, &c. Voyez ces mots auxquels nous renvoyons pour éviter les répétitions. Nous dirons ſeulement ici, que Muſchenbroek a avancé, d’après pluſieurs expériences, qu’il étoit plus à propos de donner une plus grande largeur aux extrémités des aiguilles, de telle ſorte qu’elles allaſſent en s’élargiſſant, depuis le milieu